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Coronavirus : la chloroquine, le remède "miracle" contre le Covid-19 ne fait pas l'unanimité

Alors que les scientifiques du monde entier tentent d’endiguer la pandémie de Coronavirus, virus émergent et donc encore sans traitement dédié, une molécule annoncée comme prometteuse vient de refaire surface. Son nom : la chloroquine. Déjà testée en France (et même déjà prescrite) celle qu’on annonçait comme LE remède contre le Covid-19 ne fait pourtant pas l’unanimité. Alors, molécule miracle ou faux espoir ?

La chloroquine en quelques mots

Coronavirus : la chloroquine, le remède « miracle » contre le Covid-19 ne fait pas l’unanimité

Commençons par le commencement : qu’est-ce que la chloroquine ? La chloroquine est à l’origine utilisée comme traitement contre le paludisme. Le nom englobe à la fois la chloroquine (le médicament Nivaquin vous dira peut-être quelque chose) et l’hydroxychloroquine (connue sous le médicament de Plaquenil). La plupart du temps, c’est ce dernier dérivé chimique qui est prescrit.

Et la grande question que vous vous posez maintenant : qui a eu l’idée de l’utiliser ?

Une étude chinoise qui fait débat

Coronavirus : la chloroquine, le remède « miracle » contre le Covid-19 ne fait pas l’unanimité #2

On entre ici dans le cœur du débat. L’utilisation de la chloroquine dans un traitement contre le Covid-19 a d’abord été évoquée dans une étude chinoise publiée le 19 février dernier dans BioScience Trends. Brève mais sans équivoque, l’étude affirmait que :

Les capacités antivirales et anti-inflammatoires de la chloroquine pourraient jouer dans son efficacité potentielle à traiter des patients atteints de pneumonies provoquées par le Covid-19

Les résultats obtenus jusqu’à présent sur plus de 100 patients ont démontré que le phosphate de chloroquine était plus efficace que le traitement reçu par le groupe comparatif pour contenir l’évolution de la pneumonie, pour améliorer l’état des poumons, pour que le patient redevienne négatif au virus et pour raccourcir la durée de la maladie

En France, la chloroquine a trouvé un écho particulier auprès des chercheurs, comme Didier Raoult, infectiologue, grand professeur de microbiologie et directeur de l’Institut Méditerranée Infection à Marseille.

Une étude récemment publiée par l’Institut va dans le sens de l’étude chinoise en expliquant dans un communiqué que :

Le traitement par l’hydroxychloroquine est significativement associé à une réduction/disparition de la charge virale chez les patients COVID-19 et son effet est renforcé par l’azithromycine (antibiotique contre la pneumonie bactérienne)

Le communiqué détaille le traitement administré à 24 malades :

Le traitement actuellement donné par l’Institut Méditerranée Infection est une association « d’hydroxychloroquine (200 mg x 3 par jour pour 10 jours) + Azithromycine (500 mg le 1er jour puis 250 mg par jour pour 5 jours de plus)

Seulement 25 % d’entre eux étaient encore porteurs du virus au bout de six jours.

Si les résultats des deux études sont bons, pourquoi son usage contre le Covid-19 fait-il autant débat dans la communauté scientifique ?

Pour citer Ghandi :

L’erreur ne devient pas vérité parce qu’elle se propage et se multiplie ; la vérité ne devient pas erreur parce que nul ne la voit

Des tests bâclés ?

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Il y a tout d’abord le petit nombre de malades testés qui fait débat. Ensuite l’absence de patient placebo, étape cruciale pour réaliser une étude sur les médicaments et leur efficacité réelle.

Certains scientifiques comme Bruno Lina, membre du comité scientifique qui doit à présent gérer la crise du coronavirus, critiquent une course au remède :

Je sais qu’on est dans l’urgence, on a envie d’avoir des réponses très rapides, mais quand il s’agit de la santé on a besoin de prendre le temps de faire bien comme il faut

C’est important de comprendre que quand on veut évaluer un médicament il faut que ce soit fait dans un cadre avec un suivi des patients, et que l’on pèse bien à chaque fois le bénéfice et le risque de l’utilisation de ce médicament. Aujourd’hui malheureusement, la somme des données disponibles dans la littérature ne permet pas de trancher pour savoir si scientifiquement, cette molécule est efficace ou pas

Olivier Schwartz, responsable de l’unité Virus et Immunité à l’Institut Pasteur, précise quant à lui :

[la chloroquine] n’est pas une molécule antivirale stricto sensu, elle n’agit pas sur le virus, elle agit sur la cellule ou sur l’organisme selon des mécanismes qu’on ne comprend pas très bien

Précisons aussi que la molécule présente des effets secondaires dangereux comme des « incidences cardiologiques » et nécessite donc un « bilan initial avant d’engager le traitement » précise le médecin et consultant Santé de BFMTV Alain Ducardonnet.

Certains médecins prescrivent déjà la chloroquine contre le Covid-19, se basant uniquement sur les résultats du professeur Raoult…

Un manque de nuance

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« Coronavirus : fin de partie ! » pouvait-on lire sur sur le titre d’une vidéo postée par le professeur Didier Raoult. Car oui, en plus d’être très présent dans les médias, il est aussi très actif sur la plateforme de vidéos où il présente ses travaux (pas toujours relus par ses confrères).

On ne juge pas attention ! Mais peut-on considérer que la prudence, la rigueur et la patience ont fait défaut au sein de l’IUH Méditerranée Infection de Marseille ? Les « sceptiques » reviennent aussi souvent sur le simple fait que l’autorité n’est pas un argument en soi.

Un être humain même bardé de diplômes, qui s’illustre avec de nombreuses publications, n’en demeure pas moins un simple être humain sujet aux erreurs. Et dans un tel contexte de crise sanitaire, et avec les courbes de contamination actuelles, comment ne pas faire d’erreurs ?

Et comment ne pas parler des règles de l’art scientifique trop souvent bafouées ? De cette ambition qui peut pousser un chercheur à faire parler de lui, « à se faire un nom », à grand renfort de recherches innovantes, tout ça pour trouver des financements qui font trop souvent défaut.

La nuance est primordiale, surtout quand il s’agit d’informer. Et dans tout cet emballement médiatique, n’oublions pas non plus le rôle majeur du journaliste scientifique parfois trop prompt à faire du sensationnel, toujours au nom de l’ambition. Et les données rigoureuses alors ?

En attendant les essais cliniques, mieux continuer à faire confiance à votre médecin. Les essais cliniques, parlons-en justement !

Essai clinique : qui sera concerné ?

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Ce ne sont pas moins de 3200 patients atteints par le Covid-19, répartis dans 7 pays européens (800 malades en France) qui bénéficieront très bientôt de traitements expérimentaux (sur la base du volontariat).

On parle ici de 4 traitements et de 5 molécules dont la chloroquine. A noter que cette dernière n’était pas initialement prévue mais que les expérimentations du professeur Didier Raoult ont été jugées « intéressantes » par le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon.

Pour ce qui est des résultats, l’Inserm explique que « l’analyse de l’efficacité et de la sécurité du traitement sera évaluée 15 jours (après le début de la prise des produits) ».

D’autres tests cliniques « à grande échelles » sont également prévus. Menés par l’OMS, ils se dérouleront notamment en France mais aussi en Afrique du Sud, en Argentine, au Canada ou encore en Thaïlande.

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Antho

Anthony est un rédacteur web passionné de cinéma et de high-tech.