Critique Rocketman : Taron Egerton exceptionnel dans le biopic d'Elton John

  • Par Agnès Krief
  • Publié le 21 mai 2019 à 12:55, modifié le 24 mai 2019 à 10:21

Rocketman, le biopic musical d'Elton John sort dans quelques jours. Produit par Elton John et réalisé par Dexter Fletcher (Bohemian Rhapsody) il repose sur les épaules de Taron Egerton qui a réinterprété toutes les chansons présentes dans le film.
Le film fait-il honneur à l'artiste ? Est-il aussi lisse que le biopic de Freddy Mercury ? Comment s'en sort l'acteur principal ? Nos réponses dans cet article.

Un film sur les 40 premières années de la vie d'Elton John

Le film s'ouvre sur Elton John, en cure de désintoxication, qui nous raconte le destin fulgurant d’un petit garçon de la classe moyenne anglaise. Reginald Dwight, rond et timide, malheureux entre des parents désunis qui ne l’aiment pas (il ne s’en mettra jamais), n'est pas encore celui qui deviendra une pop star mondiale.

Tous les moments décisifs de sa vie vont défiler, sa rencontre avec Bernie Taupin, parolier et ami fidèle, ses amours tumultueuses avec son manager, John Reid, son mariage blanc avec Renate Blauel, l’aveu douloureux de son homosexualité. Il n’élude rien, ni ses problèmes d’addiction à l’alcool, à la drogue, au sexe, ses exubérances, sa boulimie, ses colères, son besoin d’amour, ni même sa calvitie … jusqu’à son sevrage salvateur.

Critique Rocketman : Taron Egerton exceptionnel dans le biopic d'Elton John

Rocketman, c’est la biographie d’un génie musical tourmenté, d'une vitalité hors du commun, mais c’est aussi un florilège de ses plus belles chansons que son double, Taron Egerton, interprète avec ferveur et un talent évident.

Le 2ème biopic musical réalisé par Dexter Fletcher après Bohemian Rhapsody

Vous avez certainement déjà vu un biopic musical réalisé par Dexter Fletcher, puisque c'est lui qui a terminé le film Bohemian Rhapsody, biopic de Freddy Mercury, après l’éviction de Bryan Singer.

Il nous offre ici un spectacle total, époustouflant qui partage les mêmes qualités et le même défauts que son précédent film. On plonge dans l’univers déjanté d’Elton John et tout y est : paillettes, strass, plumes, costumes plus extravagants les uns que les autres, la musique envahit l’espace, le sature et rythme le film qui ne s’essouffle jamais pendant 121 minutes.

Critique Rocketman : Taron Egerton exceptionnel dans le biopic d'Elton John #2

Le parti de la mise en scène qui fait coïncider, sans souci chronologique, les chansons avec l’action, comme dans une comédie musicale, est plutôt réussi : Bennie and the Jets, Goodbye yellow brick road, Rocketman, I’m still standing, Your song, Crocodile Rock etc … On en a plein les oreilles et c’est jouissif, même s'il malmène nos souvenirs et la réalité pour s'adapter coûte que coûte au récit.

Les moments dramatiques sont traités sans pathos, parfois avec légèreté, la tentative de suicide du chanteur devenant une chorégraphie filmée sous l’eau, en apesanteur, quasi onirique, parfois avec humour, quand sa colère est désamorcée par le costume qu’il porte, dont il assume l’incongruité avec un flegme tout britannique.

Critique Rocketman : Taron Egerton exceptionnel dans le biopic d'Elton John #3

Taron Egerton, Jamie Bell et Richard Madden au sommet de leur forme

Taron Egerton incarne un Elton John plus vrai que nature, et insuffle à son personnage une énergie passionnée et communicative. De surcroît, il chante bien et son interprétation ne trahit nullement la version originale, bien au contraire, il lui donne une fraîcheur inattendue. Son jeu d’acteur est juste, même dans les situations difficiles où il ne surjoue pas, en trouvant toujours la bonne mesure.

Critique Rocketman : Taron Egerton exceptionnel dans le biopic d'Elton John #4

Les autres protagonistes sont eux aussi à la hauteur, Jamie Bell campe un Bernie Taupin, dont il a su exprimer le talent discret et la constante fidélité. Quant à Richard Madden, son John Reid, manager sans scrupule, est parfaitement inquiétant derrière son beau visage ténébreux.

On sort de la projection de Rocketman tout imprégné de musique, en état de lévitation, comme dans la belle séquence au club de Los Angeles. Peu importe si le film verse parfois dans l'hagiographie et le cliché de l’éternel petit garçon, au fait de la gloire, mais toujours en mal d’amour, on s’empresse de l'oublier, pour ne savourer que le moment de plaisir infini qu’on vient de passer avec notre Idole.

Bande Annonce Rocketman

© crédits photos Paramount

Avis de la rédaction sur Rocketman   4 / 5