On a entendu tout et n’importe quoi sur le 2ème spin-off de Star Wars, Solo a Star Wars Story et selon certains le film était un ratage monumental et Disney craignait le désastre.
Avant de passer à la critique proprement dite sachez qu’il n’en est rien, Solo n’est pas une catastrophe, loin de là.
Pour autant on ne peut pas dire non plus que le film soit une pleine réussite, et si les fans hardcore de la saga seront heureux d’en savoir un peu plus sur le passé de notre contrebandier au grand cœur, pour les autres disons juste que le film est loin d’être incontournable et que vous pouvez attendre qu’il passe à la TV sans trop de regrets.
Maintenant que cela est clarifié passons sans plus attendre à notre critique sans spoiler.
Solo : une génèse dans la douleur mais un film cohérent
Ce deuxième spin-off a d’abord été confié à Phil Lord et Chris Miller, les 2 réalisateurs de l’excellent La Grande Aventure LEGO. On était donc plutôt confiants jusqu’à l’annonce l’an dernier de leur renvoi pur et dur par Disney.
Parmi les motifs invoqués, deux reviennent en particulier :
- les réalisateurs semblaient faire un peu trop appel à l’improvisation sur le plateau, ce qui mettait particulièrement en difficulté leur comédien principal, Alden Ehrenreich
- et ils refusaient de suivre les indications (pour ne pas dire les commandes) de Disney concernant la façon d’aborder le long métrage
C’est finalement Ron Howard, un réalisateur plus senior et surtout plus docile qui a repris le projet… et conservé près de 30% du film qui avait déjà été tourné. Et quand on a appris que certaines scènes avaient donné lieu à des reshoots, notre inquiétude a encore grandi.
On avait donc très peur de se trouver devant un rafistolage à la Justice League, avec 2 styles très différents détectables au premier regard, et finalement… il n’en est rien.
Compte tenu de son historique de tournage, le film est étonnamment cohérent, dans l’intrigue comme dans la forme.
Un casting inégal : n’a pas le charisme d’Harrison Ford qui veut…
Avant même de voir la moindre scène, l’acteur principal a été cloué au pilori, comme n’étant « pas à la hauteur de son modèle » Harrison Ford.
Seulement soyons sérieux, si les épisodes IV, V et VI ont été un tel succès, c’est bien grâce au anti-héros Han Solo, qui sans être le personnage central, fait le lien entre des acteurs qui, reconnaissons-le, ne brillaient pas par la qualité de leur jeu.
Tout comme vous j’ai une affection particulière pour Mark Hammil ou Carrie Fisher, mais soyons honnêtes, ni l’un ni l’autre n’ont beaucoup de charisme…
Pour dire ça autrement, Alden n’a pas spécialement de charme (on l’imagine mal tomber les filles), et si son jeu est un peu fade, en se creusant la tête on a du mal à imaginer quel acteur s’en serait mieux sorti. Quoique Taron Egerton aurait surement fait mieux…
Compte tenu du cahier des charges, il se débrouille correctement (sans plus) et arrive même par moment à nous faire penser à son aîné.
Pour le reste du casting, Donald Glover se débrouille nettement mieux (sans non plus avoir le charme de Billy Dee Williams), et on reconnait également dans le jeune Chewbacca le copilote que nous aimons tant.
Coté personnages secondaires, on a par contre été déçus par le manque d’épaisseur du personnage joué par Woody Harrelson, si charmeur d’habitude, quant à Thandie Newton elle est presque absente à l’écran.
Enfin, Paul Bettany est sans doute le meilleur personnage du film, méchant particulièrement crédible dans sa complexité.
Je sais ce que vous vous dites, on a oublié quelqu’un : Daenerys Emilia Clarke !
Et bien justement… comment dire… j’ai beau trouver l’actrice plus jolie en brune qu’en blonde, la qualité de son jeu m’a fait penser à Clive Owen dans Valerian ou à Anthony Hopkins dans Thor Ragnarok : elle michetonne dans ce film, ou plus clairement elle ne joue pas juste du tout.
Un cahier des charges bien respecté
Soyons honnêtes, certains d’entre nous (enfin je parle de moi en tous cas) ont sursauté devant certains choix scénaristiques de Star Wars Episode VII et VIII, considérant que tel ou tel aspect n’était pas cohérent avec l’univers que nous connaissons.
A contrario dans Solo il n’y a pas la moindre fausse note : Ron Howard a été très respectueux du matériau d’origine, avec de nombreux clins d’oeils présents mais suffisamment discrets pour faire sourire les connaisseurs, sans mettre grossièrement les pieds dans le plat.
Coté scènes, tout ce qu’on peut attendre d’un Star Wars est présent : les combats à coups de pistolet laser, la poursuite en speeder, la poursuite spatiale, les pointes d’humour, le tripot spatial, le robot rigolo, les paysages époustouflants, le monstre géant et jusqu’au clin d’œil qu’on attendait à d’autres éléments de la saga (et non il ne s’agit pas d’une référence à *spoiler* ni à *spoiler*).
Le thème musical est même particulièrement réussi avec un tout petit passage que vous reconnaîtrez (et qu’on pense être celui de John Williams).
Mais alors de quoi se plaint-on ? Le film nous a toutefois laissé l’impression d’une réalisation très scolaire remplie de figures imposées… et ne donne aucun cachet particulier à ce spin-off.
Rogue One qui est loin d’être parfait faisait le pari d’être un film sur le débarquement transposé dans l’univers de Star Wars. Malgré quelques faiblesses (notamment dans l’exploitation des personnages) le film se terminait sur une scène époustouflante de 30 minutes qui nous laissait littéralement sur le cul, sans parler de l’apparition de qui vous savez à la toute fin du film.
Pour Solo en revanche, sans originalité particulière ni morceau de bravoure, il faut reconnaître que le film n’a rien de saillant.
Une histoire d’amour qui sonne creux
A contrario Solo est finalement trop proche dans son découpage et dans son approche d’un film de la saga principale, sans en avoir les enjeux. Si la photographie est excellente et les scènes d’action très bien menées, on ne vibre à aucun moment pour les personnages.
Vous vous rappelez de la course de Speeder dans Star Wars Episode I avec ce « faux » suspense ? Ici c’est encore pire : au final on n’accroche pas à l’intrigue principale qui se trouve être construite autour d’une histoire d’amour… qui sonne creux.
C’est peut-être le défaut principal du film, car si les Episodes I à III ont leurs qualités, ils partagent tous le même défaut : celui de ne pas parvenir à construire des intrigues amoureuses crédibles auxquelles le spectateur adhère.
Par moment dans Solo on est même limite dans le malaise, avec une tension amoureuse digne d’un feuilleton TV, ce qui ne serait pas si grave si le film n’était construit autour de cet axe principal…
Solo : un film pour les fans ?
Si on devait résumer le film, on aurait tendance à le décrire comme un excellent « filler », un film qui permet de découvrir quelques passages mythiques ou jamais dévoilés de la mythologie Star Wars : comment Han Solo a rencontré Chewbacca, comment il a gagné le Faucon Millenium et comment il a effectué le Raid de Kessel en seulement 12 parsecs.
Si les fans étaient impatients de découvrir les détails de tout cela, les simples spectateurs eux ne savent même pas de quoi il retourne et surtout n’y voient pas forcément un grand intérêt.
Bien que la réalisation ne brille pas pas son panache ou son originalité, elle est irréprochable, à des années lumières de la catastrophe que l’on craignait.
Néanmoins le manque d’enjeux, le jeu décevant d’Emilia Clarke (plus critiquable qu’Alden Ehrenreich selon nous) et le scénario un poil trop lisse, ne parviennent pas à provoquer l’excitation.
Un film donc à réserver aux fans, qui y prendront un certain plaisir. Pour les autres, disons juste que le long métrage sans être mauvais, n’est pas non plus incontournable…
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L'avis de Mr Geek
Solo a Star Wars Story n'est pas le ratage calamiteux que l'on craignait : bien réalisé, respectueux du matériau d'origine, il permet de découvrir certains événements clefs de l'histoire de Han Solo. Les différents acteurs s'en tirent honorablement compte tenu du challenge, mais on a toutefois du mal à s'attacher à eux.
Construit autour d'une histoire d'amour qui sonne creux, le film au final manque cruellement d'enjeu. S'il contentera sans doute les fans hardcore, il risque par contre d'ennuyer tous les autres...