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L'Education Nationale développe une IA pour aider les enseignants à préparer les cours

La ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Élisabeth Borne, a confirmé le 26 août, dans une interview accordée à Brut, qu’une intelligence artificielle allait être proposée aux enseignants. S’ils le souhaitent il pourront s’aider ce cet outil dans leurs missions, en particulier pour préparer les cours. Cette annonce marque une étape supplémentaire dans l’intégration du numérique et de l’IA au sein du système éducatif français.

  • Une IA sera proposée aux enseignants pour aider à préparer les cours, sans remplacer le rôle du professeur.
  • Le déploiement est prévu pour 2026-2027, avec un budget de 20 millions d’euros dans le cadre de France 2030.
  • L’IA pourra assister dans la préparation, l’évaluation et la production de supports pédagogiques tout en restant encadrée et responsable.

Une IA pédagogique pour assister, pas pour remplacer

Élisabeth Borne insiste sur la distinction : cette IA devra fonctionner comme un « cerveau auxiliaire ». Elle pourra suggérer des contenus, aider à analyser les acquis des élèves et identifier les points de blocage. Mais le rôle central du professeur ne disparaît pas : « Évidemment, à la fin, c’est le professeur qui doit finaliser son cours. L’IA servira à lui débroussailler le travail », rappelle la ministre.

En proposant ce type d’outil aux enseignants, l’enjeu majeur sera d’éviter une dépendance excessive à la technologie tout en exploitant ses apports pour renforcer la personnalisation pédagogique.

La ministre met en avant le potentiel de l’IA pour « mieux comprendre ce qu’un élève a compris et ce qu’il n’a pas compris », un levier jugé déterminant pour améliorer les apprentissages. Dans cette logique, l’intelligence artificielle n’est pas présentée comme une substitution, mais comme un outil de différenciation pédagogique.

Un déploiement progressif et encadré à partir de 2026

Le déploiement effectif de cette IA est prévu pour la rentrée scolaire 2026-2027. Pour y parvenir, un appel à projets de 20 millions d’euros a été lancé cet été dans le cadre du programme France 2030. L’objectif est de concevoir une IA souveraine, ouverte et évolutive, spécifiquement adaptée aux besoins de l’éducation nationale française. Ce choix traduit une volonté de souveraineté numérique et d’indépendance vis-à-vis des solutions étrangères.

En parallèle, dès la rentrée 2025, des modules de formation à l’IA seront proposés aux élèves de 4ème et de 2nde via la plateforme Pix afin de leur donner les sensibiliser aux enjeux et aux risques des IA : fonctionnement des modèles, biais, données utilisées, impact environnemental.

Les enseignants, eux, pourront suivre des formations pour apprendre à utiliser l’IA comme appui pédagogique, tout en restant les garants du contenu transmis.

@brutofficiel

Élisabeth Borne annonce sur Brut. l’arrivée de l’IA pour aider les professeurs à faire leurs cours. L’interview d’Elisabeth Borne par @remybuisine sera disponible en intégralité sur notre chaîne YouTube dans la soirée.

♬ son original – Brut. – Brut.

Une panoplie d’usages prévus très large : de la préparation de cours à l’évaluation

Le périmètre annoncé par le ministère est large. L’IA pourra intervenir dans la préparation des séquences pédagogiques, la correction automatisée de certains devoirs, l’analyse des progrès des élèves ou encore la production de supports pédagogiques enrichis. L’idée est de libérer du temps aux enseignants pour leur permettre de se concentrer davantage sur l’accompagnement humain, la relation avec les élèves et l’innovation pédagogique.

Toutefois, le gouvernement fixe des garde-fous : l’IA devra être utilisée de façon transparente, en informant élèves et parents, et les professeurs devront systématiquement vérifier les contenus générés. Cette responsabilité est non négociable, précise la ministre, qui rappelle que l’IA « ne remplace pas l’humain, elle lui permet d’aller plus loin », et totalement indispensable compte tenu de la propension des IA à halluciner régulièrement. Comme le reprécise la ministre, les professeurs « restent les responsables du contenu ».

Une stratégie inscrite dans la durée

En février dernier, Élisabeth Borne soulignait déjà la nécessité d’« éduquer les élèves aux biais et aux limites de l’IA ». Dès juin 2025, le ministère avait publié un cadre autorisant les enseignants à utiliser des IA grand public comme ChatGPT, mais sous conditions : transparence, vérification et responsabilité finale de l’enseignant. L’étape suivante est désormais la mise en place d’un outil national souverain, financé et encadré par l’État.

Avec ce projet, la France veut éviter une dépendance aux grandes plateformes étrangères et bâtir une IA éducative alignée avec ses valeurs. Mais au-delà de la souveraineté technologique, le succès du dispositif dépendra de son appropriation par les enseignants et de sa capacité à s’intégrer sans rigidité dans les pratiques pédagogiques. L’équilibre entre innovation et responsabilité reste la clé d’une intégration réussie.

Ingénieur ENSAM Paristech et diplômé du MBA de l'ESSEC, Fabien est journaliste Tech & Pop Culture mais aussi Consultant IA et Marketing.