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Critique Jessica Jones Saison 1 : une part d’ombre chez Marvel

Critique Jessica Jones Saison 1 : une part d’ombre chez Marvel

Après un premier pari réussi, celui d’un Daredevil viscéral et violent, NETFLIX avait en tête de proposer aux téléspectateurs un ensemble de séries plus large, autour des héros urbains issus des comics MARVEL. Le projet suivant était annoncé comme étant «Jessica Jones».

Peu connus, ce personnage et son univers sont des choix qui font cependant sens, car Jessica Jones est au centre d’une galerie de caractères MARVEL comme Luke Cage, Iron Fist, Daredevil… et par extension des fameux Defenders (dont ont même fait partie… Hulk et Doctor Strange).

Qui a éteint la lumière dans Hell’s Kitchen ?

Là où Daredevil poussait le curseur de la violence graphique, Jessica Jones poussera plutôt le curseur de la sensualité moite. Le fait d’être sur NETFLIX permet d’aller plus loin que sur un network TV classique, et à la sauvagerie des combats de Daredevil, répondent ici l’intimité crûe des personnages (ne rêvez pas on ne verra pas vraiment de boobs, quand même), sans oublier la cruauté gore de Kilgrave, le psychopathe sadique et imaginatif.

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Croyez-le ou non, le comic book d’origine, paru dans la collection «adulte» MARVEL MAX au début des années 2000, était plus explicite encore sur tous ces points. Cependant, son créateur Brian Michael Bendis (plus tard scénariste d’un «Civil War» dont on reparlera certainement bientôt) figure au générique de la série comme consultant, gage de respect du matériel original.

Dès le départ, la série présente une teinte résolument féminine. Le casting présente des hommes souvent ballottés, victimes des événements, alors que les femmes sont réactives, voire décisives dans le scénario. Carrie-Anne Moss, glaçante en avocate impitoyable, avec son compas moral légèrement déréglé, Rachael Taylor qui joue la demi-sœur adoptive de Jessica, du nom de Patsy Walker (… comme un certain membre des Defenders des années 70 en collants jaunes. Un indice pour une saison 2 ?)

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Grandeur et décadence du mâle new-yorkais

Mais la série repose avant tout sur Kristen Ritter, habituée à des rôles plus légers, qui interprète ici un personnage de Jessica Jones formidable, sorte de Wolverine triste et déglingué, dotée de super-pouvoirs physiques depuis l’accident de voiture qui a coûté la vie de sa famille, durant son adolescence. Teigneuse, alcoolique, destroy, rien ne semble pouvoir la sortir de la spirale de la dépression.
Tandis qu’elle se rend déjà responsable de la mort d’un certain nombre de personnes (dont sa famille), elle tombe il y a quelques mois sous le contrôle mental de Kilgrave (un ennemi un peu ringard de Daredevil dans les comics des années 70), alors qu’elle hésitait justement à devenir une super-héroine costumée. Kilgrave va alors profiter d’elle (littéralement), en la poussant également à commettre des actes de violence… jusqu’à la rupture.

Cet élément diffère légèrement du comic book, dans lequel Jessica était déjà une super-héroine avant d’être la victime du contrôle de Kilgrave, tout comme Luke Cage est supposée déjà être un super-héros vétéran. Des décisions qui n’impactent pas vraiment l’histoire général… et permettent probablement de grosses économies de production et d’effets spéciaux, lors des nombreux flashbacks indispensables dans la série.

Au passage, David Tennant largement à la hauteur livre une fantastique performance d’un Kilgrave psychopathe, bavard, charmeur et sadique tout à la fois. Bien sûr, pour moi ce sera toujours Le Docteur, mais on n’y peut rien (Allons-y !)

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Sans marteau magique, on met des baffes

Ceux qui opposent l’ambiance des films MARVEL à celle des séries NETFLIX font souvent une erreur d’appréciation, car ces différents univers, des dieux asgardiens aux rues glauques de Hell’s Kitchen, font bel et bien partie du même monde dans les comic books.

On aurait tort de souhaiter une ambiance à la Daredevil dans Avengers, tout comme on se tromperait en traitant Luke Cage et Jessica Jones comme on traite les Gardiens De La Galaxie. La série Daredevil, c’était un peu l’ambiance mafia et complot, Jessica Jones c’est l’ambiance détective privé (y compris l’excellente musique de Sean Callery, plus habitué aux musiques passe-partout de Bones et Elementary, qui repique ici quelques uns des plans qu’il a déjà utilisé dans la série policière Backstrom).

Mike Hammer avec des talonnettes

Du générique jusqu’à l’ambiance nocturne, Jessica Jones fonctionne donc selon les codes de ce « privé à l’américaine », le bureau miteux, la bouteille de whisky, les affaires d’adultère. Le scénario sera traité principalement par ce prisme. Aussi déglinguée soit-elle, Jessica est une enquêteuse née, à l’instinct sûr. C’est par son travail d’enquête minutieux qu’on déduira dans les premiers épisodes si Kilgrave est bien mort ou toujours vivant. Ce sont ses investigations qui lui donnent des pistes pour le contrer, mais aussi des preuves pour que les autorités croient enfin à son existence, dans ce grand jeu du chat sadique et de la souris traumatisée que se livrent les deux personnages.

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Paradoxalement, ce jeu du chat et de la souris est peut être la seule vraie faiblesse de la série. Vers le milieu de la saison, particulièrement autour de l’épisode 7, on aura un sentiment de répétition, qui ne semble mener nulle part. Jessica Jones est désespérée, pourtant elle enquête, elle échafaude des plans… mais Kilgrave a l’air à chaque fois si malin.

Ce serait sous-estimer la qualité des scénaristes, et on finit par se rendre compte que le super-vilain en costard pourpre (ou violet ? Ou parme ? Les filles, un avis peut-être ?) perd subtilement du terrain à chaque confrontation avec Jessica. Ceci étant dit, tout pouvait sans doute être dit en dix épisodes au lieu de treize.

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Hell’s Kitchen, la Quality Street ?

Avec cette deuxième série estampillée MARVEL, une mythologie héroique selon NETFLIX s’installe peu à peu. Avec de légères allusions au reste de l’univers des super-héros (dans Daredevil, le Kingpin prospère sur les décombres de la bataille du premier film Avengers, et un personnage secondaire de Daredevil fera même son apparition dans Jessica Jones), la promesse d’une série « Luke Cage » pour l’été 2016, basée ici sur la solide interprétation du personnage par Mike Colter, sans oublier le rêve d’une série « Iron Fis t» qui serait aux arts martiaux ce que Daredevil est à la castagne… mais pour l’instant sans responsable ni acteur principal en vue.

Car tout est supposé aboutir à une réunion de ces personnages, puis à leur apparition dans le troisième film Avengers en 2018.

Série magnifique, crépusculaire, dont la lenteur hypnotique constitue à la fois la force et la faiblesse, « Jessica Jones » prouve encore une fois que la télévision américaine (y compris dans son émanation la plus moderne comme NETFLIX) peut proposer des œuvres de fiction ambitieuses, réunissant des sommes de talents, de l’écriture au montage, à la lumière, que le seul cinéma pouvait se permettre d’aligner il y a encore quinze ans. Des produits télévisuels susceptibles de procurer à la fois subtilités, sensations fortes, avec un haut niveau d’exigence artistique.

Bien sûr, on en redemande, mais contrairement aux films DC Comics qui vont tous ressembler aux Batman de Christopher Nolan (et toc, prends ça Warner), on espère que des atmosphères et des partis pris seront toujours subtilement choisis, selon chaque personnage MARVEL traité à l’avenir par NETFLIX.

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Marvel's Jessica Jones

  • Création 2015 Terminé
  • Network Netflix
  • 3 saisons
  • Avec Krysten Ritter, Rachael Taylor, Eka Darville, Carrie-Anne Moss, Mike Colter, Erin Moriarty, Terry Chen, Leah Gibson, Janet McTeer, J.R. Ramirez