Critique Wonder Woman 84 : une suite décevante

  • Par Frank Ayers
  • Publié le 29 décembre 2020 à 15:56, modifié le 27 octobre 2021 à 14:42

Wonder Woman 1984 était sans doute le film le plus attendu de cette fin d’année. Suite à sa sortie ce vendredi sur HBO Max, nous avons pu le découvrir et pour faire court, sans être totalement raté il nous a franchement déçus. On vous explique pourquoi dans cet article.

Où regarder Wonder Woman 1984 en France ?

Si on attend encore Wonder Woman 84 dans l’hexagone, le film est déjà sorti dans plusieurs pays et en particulier en simultané en salles et sur HBO Max vendredi dernier aux Etats Unis.

On ne vous expliquera pas dans cet article comment aller le regarder en pirate, mais on peut par contre déjà vous dire trois choses :

  • il n’existe pas à notre connaissance de VF
  • il vous sera très difficile de le trouver en VO sous-titrée français
  • et surtout ça ne vaut pas le coup selon nous de le pirater, le film étant assez décevant

On l’a pour notre part regardé sur HBO Max, suite à des manipulations assez compliquées.

Critique Wonder Woman 84 : une suite décevante

En effet, l’usage d’un VPN et d’une connexion depuis les USA n’a pas suffi pour le regarder sur Android TV, l’application n’étant pas disponible sur le store Android FR. Si on a le courage on vous expliquera peut-être comment procéder dans un prochain article…

Wonder Woman était une bonne surprise

En 2017, le premier film Wonder Woman a été un succès surprise pour les studios Warner quelques mois à peine après l’accueil chaotique de Batman v Superman.

Fun et sympathique, Wonder Woman brillait surtout par la présence solaire de Gal Gadot qui rallie tous les suffrages dans le personnage principal de la guerrière amazone. A l’époque on louera aussi la réalisatrice Patty Jenkins pour ce succès, malgré quelques effets spéciaux moyens et un grand méchant un peu raté.

Comparés aux autres films du DCEU, ce premier film solo de l’amazone restait très rafraichissant et bien plus proche de l’ambiance des films concurrents chez Marvel Studios.

Critique Wonder Woman 84 : une suite décevante #2

On attendait donc beaucoup de ce deuxièmes volet, d’autant que sa sortie a été plusieurs fois repoussée à cause de la crise et que c’est l’un des seuls films de super-héros à se mettre sous la dent de 2020 avec les décevants Birds of Prey et Les Nouveaux Mutants.

Crevons tout de suite l’abcès : sans être catastrophique, Wonder Woman 1984 n’est pas du tout à la hauteur du premier volet.

Wonder Woman 1984 est un drame romantique pour adolescentes

Pour faire court, disons juste que le film est tout simplement mal pensé et donc par conséquent pas très bien écrit.

Il faut dire que suite au succès du premier film, Warner a décidé de laisser carte blanche à la réalisatrice pour un second opus, alors qu’elle était très encadrée pour le premier, avec notamment Zack Snyder au scénario et à la production. Nous parlons ici d’une réalisatrice de télévision débutante, qui n’avait jamais eu de film à gros budget en main auparavant comme elle le rappelle elle-même en interview.

Pour cette suite Patty Jenkins s’est adjoint les services de Geoff Johns (pourtant un ancien de DC Comics) pour travailler le script, mais en laissant court à ses obsessions de millenial mélangées à une conception de l’amour digne des meilleurs films à l’eau de rose pour midinettes.

Si Wonder Woman va devoir affronter Max Lord et Cheetah c’est presque anecdotique : la colonne vertébrale du film est en fait construite autour de la relation entre Diana Prince et Steve Trevor.
Sans vous spoiler, l’amazone est en grosse déprime depuis la mort de son amoureux et elle se posera pendant quasiment tout le film la question suivante : dois-je sauver le monde ou sauver Steve mon seul et unique amour (tout en se foutant d’ailleurs royalement de ce qu’implique le retour de Steve pour un autre personnage secondaire).

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Patty Jenkins en fait des caisses sur le féminisme avec maladresse

Quand un film est basé sur un postulat comme celui ci-dessus, forcément la qualité de l’écriture, et globalement tout le rythme du film s’en ressentent. Déjà pour commencer, on vous conseille de prendre un bon café avant de lancer le film, car pendant une bonne heure et demie, il ne se passera quasiment rien.

Enfin ce n’est pas tout à fait exact, les 2 premières scènes d’introduction de l’héroïne sont assez réussies, même si avec le recul on ne voit pas trop le rapport entre la course de Diana enfant et le reste du film.

Et ensuite … il ne se passera pas grand chose, et vous aurez plus l’impression de regarder un long épisode des Feux de l’Amour avec un Chris Pine qui joue particulièrement mal l’étonnement en découvrant les années 80, et assume très rapidement une situation pourtant incroyable.

L’intrigue est franchement poussive, et saupoudrée maladroitement d’allusions #meetoo gênantes toute les 3 scènes qui vous sortiront de l’ambiance : tous les hommes sont présentés systématiquement comme des idiots, des lâches, des prédateurs qui draguent comme des gros lourds.

Bref, Patty Jenkins a un problème avec les hommes. Mais avait-elle besoin d’en tartiner lourdement un film destiné à toute la famille ? Les studios Warner pensent-ils qu’antagoniser la moitié de son audience est un gage de succès ?

Mais que veulent vraiment les « méchants » ? On cherche encore …

Pour ce qui des méchants, autant dire qu’ils ne resteront pas dans les annales. Ils sont totalement anecdotiques, voir même ridicules, quand on pense que Wonder Woman a combattu des dieux et des monstres toute sa vie.

On s’est demandés plusieurs fois pendant le film où ces personnages secondaires (oui il s’agit bien de personnages secondaires) voulaient en venir.

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On ne comprend pas les réelles motivations de Max Lord. Le personnage d’évangéliste arnaqueur à la moumoute blonde campé par Pedro Pascal est presque impossible à cerner réellement du fait des incohérences de l’écriture.
Est-ce un génie, un imbécile, une victime ? Il se donne du mal pour donner corps au personnage, reconnaissons-le, mais ce n’est pas suffisant pour qu’on le prenne au sérieux.

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Cheetah, interprétée par l’humoriste Kristen Wiig, n’est pas plus intéressante. Si l’actrice parvient à donner corps à une réelle transformation, on ne ressent ensuite aucune empathie pour celle qui était au début une laissée pour compte.

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La raison en est simple : Patty nous sort à travers elle tous les poncifs possibles et imaginables sur la lutte des femmes pour l’égalité et parvient à rendre Barbara Minerva aussi détestable, égoïste et arriviste que les hommes décrits ci-dessus.

Des effets spéciaux parfois dignes de CW

On notera également qu’une partie des effets spéciaux sont souvent ratés, ce qui est inadmissible en 2020, surtout pour un film qui a coûté 200 millions de dollars.

Les actions de Diana Prince sont souvent mal chorégraphiées, leur montage tombe à plat, les câbles sont aussi mal utilisés que dans une série télé sur la chaine CW, idem pour les maquillages. Par exemple, l’effet qui donne l’impression que Wonder Woman court plus vite que tout le monde est moins réussi que son équivalent vu dans Underworld … un film de 2003.

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A ce compte-là, la scène de combat final entre Wonder Woman et Cheetah est consternante, encore pire que celle de Black Panther (qui sentait déjà bon la 3D).

Petit bémol toutefois, il est possible que les effets spéciaux rendent mieux sur grand écran que dans la lucarne d’un ordinateur ou sur votre TV. Serait-ce un constat de plus que rien ne vaut l’expérience de la salle de cinéma ?

Elles sont où les années 80 ?

Autre déception de taille : on nous avait promis un film mettant en avant les années 80, sauf que … on les cherche encore. A part une chanson de Frankie Goes to Hollywood, des gamins qui font du breakdance et quelques détails vestimentaires, il n’y a pas grand chose pour nous rappeler qu’on est en 1984.

Notons d’ailleurs que les années 80 étaient aux USA étaient très « mixtes », Starsky & Hutch, L’arme Fatale, Rocky ou Miami Vice étant quelques exemples de programmes dans lesquels des noirs étaient fortement mis en avant.

Dans l’Amérique des années 80 macho et beauf imaginée par Patty Jenkins, il n’y a par contre pas un seul homme noir. Serait-ce parce qu’on n’est autorisés à se moquer que des blancs dans le Hollywood de 2020 ? Non ce n’est quand même pas de la discrimination positive, ou bien …

Hanz Zimmer et Gal Gadot pour sauver Wonder Woman 1984

Non, Wonder Woman 1984 n’est pas un nanard, mais le film reste un demi-ratage, essentiellement à cause de son scénario bancale qui ne colle pas avec la représentation qu’on se fait de Wonder Woman, et du féminisme pataud dont fait preuve Patty Jenkins.

Heureusement, le film est sauvé par Gal Gadot qui reste totalement sublime, un peu comme Henry Cavill pour la gente féminine. On pourrait regarder Gal Gadot réciter l’annuaire pendant des heures avec grâce sans se lasser, et là encore, rien que de la voir à l’écran pendant 2h31, suffirait à justifier n’importe quel long métrage (même sans le son).

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D’ailleurs le son parlons-en : Hans Zimmer a l’air de s’être enfin réveillé de ses « mpfouaoum » en infra-basses, et il nous a pondu ici un vrai beau score de film d’action/aventure, rutilant et rétro. Et ça on apprécie d’autant plus qu’il n’avait pas vraiment brillé dans ses précédents films DC Comics.

En résumé, Wonder Woman 1984 se laisse regarder, en streaming (légal ou pas) mais on se dit que finalement ce n’est pas si grave qu’il ne soit pas sorti au cinéma il y a 2 semaines en France.

On espère surtout maintenant que Patty Jenkins arrivera à faire mieux avec Wonder Woman 3 et à renouer avec la fraicheur du premier opus.

Avis de la rédaction sur Wonder Woman 1984   2 / 5