Coup de tonnerre dans le paysage audiovisuel cette semaine : le groupe TF1 a annoncé sa fusion avec le Groupe M6. Que faut-il retenir de cette annonce et qu’est-ce qui va changer ?
TF1 fusionne avec le groupe M6
La nouvelle est tombée en début de semaine, au terme d’apres négociations, le groupe TF1 a signé un accord afin de racheter 30% des titres M6 au groupe Berteslmann, ce qui représente au cours actuel du titre un joli chèque d’environ 640 millions d’euros.
Les deux chaines ont déclaré dans un communiqué commun avoir conçu cet accord :
en vue de créer le groupe de médias français proposant l’offre la plus diversifiée en TV, radio, digital, production de contenus et technologies, au bénéfice de tous les publics et de la filière audiovisuelle française.
Les négociations lancées il y a à peine quelques semaines se devaient d’aboutir rapidement ou d’etre abandonnées, les chaines des deux groupes devant se concentrer ensuite sur leurs dossiers de renouvellement d’autorisations d’émettre auprès du CSA.
Un rapprochement qui a toutes les chances d’etre validé par le gouvernement
Si les deux géants de la télévision française sont parvenus à un accord financier, la fusion ne sera pas effective avant au moins 18 mois, le temps de négocier avec l’Autorité de la concurrence et le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel les termes de cette opération.
Le groupe Berteslmann devrait conserver environ 16 % du capital du groupe M6 afin de ne pas mettre TF1 dans une position dominante anti-concurrentielle qui pourrait bloquer la finalisation du deal. Rappelez-vous que le rachat de Dailymotion par Yahoo !, ou la première tentative de rachat de la Fox par Disney avaient tous les deux capoté pour ce genre de raisons.
L’objectif du rachat de M6 par TF1 est d’une part de dégager des économies d’échelles entre les deux groupes, mais aussi de résister à la croissance fulgurante des services de streaming.
Rappelons que depuis le début de la pandémie la télévision française est en crise, avec des revenus publicitaires en forte baisse et un déport de plus en plus massif des téléspectateurs vers des géants du streaming comme Netflix, Disney+ ou Amazon Prime Video. Le lancement raté de SALTO, qui avait pour ambition de contrer les géants américains a démontré qu’un simple recyclage de contenus n’était pas suffisamment attractif.
Dans ce contexte, l’Élysée et le ministère de la Culture ne semblent donc pas hostiles à ce rapprochement, meme s’il mettra le groupe en position dominante du marché publicitaire français avec plus de 70% de parts.
Nicolas de Tavernost, le PDG de M6, pilotera le nouveau groupe
TF1 devenant actionnaire majoritaire de M6, on aurait pu s’attendre à ce que Gilles Pélisson, l’actuel PDG de TF1 prenne les rênes du groupe. Ce sera pourtant Nicolas de Tavernost, actuel président du directoire du groupe M6 qui pilotera le nouvel ensemble.
Ce choix s’explique du fait que Tavernost soit parvenu a concilier le récent rachat de RTL France par le Groupe M6 avec la rentabilité de l’ensemble, il est donc déjà rodé aux grandes problématiques qui accompagnent une telle fusion.
Qu’est ce que la fusion de TF1 et M6 va changer ?
Concrètement cette fusion ne devrait pas changer grand chose en terme de ligne éditoriale de chacune des chaines du groupe consolidé.
L’ambition affirmée de cette fusion est clairement de mettre en place une riposte au streaming comme expliqué dans leur communiqué :
Grâce à un portefeuille de marques fortes et des niveaux d’investissement ambitieux [le groupe veut créer] une plateforme nationale performante combinant une offre de rattrapage et de streaming (fondée sur MyTF1 et 6play) et une offre de SVOD.
Le nouveau groupe souhaite également mettre l’accent sur des productions originales (comme HPI ou Plan B) « avec l’ambition d’exporter davantage de contenus français ». Un modèle qui n’est pas sans rappeler celui de Netflix, Disney+ et Amazon.
D’ici fin 2022, le paysage audiovisuel français sera donc très probablement changé à jamais, espérons pour un mieux, meme si on a encore quelques réserves à ce sujet…