Le PDG d’OpenAI, Sam Altman, met en garde : les échanges avec ChatGPT peuvent être utilisés comme preuves judiciaires. Une déclaration qui relance le débat sur la confidentialité des IA grand public.
Tout comme Facebook ou Google, ChatGPT peut partager vos informations avec la justice
Alors que de plus en plus d’utilisateurs se tournent vers ChatGPT pour discuter de sujets intimes, voire sensibles, peu réalisent que ces conversations n’ont pas le même statut que celles tenues avec un professionnel de santé ou un avocat. Sam Altman, interrogé dans une émission de podcast, a résumé la situation sans détour : « Il n’y a aucun privilège légal attaché aux échanges avec une IA ».
En clair, si la justice en fait la demande, OpenAI peut être contraint de livrer les transcriptions de vos dialogues avec ChatGPT. Aucun secret professionnel ne protège ces données. Une situation qu’Altman qualifie lui-même de « profondément problématique », surtout à l’heure où l’IA devient un outil de soutien personnel.
Se confier à une IA : la fausse bonne idée
Le patron d’OpenAI s’inquiète du décalage croissant entre l’usage qu’ont les utilisateurs de ChatGPT, parfois comme journal intime ou conseiller de vie, et le cadre juridique actuel. « Les gens utilisent ces systèmes comme thérapeutes. Et pourtant, si quelque chose tourne mal, tout cela peut finir dans un dossier judiciaire. C’est insensé », déplore-t-il.
Dans un contexte de procès ou d’enquête, ces échanges pourraient en effet être requis, analysés et retenus comme pièces à conviction. Cela inclut des aveux, des réflexions personnelles, voire des détails médicaux ou financiers. Si vous pensiez discuter en toute confidentialité, détrompez-vous.
OpenAI face à la justice : la confidentialité en question
La situation se complique encore avec l’affaire en cours entre OpenAI et le New York Times. Le quotidien américain réclame la conservation intégrale des conversations utilisateurs, dans le cadre de poursuites liées à la propriété intellectuelle. OpenAI conteste cette demande, estimant qu’un tel archivage perpétuel serait une atteinte majeure à la vie privée. Sam Altman parle d’un « précédent dangereux ».
Ce conflit illustre une tension plus large : faut-il accorder aux échanges avec les IA une protection comparable à celle du secret professionnel ? Pour Altman, la réponse est oui. Il évoque l’idée d’un « AI privilege », un statut légal qui garantirait aux utilisateurs que leurs discussions avec une IA resteront confidentielles, même face à la justice.
Pas de panique, mais soyez prudents…
Pour l’instant, rien ne garantit cette protection. Les conditions d’utilisation de ChatGPT indiquent que certaines données peuvent être enregistrées et utilisées à des fins d’amélioration du service. Si vous utilisez l’outil dans sa version gratuite ou standard, vos conversations peuvent être conservées et analysées, sauf configuration spécifique du mode « confidentiel » ou « entreprise ».
En attendant une évolution législative claire, la prudence est de mise. Évitez de confier à une IA des éléments trop personnels, sensibles ou juridiquement risqués. Ce conseil vaut pour ChatGPT comme pour tout autre assistant conversationnel, qu’il soit signé Google, Meta ou Anthropic.