Tenet est un film aux multiples enjeux, artistiques comme commerciaux. Sa sortie plusieurs fois repoussée fait de lui le premier blockbuster post confinement à arriver dans des salles qui ne peuvent accueillir au mieux, que 50% de leurs spectateurs. Le film tient-il toutes ses promesses ? La réponses dans notre critique sans spoiler.
Tenet : premier blockbuster à sortir en salles post-confinement
C’est une vraie crise pour les exploitants de cinéma : Disney a finalement annulé purement et simplement la sortie en salle de Mulan et plusieurs autres films pourraient suivre le même chemin.
Nolan, très attaché à l’expérience de la salle de cinéma, a milité pour que son film sorte tout de même de façon traditionnelle. Le cinéaste habitué aux succès depuis Batman Begins et surtout Dark Knight, est devenu lui-même une licence et son aura d’auteur de films ultra complexes que l’on peut voir et revoir pour mieux les comprendre, pourrait aider à faire revenir le public dans les salles obscures.
Alors que Warner a décidé de ne révéler les chiffres d’exploitation que lundi 31 août, et non le lendemain du première jour d’exploitation, il est trop tôt pour dire si le pari commercial sera remporté, mais m’étant confronté à plusieurs séances complètes sur Paris, l’envie de voir le film est elle bien présente !
Bande annonce Tenet
Tenet est un film de James Bond
Christopher Nolan a plusieurs fois déclaré son amour pour la saga James Bond qu’il a découvert dans son enfance et Tenet est un film d’espionnage qui en est très influencé. On retrouve quasiment tous les ingrédients du film de James Bond avec toutefois une différence notable : le héros ne donne pas son nom à tort et à travers mais se présente tout simplement comme « le protagoniste ».
Nous le découvrons directement au plein cœur d’une mission qui s’avérera être liée au reste de l’histoire. Déclaré mort, il est transféré dans un service qui tente d’éviter une guerre liée à des objets « inversés », qui remontent le temps par rapport à notre réalité.
C’est Clémence Poesy, dans le rôle de Q, qui présentera le seul « gadget » si l’on peut dire dont pourra user notre agent secret : le temps inversé.
Pour empêcher la troisième guerre mondiale, le personnage interprété par John David Washington (fils de Denzel Washington révélé dans BlacKkKlansman) voyage de l’Italie à l’Estonie en passant par le Danemark ou l’Angleterre.
Son objectif est d’approcher Sator (Kenneth Branagh) mari violent de Kat (Elizabeth Debicki) mais surtout détenteur de cette étrange technologie inversée.
Comme tout agent secret qui se respecte, notre protagoniste va séduire Kat, laquelle va l’aider à en savoir plus sur Sator.
Il sera aidé dans sa mission par Neil (Robert Pattinson, le prochain Batman, comme par hasard :).
Tenet : une inversion du temps visuellement réussie
Le temps est depuis Memento une des thématiques principale de la filmographie de Nolan, que ce soit avec Inception ou Interstellar, le réalisateur étant désormais connu et apprécié par le public pour ses jeux sur la temporalité.
Dans Tenet, le concept de temps inversé est une vraie réussite, aussi bien au plan narratif qu’au niveau de sa mise en scène avec en particulier deux scènes d’actions très réussies (une sur l’autoroute et une bagarre).
Pour autant on se dit que si ces scènes restent à peu prés lisibles, le concept de temps inversé ouvrait d’énormes possibilités visuelles qui n’ont pas été pleinement exploitées. Nolan n’a jamais été un grand réalisateur de scènes d’actions et on se souvient surtout de ses concepts d’histoires. C’est un cinéaste du temps mais pas de l’espace, or la gestion de l’espace dans une scène d’action est primordiale.
Mais ce sentiment d’inachevé ne serait pas si gênant si Nolan ne tombait pas dans d’autres travers qui gâchent l’expérience cinématographique…
Embrouiller des explications accélérées pour faire passer des incohérences ?
Les films de Nolan ont tous un rythme très soutenu qui donne l’impression que plus de 2 heures sont passées en à peine 1 heure. C’est bien le cas aussi dans Tenet, mais c’est poussé à l’extrême car tout va beaucoup trop vite.
Le réalisateur nous balance des explications si rapidement au visage que l’on n’a pas le temps de les intégrer ou d’y réfléchir. Or certaines de ces « explications » se contredisent ou viennent inutilement compliquer des choses simples pour masquer des incohérences : si on y réfléchit bien, le combat entre deux personnages au temps inversé ne devrait même pas avoir lieu.
Un enchaînement de scènes sans transitions entre elles
Certaines scènes s’enchaînent de façon brutale, sans présentation du lieu ni même logique émotionnelle, un peu comme un montage raté, ce qui peut vraiment faire sortir le spectateur de l’histoire.
Dans le film les actions se suivent à un rythme effréné sans que l’on comprenne vraiment qui fait quoi et qui va où. Le spectateur est pris entre des effets de jeux sur le temps, dans un film sans structure narrative ni émotionnelle et donc qui l’implique peu.
La scène finale implique même des protagonistes dont on ignorait l’existence jusque là, et dont la menace était donc aussi inconnue qu’inexistante.
Une connexion difficile du spectateur avec les personnages
Les personnages dégagent trop peu d’émotions ce qui ne permet de développer ni empathie ni antipathie envers eux.
Le protagoniste est peu expressif et on ne s’implique avec lui qu’à travers quelques vannes et la découverte du concept de temps inversé.
Sator est trop caricatural en méchant très méchant alors que sa relation de mari jaloux et violent marche mieux, surtout grâce à la performance d’Elizabeth Debicki.
Le personnage de Neil aurait mérité plus de caractérisation, même si l’on en apprend plus sur lui lors de la scène finale, laquelle donne plus d’ampleur à son personnage et à sa relation avec le protagoniste et avec Kat.
Avis Tenet : se donner un temps de réflexion ?
Tenet ne remplit pas sa promesse de film d’action ultime. Le réalisateur a-t-il pêché par excès de confiance dans ses capacités à filmer des scènes d’actions mémorables ? Le concept original au cœur du film ne suffit pas à compenser le montage décousu, mais surtout rien ne justifie de développer l’intrigue de façon aussi brouillonne au détriment des personnages.
La déception des fans comme du public risque d’être amère, mais dans le contexte actuel très particulier la sortie en salle du film peut toutefois le sauver d’un naufrage numérique à la Bloodshot.
Malgré notre déception bien réelle, on ne peut en tous cas que saluer le choix courageux de sortir un blockbuster d’action/science fiction avec un agent secret noir (désolé Idris Elba) alors que le mouvement #BlackLivesMatter bat son plein et que les salles désertées attendent encore le retour du public…
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L'avis de Thibault Castan Boissy
Tenet ne remplit pas sa promesse de film d'action ultime. Le réalisateur a-t-il pêché par excès de confiance dans ses capacités à filmer des scènes d'actions mémorables ?
Le concept original au cœur du film ne suffit pas à compenser le montage décousu, mais surtout rien ne justifie de développer l'intrigue de façon aussi brouillonne au détriment des personnages...