Critique Downsizing : petite comédie mais grandes ambitions

Une équipe de scientifiques norvégiens découvre le moyen de réduire tout être vivant à une taille d’une dizaine de centimètres. Après plusieurs années de tests, ils dévoilent leur découverte et la présentent comme l’unique solution pour sauver le monde. Cerise sur le gâteau, une fois miniaturisé quelques milliers de dollars d’économies permettent de vivre comme un millionnaire.

Paul, un américain moyen fasciné par ce nouveau mode de vie, y voit aussi la solution pour combler les attentes matérielles de sa femme. Il va donc se laisser tenter…

Critique Downsizing : petite comédie mais grandes ambitions

Downsizing : une satire sociale déguisée en film de science fiction

Downsizing est réalisé par Alexander Payne à qui l’ont doit notamment des comédies dramatiques comme Monsieur Schmidt, Sideways ou plus récemment The Descendants.
On retrouve dans ce nouveau film son style « naturaliste » : il y parle de gens ordinaires confrontés à des changements de vie et autres obstacles comme nous le sommes tous.

Bien que Downsizing ait une base de science-fiction, une fois de plus, Payne présente avec recul et empathie des situations qui donnent à rire mais aussi à réfléchir sur nous-mêmes.

Ne vous y trompez pas, la miniaturisation est certes un élément important du scénario, mais ce n’est qu’un prétexte. Elle est insérée avec simplicité dans notre monde contemporain, par le naturel des situations et des dialogues. Autrement dit si c’est une avancée technologique fascinante qui change la donne, elle l’est tout autant que l’annonce… du premier iPhone. Ne vous attendez donc pas à un film de science-fiction ou vous seriez déçus.

Critique Downsizing : petite comédie mais grandes ambitions #2

Le rythme du film est assez inhabituel pour le genre : on ne va pas à toute vitesse avec des enchaînements de blagues, comme dans beaucoup de comédies récentes.
Il y a beaucoup d’ellipses et l’on va aux scènes essentielles tout en gardant de l’émotion et bien sûr des rires très régulièrement.

Cette narration qui prend son temps peut dérouter certains voire même ennuyer, mais le film n’en demeure pas moins très riche de détails, posant ainsi une ambiance particulière avec un scénario imprévisible qui va de surprise en surprise. On apprécie d’ailleurs que pour une fois la bande annonce n’en dévoile pas trop, comme c’est malheureusement de plus en plus souvent le cas.

Critique Downsizing : petite comédie mais grandes ambitions #3

De même, l’utilisation du casting est inattendue et vous induira certainement en erreur : les personnages les plus importants ne sont pas forcément ceux que vous croyez…

Une petite comédie pour une grande fable

Outre tous les jeux de mots que peut fournir le sujet, nous ne sommes pas devant une comédie formatée comme Hollywood nous en vend plusieurs fois par mois, mais l’humour est indéniablement présent et il est amplifié par le traitement réaliste de situations surréalistes.

Critique Downsizing : petite comédie mais grandes ambitions #4

Tout le cheminement qui va pousser Paul (Matt Damon) et sa femme Audrey (Kristen Wiig) à choisir de rétrécir, pose un regard très intéressant sur notre mode de vie et même notre système économique.

La découverte du Downsizing a un véritable but humaniste, à savoir réduire notre consommation de ressources naturelles ainsi que notre production de déchets. Il est presque jouissif de voir à quel point Alexander Payne et son co-scénariste, ont détaillé la façon dont l’économie américaine ingère un changement radical, comment il le normalise, pour lui donner le goût du rêve américain, alors que ce n’est qu’une nouvelle façon d’exploiter les classes moyennes.

Critique Downsizing : petite comédie mais grandes ambitions #5

On peut donc voir se profiler un message politique, surtout dans la seconde partie du film où l’on découvre l’envers du décors d’une société miniature certes, mais certainement pas utopique comme elle est présentée dans la première partie.

Le film révèle alors son aspect plus social et accentue le commentaire politique, en même temps qu’il en élève le niveau émotionnel avec l’arrivée d’un nouveau personnage qui va changer le cours de la vie de Paul.

Critique Downsizing : petite comédie mais grandes ambitions #6

Le film se termine malheureusement assez rapidement et de façon un peu décevante, n’allant pas dans le sens de l’évolution du personnage, préférant les bons sentiments et pour le coup, une conclusion trop hollywoodienne.

Un film engagé

La carrière de Matt Damon est souvent traversée de films grands publics avec des sujets politiques : l’écologie et les lobbyes dans Promised Land, les mensonges gouvernementaux dans la série de films Jason Bourne, ou encore le traitement et la révolte des classes ouvrières dans Elysium.

Downsizing, présenté à priori comme grand public peut rentrer dans cette catégorie. Ce n’est pas souvent qu’un film américain peut englober un message critique sur la politique, l’écologie, les innovations et notre façon de toujours reproduire les mêmes erreurs, à n’importe quelle échelle.

Critique Downsizing : petite comédie mais grandes ambitions #7

Grand casting et gros budget

Son budget conséquent de presque 70 millions de dollars, se voit à l’écran : tous les effets de miniaturisation marchent correctement… sans non plus être toujours très bien exploités.

Critique Downsizing : petite comédie mais grandes ambitions #8

Matt Damon interprète un américain moyen, gentil, marié, espérant avoir sa petite et humble part du rêve américain : une grande maison. Il semble jouer avec jubilation ce personnage trop gentil et un peu pathétique. Il est soutenu par un Christoph Waltz hilarant et surtout par Hong Chau, une actrice thaïlandaise dans un rôle très caricatural (à la limite du racisme parfois) mais qui vous fera sans doute rire et même peut-être pleurer !

Downsizing : La bande annonce

Avis de la rédaction sur Downsizing   4 / 5