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Magnus Carlsen massacre ChatGPT aux échecs sans perdre la moindre pièce

Le numéro un mondial des échecs, Magnus Carlsen, a récemment partagé une partie qu’il avait jouée sur X (ex-Twitter) contre ChatGPT. Il a battu le célèbre chatbot sans perdre la moindre pièce. Une démonstration de force amusante qui a surtout mis en lumière les limites de l’intelligence artificielle en matière d’analyse échiquéenne.

ChatGPT se fait ridiculiser par le numéro 1 mondial des échecs

En voyage, Magnus Carlsen s’accorde parfois des parties de détente contre des intelligences artificielles. Cette fois-ci, c’est ChatGPT-4o qui lui a servi de sparring-partner ou plutôt de punching ball.

Sur les captures d’écran publiées par le champion, on voit clairement qu’il a balayé les pions adverses sans concéder la moindre pièce. « Je m’ennuie parfois en déplacement », commente-t-il avec humour.

À la fin de la partie, l’IA d’OpenAI a reconnu sa défaite avec une élégance programmée : « C’était méthodique, propre et tranchant. Bien joué ! »

Interrogée sur le niveau de jeu affiché par Carlsen lors de cette partie, ChatGPT a estimé sa force à… 1800-2000 Elo en cadence classique, « voire plus si sa préparation d’ouverture et sa précision tactique résistent à la pression ». Un verdict risible quand on sait que le Norvégien culmine actuellement à 2839 Elo, tous formats confondus (classique, rapide et blitz).

La dernière fois que Magnus Carlsen avait un classement aussi bas remonte à octobre 2001, il avait alors 10 ans, avec un modeste Elo de 2072. Autant dire que l’évaluation de ChatGPT est totalement à coté de la plaque sur cette évaluation.

Carlsen et l’IA de la fascination à la banalisation

Ce n’est pas la première fois que Carlsen évoque sa relation avec les outils d’intelligence artificielle. En 2023, il confiait dans une interview : « L’IA était très enthousiasmante au début, parce qu’elle permettait une manière différente de jouer, un peu hybride entre humain et moteur. Mais on reconnaissait toujours leur style non humain. »

Il se souvenait aussi de l’époque, fin 2018-début 2019, où certains joueurs, lui compris, y voyaient un avantage compétitif. « Ces outils se sont perfectionnés, mais maintenant tout le monde les utilise. Il est devenu beaucoup plus difficile d’en tirer un avantage distinctif. »

L’intelligence artificielle peut-elle battre les meilleurs joueurs humains ?

La question reste ouverte. Certains moteurs spécialisés comme Stockfish ou Leela Chess Zero sont aujourd’hui bien au-dessus du niveau humain, mais les IA généralistes comme ChatGPT, conçues pour dialoguer, pas pour dominer aux échecs, montrent encore leurs limites face aux grands maîtres.

Ce face-à-face entre Carlsen et ChatGPT rappelle un autre affrontement célèbre entre homme et machine : le match Deep Blue contre Garry Kasparov en 1997. Cette rencontre historique a marqué un tournant majeur dans la perception des intelligences artificielles. Deep Blue, un superordinateur développé par IBM, avait battu le champion du monde en titre après six parties très disputées. C’était la première fois qu’un programme battait un champion du monde en match classique.

Magnus Carlsen massacre ChatGPT aux échecs sans perdre la moindre pièce

Contrairement à ChatGPT, Deep Blue avait été entièrement conçu pour jouer aux échecs, avec une puissance de calcul brute et une base de données de millions de parties. Il analysait jusqu’à 200 millions de positions par seconde.

Une force de frappe qu’aucun cerveau humain ne pouvait égaler sur la durée. La victoire contre Kasparov avait suscité autant de fascination que d’inquiétude, symbolisant le début d’une ère où la machine pouvait dominer certains pans de l’intelligence humaine.

Ingénieur ENSAM Paristech et diplômé du MBA de l'ESSEC, Fabien est journaliste Tech & Pop Culture mais aussi Consultant IA et Marketing.