Le syndicat des scénaristes Américains, Writers Guild of America (WGA), a annoncé cette semaine ne pas avoir trouvé d’accord avec les principaux studios et plateformes pour une meilleure rémunération des scénaristes. Pour la première fois depuis la grève des 100 jours de 2007, des milliers de scénaristes sont donc en grève, ce qui pourrait avoir de lourdes conséquences sur la production des séries US.
Les scénaristes d’Hollywood se mettent en grève
Les scénaristes américains affirment avoir du mal à vivre de leur métier, avec des salaires qui stagnent, voire baissent en raison de l’inflation et sont de plus en plus nombreux a écrire pour des séries qui sont de plus en plus courte. De leurs coté, si la guerre du streaming génère des pertes pour les acteurs du secteur, ils continuent d’engranger des millions de dollars chaque mois et augmentent les salaires de leurs dirigeants. De plus les studios affirment devoir faire face a une pression économique.
Depuis quelques semaines le WGA était en pourparlers avec l’Alliance of Motion Picture and Television Producers (AMPTP) qui regroupe les plus grands studios de cinéma (Paramount, Sony, Universal, Disney, Warner), les principales chaînes de télévision (ABC, CBS, FOX, NBC) et les plateformes de streaming (Amazon, Apple, Netflix) pour trouver une solution, mais aucun accord n’a finalement été trouvé.
Les directeurs et le conseil d’administration de la WGA agissant au nom des membres de l’association ont voté à l’unanimité le déclenchement d’une grève, à compter du mardi 2 mai
Les scénaristes accusent les studios des créer une « gig-economy », une économie de petit boulot, ne permettant aucune sûreté et les traitants comme des « free-lancers ».
Le mécanisme actuel de rémunération des scénaristes n’est pas équitable
Les scénaristes réclament une hausse de leur rémunération, des garanties minimales pour bénéficier d’un emploi stable et une plus grande part des bénéfices générés par l’essor du streaming.
Il existe un mécanisme de « droits résiduels » permettant de rémunérer les scénaristes pour la réutilisation de leurs œuvres, par exemple lors des rediffusions télévisées ou des ventes de DVD. Ce droit résiduel peut être un pourcentage des recettes engrangées par les studios pour le film ou l’émission, ou une somme fixe versée à chaque rediffusion d’un épisode.
Sauf que pour les films et séries diffusées sur les plateformes de streaming en exclusivité (Netflix, Amazon Disney+), les auteurs reçoivent un montant fixe chaque année, quel que soit le succès (ou l’échec) d’un programme comme Stranger Things ou Game of Throne.
De plus, les studios ne communiquant pas toujours sur leurs audiences et les scénaristes ne perçoivent pas davantage si l’œuvre reconnait un succès tardif. Par exemple, si le film Le Mytho (2011) a été l’un des contenus les plus regardés sur Netflix en janvier dernier, son scénariste n’a perçu aucun revenus additionnels en 2022.
Selon la WGA, ce système de rémunération est donc « bien trop faible » compte tenu de la réutilisation massive des contenus et de leurs cycles de vie quasi illimités sur les plateformes de streaming.
Quel impact sur les séries US en cours de production ?
Ce mouvement social va entrainer l’arrêt immédiat des émissions live comme les « late night show » mais aussi un retard considérable sur les séries et films prévus cette année. Disney a déjà annoncé fin 2022 une réduction drastique du nombre de productions originales planifiées sur 2023 et Netflix continue comme à son habitude d’annuler série sur série. Dans ce contexte aura-t-on encore des contenus à binge watcher en deuxième partie d’année ?
En 2007 les scénaristes s’étaient déjà mis en grève plus de 100 jours pour percevoir de meilleurs droits résiduels sur les contenus diffusés en streaming. Cette grève avait eu un énorme impact sur l’industrie du cinéma et interrompu abruptement la production de nombreuses séries.
On estime que cette grève avait fait perdre 2 milliards de dollars aux studios américains, avant qu’ils ne donnent gain de cause aux scénaristes. On espère que cette fois-ci un compromis sera trouvé plus rapidement dans l’intéret des studios, des scénaristes et des consommateurs.