Je ne sais pas vous mais j’ai (déjà) terminé la saison 2 de Luke Cage (lire notre résumé complet des épisodes ici) et j’ai beaucoup aimé !
Il y a certes quelques détails qui me turlupinent et que j’évoquerai plus bas, mais globalement j’ai trouvé que c’était une bonne saison, certes pas à la hauteur de Daredevil, mais largement au dessus de la première saison sur notre super-héros noir.
Un proverbe amérindien, utilisé par le pasteur James Lucas dans la série, résume bien l’état d’esprit général de ces 13 épisodes :
Il y a une lutte entre deux loups à l’intérieur de chacun de nous.
L’un est le Mal : la colère, l’envie, la jalousie, le chagrin, le regret, la cupidité, l’arrogance, l’apitoiement, la culpabilité, l’amertume, le sentiment d’infériorité, le mensonge, l’orgueil, la supériorité et l’égo.
L’autre est le Bien : c’est la joie, la paix, l’amour, l’espoir, la sérénité, l’humilité, la bonté, la bienveillance, l’empathie, la générosité, la vérité, la compassion et la foi.Quel loup va gagner ?
Celui que tu nourriras.
Si les séries Netflix et longs métrages Marvel sont généralement assez manichéens, la Saison 2 de Luke Cage brouille de nombreuses fois les contours du bien et du mal.
Qu’il s’agisse de Misty Knight, Mariah Dillard, Shades ou du Bushmaster (le méchant de la saison), ils naviguent tous en eau trouble entre gris clair et gris foncé, faisant tous parfois le bien, et souvent aussi le mal.
Et au centre de toute cette agitation se trouve systématiquement notre héros, Luke Cage, lui-même profondément tiraillé.
Luke Cage Saison 2 : des personnages tout en nuances
Pour cette nouvelle saison on retrouve bien évidemment Carl Lucas, alias Luke Cage, plus populaire que jamais dans Harlem.
Claire Temple sera aussi de retour le temps de quelques épisodes.
N’exerçant plus son métier d’infirmière cette dernière se contente de prendre soins de Luke, avec qui elle partage sa vie, mais c’est aussi elle qui déclenchera l’inexorable et lent basculement de Luke Cage vers les abysses.
On retrouve également avec joie et crainte, Maria Dillard, qui n’est plus conseillère municipale, mais s’occupe du business légal (le club Harlem Paradise) et illégal (la vente d’armes) de son défunt cousin, Cornell (Cottonmouth).
Elle est toujours accompagnée de Shades, son associé et amant, qu’elle a un peu trop tendance à traiter comme son employé.
Toujours chez les méchants, c’est avec Bushmaster que Luke devra en découdre tout au long des 13 épisodes. Ce super vilain partage les mêmes capacités que Luke Cage, à la différence qu’il ne les a pas acquises de la même manière.
Ses origines jamaïcaines auront une importance et expliqueront les raisons de sa vendetta, mais je n’en dit pas plus pour vous laisser découvrir les détails dans l’épisode 11.
Parmi les personnages qui oscillent clairement entre le bien et le mal nous retrouvons « Sugar », devenu chauffeur et nous faisons surtout la connaissance de Matilda Dillard, fille de Maria.
Chez les gentils, Misty Knight est toujours de la partie, et comme les photos promotionnelles le montraient clairement, elle va recevoir une prothèse pour remplacer son bras amputé.
Issus d’une autre série Marvel/Netflix, l’avocat « Foggy » (Daredevil) fera une apparition pour défendre Luke le temps d’une affaire. Colleen, la petite amie de Danny Rand (Iron Fist) viendra prêter main forte à Misty le temps de 2 épisodes et Iron Fist himself fera de même un peu plus tard aux côtés de Luke.
Un peu à la manière de Stan Lee, le voyou Turk Barret fait son traditionnel caméo. C’est en quelque sorte le fil rouge des séries Marvel/Netflix. Opérant plutôt dans le quartier du démon d’Hell’s Kitchen ont l’aperçoit néanmoins dans toutes les séries Marvel du service de vidéos à la demande.
Attention petit spoiler : on (re)découvre dans cette saison le père de Carl Lucas (Luke Cage) comme il l’appelle, le pasteur James Lucas venu à Harlem pour se rapprocher de son fils.
Reg E Cathey qui joue le pasteur et père de Luke est décédé avant la diffusion de la série (le 9 février 2018), un hommage lui est rendu lors du générique du dernier épisode.
Une saison 2 un peu lente, mais dont la construction est tout à fait justifiée
La Saison 1 de Luke Cage commençait très fort, avec une réalisation superbe et… s’enlisait rapidement, jusqu’à devenir franchement ennuyeuse vers les derniers épisodes.
On était donc sur la réserve quand une 2ème saison a été annoncée.
Cette deuxième saison commence relativement lentement, et met l’accent, comme la première, sur les relations entre les protagonistes mais en allant plus loin dans leur exploration :
- les relations de couple : Luke / Claire, Maria / Shades, Shades / Commanche ( ! )
- les relations parent / enfant : Maria / Tilda, Luke / James
- les relations complexes de travail de Misty et de ses collègues, la relation ambiguë de Tilda et du Bushmaster
- etc
Au début c’est plutôt mou, et les acteurs ne jouent pas toujours très juste (Mike Colter n’est pas très à l’aise par moment dans son jeu d’acteur), néanmoins la saison monte crescendo et à partir de l’épisode 8 on est vraiment tenus en haleine, en se demandant comment toute cette histoire va bien pouvoir finir.
Cette relative lenteur prend tout son sens puisqu’elle permet en fait de comprendre les motivations et démons intérieurs de chacun, et elle rend crédible des retournements de vestes qui auraient pu faire crier au raccourcis scénaristiques absurdes dans un autre contexte :
- Mariah Dillard veut d’abord s’éloigner définitivement du monde criminel, et contribuer au bien de Harlem, avant de sombrer dans une sauvagerie meurtrière qu’on ne lui suspectait pas. Elle tente d’abord artificiellement de se rapprocher de sa fille, puis on la sent sincère, mais elle finit toutefois par la rejeter (et on comprend pourquoi)
- Sa fille Tilda a envie de renouer avec sa mère, mais la jeune fille innocente va être pervertie par le contact de cet univers glauque, jusqu’à basculer complètement du coté obscur
- Misty flirte aussi avec la légalité par moments, mais bien épaulé elle parvient à ne pas franchir la ligne blanche in extremis.
Elle aborde aussi un sujet important évoqué aussi dans Daredevil : le handicap. Comment supporter le regard des autres et passer au dessus ?
Il est d’ailleurs un peu dommage qu’elle recoive une prothèse si tôt dans la saison (avouons quand même qu’à chaque épisode on l’attend avec impatience), mais il aurait pu être intéressant de la voir lutter un peu plus longtemps pour surmonter cette épreuve
- Le Bushmaster est un personnage au début violent et assez rebutant, mais dès que l’on comprend ses motivations on le perçoit autrement. Il en vient même à prêter main forte à son ennemi juré, et dévoile au fil des épisodes une forme de noblesse et de sens du sacrifice qui inspirent le respect, malgré ses accès de violence
- Mais c’est surtout l’évolution de Luke qui nous a semblé intéressante. Il nous offre une nouvelle facette de sa personnalité, frôlant la limite en manquant plusieurs fois de tuer des adversaires (Cockroach, le Bushmaster). Il a beau être un colosse de presque 2 mètres, il a les mêmes faiblesses psychologiques que vous et moi.
Sa relation avec son père est aussi un belle exemple de pardon : rancunier car triste dans un premier temps, grâce au dialogue il parvient à lui pardonner
Alors oui, caser tout ça dans 13 épisodes, entre plusieurs intrigues mêlées et de multiples combats n’est pas chose aisée, et si le résultat est loin d’être parfait il nous a tout de même laissés songeurs une fois la série visionnée en entier.
Notre avis sur Luke Cage Saison 2
Pour rentrer dans le dur de cette critique, cette saison souffre toutefois de défauts difficiles à gommer.
Commençons par les combats. Evidemment quand on a pour référence Daredevil il est difficile de se satisfaire des chorégraphies proposés. Néanmoins ils sont en corrélation avec le personnages.
On reproche parfois à Luke de manquer de technique, de style. Mais il ne faut pas oublier que Luke est un enfant de la rue, ayant passé du temps en prison. Il n’a pas acquis de techniques avancées comme Danny Rand à Kun Lun ou Matt Murdock. Il a donc un style plus brut, plus sauvage, plus urbain et moins académique, et surtout il risque à tout moment de tuer ses adversaires s’il leur donne plus qu’une tape sur la tête.
On vous parlait de lenteur un peu plus haut, et il faut bien le reconnaître : c’est looooong. Certains épisodes sont un peu longuets et les passages à vide assez mal gérés. 10 ou 11 épisodes mieux rythmés auraient largement suffit, ou peut-être des épisodes de 45 minutes au lieu d’une heure.
On vous parlait du jeu un peu « émotionnel » hésitant de Luke un peu plus haut, c’est aussi un point noir : sa relation avec Claire et les raisons de leur rupture sonnent faux.
C’est un peu trop facile et expéditif, d’autant qu’on a connu une Claire plus forte et plus déterminée après tout ce qu’elle a vécu.
On trouve aussi que la toute fin de la saison, avec la dernière décision de Luke est aux antipodes de ce qu’était le personnage au tout début de la série : sa popularité lui serait montée à la tête ?
Bon, passons maintenant à ce qu’on a aimé !
La musique est tout simplement excellente. Je n’ai pas grand chose à dire à ce sujet si ce n’est que c’est rythmé, varié, ça colle au show, ça lui donne de l’épaisseur, et en plus les paroles des chansons sont presque toujours connectées à l’action.
Les groupes, chanteurs, artistes et musiciens sont très bons, et que l’on aime ou pas le style, il est difficile de ne pas apprécier les passages musicaux, d’autant que plusieurs artistes connus et reconnus font des apparitions, comme Jidenna ou encore Method man.
Les méchants sont réussis (bye bye Diamondback) :
- Mariah Dillard est détestable au possible, signe qu’elle joue bien
- Shades, jadis impitoyable, montre des signes d’humanité et en devient presque séduisant
- Bushmaster est le méchant charismatique que l’on attendait, et même si il y a peu de chance de le revoir il aura réussi à s’imposer et à laisser un trace indélébile
Les autres personnages, secondaires, récurrents ou juste de passage jouent juste et connaissent leur partition.
Enfin la relation père/fils entre James Lucas et Luke Cage est particulièrement bien développée : malgré leur passé compliqué, ils parviennent à se rapproche et à nous offrir de très belles scènes de famille. Il faut toujours avancer comme disait Pop’s !
Luke Cage Saison 2 : 6.5/10
En résumé, malgré des faiblesses et des longueurs, cette 2ème saison nous a laissé globalement une bonne impression avec des moments très forts.
La fin ne laisse d’ailleurs pas place au doute : il y aura forcément une saison 3 étant donné le nouveau statut de Luke, et Tilda sera vraisemblablement elle aussi de retour…
Marvel's Luke Cage
- Création 2016 Terminé
- Network Netflix
- 2 saisons
- Avec Mike Colter, Alfre Woodard, Simone Missick, Theo Rossi, Mahershala Ali, Mustafa Shakir, Erik LaRay Harvey, Rosario Dawson, Justin Swain, Sean Ringgold