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Hedy Lamarr, cette star d’Hollywood a posé les bases du Wi-Fi à l'âge de 26 ans


Longtemps cantonnée à son image de diva glamour, Hedy Lamarr a pourtant co-inventé une technologie essentielle à nos communications modernes. Dans l’ombre des projecteurs, l’actrice a participé à poser les bases du Bluetooth, du GPS et du Wi-Fi. Une histoire méconnue, aux allures de thriller scientifique.

Derrière le mythe, une ingénieure autodidacte

Quand on pense à Hedy Lamarr, on imagine la star de Samson and Delilah, ou encore la sulfureuse actrice autrichienne de Extase. Pourtant, derrière cette façade publique, se cache une intelligence technique hors norme. Née en 1914 à Vienne, issue d’un milieu bourgeois cultivé, elle montre très tôt une fascination pour les machines, les radios, les mécanismes. Après avoir fui l’Autriche nazie et un mari marchand d’armes proche du régime hitlérien, elle débarque aux États-Unis en 1938 et devient rapidement une icône du cinéma américain.

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Mais la Seconde Guerre mondiale, et en particulier le torpillage tragique du SS City of Benares en 1940 (77 enfants morts en mer), agit comme un électrochoc. Lamarr décide de mettre ses compétences au service des Alliés. Avec l’aide du compositeur George Antheil, passionné de technologie lui aussi, elle développe une idée révolutionnaire : un système de communication sans fil sécurisé, basé sur le changement de fréquence aléatoire. Objectif : permettre à des torpilles de ne pas être interceptées ou brouillées par l’ennemi.

Une invention trop en avance sur son temps

Le 11 août 1942, le duo dépose un brevet auprès du gouvernement américain (brevet US 2,292,387). Le principe est simple sur le papier, mais novateur : faire “sauter” un signal radio d’une fréquence à l’autre, de manière synchronisée entre l’émetteur et le récepteur. Cette technologie, appelée frequency hopping, rend les communications quasi impossibles à intercepter.

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À l’époque, la marine américaine juge l’invention trop complexe à déployer. Le brevet tombe peu à peu dans l’oubli, tandis que Lamarr continue sa carrière au cinéma, sans jamais être reconnue pour sa contribution scientifique. Ce n’est que des décennies plus tard, dans les années 1980 et 1990, que le saut de fréquence est redécouvert par l’industrie des télécommunications. Il devient un pilier fondamental pour des standards comme le Bluetooth, le Wi-Fi ou encore certaines formes de GPS militaire.

Une reconnaissance tardive mais légendaire

Il faudra attendre les années 2000 pour que le nom de Hedy Lamarr réapparaisse dans les cercles technologiques. Son brevet, tombé dans le domaine public en 1959, est désormais cité dans les bases des communications numériques modernes. En 2014, elle est intrônisée au National Inventors Hall of Fame, aux côtés d’Antheil, pour leur rôle fondateur dans le développement des transmissions sécurisées.

Ironiquement, Lamarr n’a jamais touché un centime pour son invention. Mais son héritage dépasse largement les enjeux financiers : elle est devenue le symbole même de l’intelligence féminine occultée par l’histoire. Aujourd’hui, son nom figure dans des documentaires (Bombshell de Alexandra Dean, 2017), des conférences TED, et même dans des programmes éducatifs qui cherchent à inspirer une nouvelle génération de scientifiques.

Hedy Lamarr est morte en 2000, à l’âge de 85 ans, sans avoir pleinement mesuré l’impact colossal de sa contribution. Mais dans chaque smartphone, chaque borne Wi-Fi et chaque communication sans fil, une part de son génie vit encore.

Ingénieur ENSAM Paristech et diplômé du MBA de l'ESSEC, Fabien est journaliste Tech & Pop Culture mais aussi Consultant IA et Marketing.