Critique Sense8  : vivre 8 vies à la fois

  • Par William Marignan
  • Publié le 8 décembre 2015 à 11:19, modifié le 19 février 2018 à 11:19

Sortie en juin dernier, Sense8 est une série télévisée américaine de science fiction Netflix Original créée par Lana et Andy Wachowski (Matrix) et Joseph Michael Straczynski (Babylon 5).

Les douze premiers épisodes de la première saison tournent autour de huit personnages éparpillés aux 4 coins du monde et qui deviennent soudainement « connectés » malgré la distance sur les plans intellectuel, émotionnel et sensoriel. Les membres de ce cercle sont appelés des « sensitifs » et chaque individu est un « double ».

Sense 8 démarre en trombe par un suicide. Cet événement violent va donner littéralement naissance à un « cercle » de 8 personnes symbiotiques qui en partageront la violente vision.
Dès les premières minutes on est plongés directement dans un univers mystique et il vous faudra vous accrocher pour comprendre ce qui se passe.

Critique Sense8  : vivre 8 vies à la fois

Désormais liés, nos 8 doubles peuvent désormais se voir, se sentir, s’entendre et se parler comme s’ils étaient au même endroit, mais aussi d’accéder aux plus sombres secrets des uns et des autres. Ils partagent aussi les compétences et les émotions avec chacun des membres du cercle.

Seulement ce don fantastique va aussi leur apporter des problèmes : ils vont devoir fuir une organisation qui veut les capturer, les tuer ou faire d’eux des cobayes (on ne sait pas trop), et ils vont vite comprendre que le seul moyen de s’en sortir consistera à unir leurs forces pour prendre soin de chacun, comme une vraie famille.

L’union fait la force

Critique Sense8  : vivre 8 vies à la fois #2

Les 8 personnages de Sense8 sont complexes et uniques. Brillamment écrits et développés tout au long des 12 épisodes ils sont tous très différents :

  • Will est policier à Chicago
  • Riley est une DJ islandaise un peu grunge vivant à Londres
  • Nomi est une hackeuse transsexuelle vivant à San Francisco
  • Lito est acteur dans une telenovela mexicaine
  • Capheus est chauffeur de bus à Nairobi
  • Wolfgang perce des coffre-fort à Berlin
  • Sun est directrice financière à Séoul le jour et combattante de free fight la nuit
  • et Kala est pharmacienne à Bombay, et aussi sur le point de se marier

La notion d’identité est « repensée » une personne n’étant plus unique mais la somme de plusieurs personnes qui partagent littéralement un même esprit et 8 corps.
Un peu flippant non ?

Au fur et à mesure que l’histoire avance on se rend compte de l’intérêt qu’il y a à partager des compétences, puisqu’elles peuvent servir à chacun des personnages en fonction de leurs besoins immédiats.
Personne n’excelle dans tous les domaines, mais si vous mutualisez les compétences de 8 personnes vous aurez sinon un être parfait, un être « complet ».

Une superbe réalisation mais un démarrage laborieux

La série est remarquablement réalisée, quoi qu’un peu compliquée à suivre.
Le choix (est-ce un vrai choix ?) d’un rythme relativement lent au début est un peu dangereux et finalement ne peut fonctionner que sur Netflix, avec la possibilité de consommer la série en binge watching.
Cloud Atlas aurait d’ailleurs gagné à être diffusé sous cette forme …

Critique Sense8  : vivre 8 vies à la fois #3

Soyons Franc, les 4 premiers épisodes sont assez laborieux. C’est un peu mou et confus : le spectateur est plongé dans un univers régit par des règles que ni lui ni les protagonistes ne comprennent. Il y a du mystique, une sexualité « non standard » un peu trop présente, et on se dit qu’il doit s’agir d’une série sur la schizophrénie ou quelque-chose du genre…

On peut être tentés d’en rester là, mais soyez courageux car dans la suite de la série c’est  l’escalade aussi bien au niveau du rythme, des explications que des scènes d’action.
On vous rappelle qu’on doit quand même aux W la trilogie Matrix !

L’idée de base de la série ouvre beaucoup de possibilités, comme vous pourrez le découvrir au fil des épisodes. Après vous allez aussi retrouver la frustration d’un Matrix 2 : quand ça commence vraiment à vous prendre aux tripes … c’est la fin de la première saison.

Une sexualité atypique un peu trop présente pour un message de tolérance

Au-delà de cette quête mystique, la série se penche sur des questions de politique, de philosophie et de religion et de sexualité.
Un des personnages est homosexuel, un autre est transsexuel. On a droit à plusieurs scènes de sexe, dont une assez perturbante dans laquelle les 8 doubles font l’amour ensemble sensitivement.

Critique Sense8  : vivre 8 vies à la fois #4

Tout ça est un peu trop présent dans la série et nous rappelle avec insistance que Lana Wachowski s’appelait Larry il y a encore quelques années…

Mais il ne faut pas s’arrêter à ça : la série parle de l’humain, de ses différences, de ses richesses, de ses interactions et de ce qu’il peut apporter aux autres. C’est clairement un véritable hymne à la différence et à la tolérance, quelle soit votre couleur, vos opinions ou votre sexualité… sur fond de science-fiction « Matrixienne » bien sur !

Critique Sense8  : vivre 8 vies à la fois #5
Les habitués y retrouveront d’ailleurs :

  • le mentor mystérieux guidant nos héros (comme Morpheus)
  • les scènes d’arts martiaux rapides et efficaces
  • ou encore l’utilisation sur commande d’aptitudes à priori inaccessibles…

Alors toujours pas tentés ?

Sense 8 : Saison 2

La série a été renouvelée pour une deuxième saison qui sera diffusée sur Netflix le 8 août 2015, date d’anniversaire de nos huit héros.
En attendant si vous ne l’avez pas encore regardée, on vous invite d’ici là à dévorer la première saison de Sense8, à raison d’un ou deux épisodes par jour (ou trois…).

Et pour ceux qui ont déjà fini la première saison :

  • Quel est votre personnage préféré
  • Et quelles sont les compétences que vous aimeriez posséder ?

Mon petit doigt me dit que beaucoup de lecteurs vont avoir envie de faire un tour en Corée…

Network Netflix
Création2015
Saisons2
Avec Aml Ameen, Brian J. Smith, Daryl Hannah, Doona Bae, Jamie Clayton, Max Mauff, Max Riemelt, Miguel Ángel Silvestre, Naveen Andrews, Terrence Mann, Tina Desai, Tuppence Middleton