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Critique Sugarland : un documentaire choc mais facile à digérer

Souvenez vous, c’était en 2004 : pour dénoncer les effets désastreux de la junk-food sur la santé, un américain décide de se nourrir pendant un mois durant, exclusivement dans des restaurants de la chaîne McDonald’s, à raison de 3 repas par jour.

En résulte un documentaire édifiant, Super Size Me, diffusé dans plus de trente pays et gros succès critique et public (29,5 millions de dollars de recettes et une nomination aux Oscars).

L’écho du film est tel que le géant du fast food opérera quelques temps après la sortie du film un virage marketing pour (r)établir une image positive et « healthy » de l’enseigne. Pas mal pour un coup d’essai !

Critique Sugarland : un documentaire choc mais facile à digérer

10 ans plus tard, Damon Gameau, réalisateur et acteur australien aura certainement eu cette référence en tête lorsqu’il décide en 2014 de se faire son propre cobaye pour une expérience un brin similaire.

Le sujet de son enquête : le sucre !

Habitué à une alimentation saine et équilibré, Gameau se lance le défi improbable de consommer quotidiennement pendant 60 jours l’équivalent de 40 cuillères à café de sucre et de filmer les effets physiques (et psychiques ! ) sur sa personne.

40 cuillères à café de sucre par jour ! Le nombre peut sembler aussi énorme qu’improbable mais il s’agit en réalité de la consommation moyenne et journalière de sucre d’un citoyen australien (oui, oui, vous avez bien lu).

Afin de conserver un certain suspense sur les résultats de son enquête, le réalisateur/acteur décide également d’ajouter une contrainte plus qu’intéressante : ne consommer uniquement QUE des produits vendus comme « sains » et »light » dans le commerce (jus de fruits, yaourt allégé aromatisé, etc.).

Le principe établi, le voyage au pays du sucre peut alors commencer…

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Ton décalé pour résultat accablant !

Ce qui frappe tout d’abord, c’est l’esprit fun et ludique qui émane de l’ensemble du projet. Si la première moitié du film n’évite pas le passage obligé des séquences informatives (histoire du sucre, données scientifiques, etc.), le réalisateur fait le choix de mettre en scène ces séquences en faisant appel à des invités de marques (Hugh Jackman, Stephen Fry) pour délivrer le message de la manière la plus vulgarisée possible.

Le même procédé a été utilisé dans The Big Short pour expliquer les mécanismes financiers de la Bourse. On retrouve presque par moment le plaisir enfantin d’apprendre devant un épisode de C’est pas sorcier.

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Même pédagogie pour les séquences relatant l’expérience de Gameau : pour prouver que la plupart des gens consomment du sucre en excès sans s’en rendre compte, il décide de remplacer pendant une journée entière, la quantité de sucre raffiné contenu dans les produits qu’il mange (sauce, barre céréales, thé glacé, etc.) par la même quantité de sucre blanc.

Pas très subtil (et assez écœurant à regarder) mais très efficace !

L’expérience interdite

Si l’on peut craindre dans un premier temps une redondance un peu lourde dans l’enchaînement des journées relatant son régime alimentaires, Gameau parvient à surprendre son auditoire en faisant avancer son récit à l’image d’une enquête policière.
En parallèle de son expérience, l’australien décide donc de prendre la route pour interroger des communautés ravagées par la consommation excessive de sucre.

L’une des scènes les plus marquantes voit Gammeau interroger un jeune homme américain de 17 ans qui doit subir une opération d’arrachage de 26 dents complètement pourries par le sucre. L’adolescent consomme quotidiennement depuis sa plus tendre enfance un soda à base de sucre et de caféine.

Le ton ludique laisse alors place à un sentiment de malaise : « A quel âge as tu commencé à consommer cette boisson ? » « J’avais 3 ans et demi, ma mère en mettait dans mon biberon et aujourd’hui, je consomme 5 à 6 bouteilles par jour ».
On croirait assister à l’interview d’un cocaïnomane. Là encore, l’analogie manque de finesse mais le parallèle avec la drogue dure est difficile à contredire.

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Un documentaire qui rate son sujet ?

Dans ces moments, Sugarland prend une dimension bien plus importante que le docu cool et décontracté, faisant un pied de nez aux méchants industriels. Il se pose alors comme une réflexion nécessaire sur nos habitudes de consommation modernes.
Le point culminant de cette réflexion a lieu lors d’une scène surréaliste où le réalisateur interroge un scientifique peu convaincu par les effets nocifs du sucre raffiné mais dont les recherches sont financées par… Coca-Cola.

Hélas, Gammeau ne poursuit pas dans cette voie et élude presque totalement l’aspect politique de son sujet. Le film effleure la question des lobbys et l’intérêt que peuvent avoir les gouvernements à continuer de promouvoir une image »saine » et non dangereuse des produits contenant du sucre raffiné.
C’est dommage, tant le film lance des pistes passionnantes à ce sujet.

Reste alors un documentaire éminemment sympathique avec de belles idées de mise en scènes (parfois un peu trop illustratives) et dont le message ne pourra être que salué par ceux qui veulent l’entendre.

Le film vous laissera même son empreinte insidieusement lorsque vous réfléchirez à deux fois (comme l’auteur de ses lignes) avant d’acheter une barre chocolatée dans un supermarché. Ce qui est un bon début…

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Note de la rédac 4
  • L'avis d'Antoine Rousseau

    Un documentaire fun et tout public au sujet passionnant qui a le mérite de poser les bases d'une réflexion nécessaire sur les habitudes de consommation occidentales du 21ème siècle.

    Dommage que le réalisateur élude la plupart des enjeux politiques sous-jacents qui auraient certainement apporter du poids à son propos.

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Sugarland

  • 24 janvier 2018 (1h30)
  • De Damon Gameau
  • Avec A.L. Camp, Harrison Zanuck, Ted Grossman, Steve Kanaly, Roger Ernest, Michael Sacks, Merrill Connally, Louise Latham, Kyan Khojandi, Kenneth Crone

Antoine Rousseau

Webmaster, et diplômé d'un Master en Communication interculturelle. Passionné par le cinéma, les nouvelles technologies et l'économie collaborative. Geek à ses heures perdues!