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Disney et NBCUniversal attaquent Midjourney en justice pour plagiat massif

Un gouffre sans fond de plagiat, c’est en ces termes que Disney et NBCUniversal qualifient Midjourney, le célèbre outil d’intelligence artificielle générative, dans une plainte explosive déposée devant la justice américaine. Les deux géants de l’audiovisuel accusent la plateforme de violer massivement leurs droits d’auteur en permettant la création d’images calquées sur leurs personnages emblématiques, sans autorisation.

  • Disney et NBCUniversal poursuivent Midjourney pour plagiat massif de leurs œuvres protégées.
  • La plateforme est accusée d’utiliser des données illicites pour entraîner ses IA, générant des images quasi fidèles aux originaux.
  • Le procès pourrait changer la législation sur l’utilisation des contenus protégés par l’IA et la propriété intellectuelle.

L’IA de Midjourney permet de générer des images de personnages sous copyright

Que vous soyez amateur de Star Wars, de La Reine des neiges, de Shrek ou encore des Simpson, il y a fort à parier que vous êtes déjà tombé sur des visuels générés par Midjourney représentant vos héros favoris sous un style baroque, cyberpunk ou inspiré du manga. Ces créations foisonnent sur Reddit, Twitter et Discord, alimentées par une communauté passionnée… mais aussi par des bases de données que Disney et NBC estiment illicites.

Dans leur plainte de plus de 100 pages, déposée en Californie le 11 juin 2025, les plaignants avancent une série d’arguments détaillés : selon eux, Midjourney s’est entraîné sur des œuvres protégées par le droit d’auteur, puis les a reproduites de manière quasi fidèle via des prompts simples, disponibles pour tout abonné payant à la plateforme.

Les images incriminées sont sans équivoque sur le viol des droits d’auteur

Parmi les exemples cités figurent des visuels de Mario, Spider-Man, La Reine des Neiges, Dark Vador ou encore Buzz L’Éclair.

L’un des reproches principaux tient au fait que l’outil permet de générer ces images en quelques secondes, sans avertissement ni restriction, avec un niveau de fidélité tel qu’il devient difficile de distinguer l’œuvre originale de la version IA. Selon les studios, il ne s’agit plus d’inspiration ou de création transformative, mais bien de contrefaçon pure et simple.

Disney et NBCUniversal attaquent Midjourney en justice pour plagiat massif

Midjourney, bouc émissaire ou cas d’école ?

Midjourney est loin d’être la seule entreprise visée par ce genre d’accusations. OpenAI, Stability AI et même Anthropic ont été cités dans d’autres affaires similaires, souvent pour des problèmes d’entraînement de modèles sur des contenus protégés, qu’ils soient textuels ou visuels. Cependant, cette action judiciaire marque une première : c’est la première fois que deux mastodontes d’Hollywood unissent leurs forces pour attaquer frontalement un acteur de l’IA générative.

La plainte accuse la start-up californienne d’avoir « bâti son modèle économique sur le dos des créateurs, en aspirant leurs œuvres sans compensation ni autorisation ». Une accusation grave, renforcée par les chiffres : selon les informations relayées par Time, Midjourney aurait généré entre 100 et 300 millions de dollars de chiffre d’affaires en 2024 grâce à ses abonnements, sans jamais verser un centime aux détenteurs des licences utilisées par ses utilisateurs.

Le droit d’auteur à l’épreuve de l’intelligence artificielle

Le cœur du débat repose sur un enjeu juridique complexe : les IA ont-elles le droit de s’entraîner sur des données protégées sans licence ? Et dans quelle mesure les images générées peuvent-elles être considérées comme des œuvres originales ou comme des copies illégales ?

Si les tribunaux penchent du côté des plaignants, cela pourrait bouleverser l’écosystème des IA créatives. Il serait alors nécessaire pour les plateformes de signer des accords de licence en amont, de filtrer les prompts interdits ou encore d’indemniser les ayants droit. À l’inverse, un jugement favorable à Midjourney ouvrirait la voie à une interprétation plus souple du droit d’auteur dans l’ère de l’IA, à condition que les générations soient considérées comme « transformées » ou suffisamment éloignées de leurs sources d’inspiration.

Un précédent lourd de conséquences

Quelle que soit l’issue du procès, l’affaire Disney/NBCUniversal contre Midjourney risque de faire jurisprudence. Si les studios obtiennent gain de cause, ils pourraient réclamer des dommages financiers conséquents, forcer la fermeture de certaines fonctionnalités de l’outil, voire obtenir l’interdiction de certains types de générations. À l’inverse, une défaite relancerait les débats sur les limites de la créativité assistée par machine et la notion de « fair use » appliquée aux intelligences artificielles.

Il ne fait aucun doute que d’autres groupes de médias observent cette affaire avec attention. Pour l’heure, le bras de fer est engagé, et l’enjeu dépasse largement les frontières du cinéma : c’est toute la relation entre création, innovation technologique et propriété intellectuelle qui est remise en question.

Ingénieur ENSAM Paristech et diplômé du MBA de l'ESSEC, Fabien est journaliste Tech & Pop Culture mais aussi Consultant IA et Marketing.