Le dernier film de Clint Eastwood nous raconte l’histoire vraie des 3 jeunes américains qui ont déjoué l’attentat du Thalys entre Amsterdam et Paris.
Eastwood nous raconte leur enfance et leurs différentes trajectoires jusqu’au moment fatidique où ils ont immobilisé un terroriste armé.
15h17 pour Paris et les héros du coin de la rue
Clint Eastwood s’intéresse depuis longtemps à la figure de l’héroïsme dans son cinéma.
Depuis le diptyque Mémoires de nos pères et Lettres d’Iwo Jima, le réalisateur traite de plus en plus de l’héroïsme issu des histoires vraies comme dans Invictus, American Sniper ou Sully.
Comme dans ses 2 derniers derniers films, Eastwood revient sur un événement très récent, l’attaque du Thalys en août 2015. Tellement récent, que le procès de l’auteur de l’attentat n’a même pas encore eu lieu, et que le film a même servi d’excuse à la justice pour éviter une reconstitution.
Le train train ennuyeux d’une l’histoire vraie
Pour cette reconstitution cinématographique, Eastwood a décidé de prendre les véritables protagonistes de l’événement et de leur faire jouer leur propre histoire.
L’idée est courageuse, mais on s’aperçoit vite des limites du principe : ils ne savent pas jouer, ils semblent mal à l’aise, crispés et le regard fuyant.
Pourtant Eastwood avoue lui même que :
Je pense que le plus difficile pour un acteur, c’est de jouer son propre rôle.
Alors pourquoi infliger à des non-acteurs de jouer leur propre rôle ? On se le demande tout au long du film… de ce film d’1h30 qui semble interminable.
L’événement marquant du film, durant à peine une dizaine de minutes, aurait du raconter autre chose, établir un contexte qui permettait de montrer leur héroïsme comme climat de leur vie et du film. Mais leurs vies ordinaires, leur rencontre lorsqu’ils étaient enfants, jusqu’à leur engagement dans l’armé ou la garde-nationale, n’arrivent jamais à faire décoller le film.
Les quelques tentatives ou dialogues montrant Spencer Stone ayant des envies d’actions d’éclat ou de véritablement vouloir sauver des vies sont lourdes et maladroites. De même, le voyage à travers l’Europe est à peine digne d’un film de vacances.
Ces séquences n’amènent rien à l’histoire, ni aux personnages, à part un profond ennui pour le spectateur. L’un des personnages insiste tout le temps pour faire des selfies, et on se dit qu’on a touché le fond, que ce film n’est pas réalisé par l’un des plus grands auteurs du cinéma américain toujours en exercice.
Bande annonce de 15h17 pour Paris
Le dernier moment gênant du film, est la scène finale du film : le discours de François Hollande qui remercie les jeunes américains (ainsi qu’une autre personne ayant participé à sauver un blessé).
Eastwood mixe les images qu’il a tournées avec les images officielles du président Français, dont le charisme n’est pas sa plus grande qualité. Les problèmes de changement de format, le discours attendu et la non-ressemblance de la doublure utilisée par Eastwood pour interpréter François Hollande de dos (Patrick Braoudé qui avait déjà interprété le Hollande dans un téléfilm) finissent d’achever le film, et le spectateur, devant un tel manque d’idée cinématographique.
15h17 pour Paris est peut-être arrivé trop tôt
Outre le jeu approximatif des héros, le scénario lui-même n’est pas à la auteur. Le scénario, adapté du livre des jeunes héros, a été écrit par une jeune scénariste dont c’est le premier scénario pour le cinéma.
Pourtant photographié par son chef opérateur historique depuis Créance de Sang, l’image est digne d’un téléfilm fauché.
Préparé, tourné et monté en à peine 11 mois, on peut se demander si tout le film n’a pas été bâclé, tellement il ne ressemble pas à un film de Clint Eastwood.
On sait qu’il a l’habitude de tourner rapidement et pas cher, mais cette fois il est peut être allé trop vite…
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Clint Eastwood-Portraits de Héros-Le 15h17 pour Paris + Sully + American Sniper
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L'avis de Thibault Castan Boissy
Le 15h17 pour Paris
- 07 février 2018 (1h34)
- De Clint Eastwood
- Avec Alek Skarlatos, Lillian Solange Beaudoin, Tony Hale, Thomas Lennon, Spencer Stone, Seth Meriwether, Robert Pralgo, Ray Corasani, Paul-Mikél Williams, P.J. Byrne
15h17 est un film ennuyeux et sans intérêt, dont seules 10 minutes concernent l'attaque terroriste du Thalys.
Le scénario du film n'est pas à la hauteur, l'image est digne d'un téléfilm et les militaires qui incarnent leur propres rôles ne savent pas jouer.
Un film à éviter, qui n'est pas digne de la filmographie de Clint Eastwood.