Si vous ne connaissez toujours pas la série Black Mirror, la série du britannique Charlie Brooker, voici un article pour vous mettre au niveau, et j’espère, vous donner envie de commencer cette série si spéciale dans le cœur des sérivores.
Comme pour les saisons précédentes, il y a du bon et forcement du moins bon. C’est un problème inhérent aux séries sans continuité : chaque épisode est une nouvelle proposition, de nouveaux personnages, un nouvel univers auquel il faut adhérer.
Toujours de nouveaux talents devant et derrière la caméra
Cette saison, comme les précédentes, peu de visages connus, par le public français en tout cas. Mise à part Rosemarie DeWitt que l’on connait en second rôle dans Rachel se marie ou Mad Men.
Les autres sont aussi des comédiens que l’on a pu voir dans des seconds rôles en télé ou au cinéma, comme Jesse Plemons, que l’on reconnait surtout par sa ressemblance avec Matt Damon, Cristin Milioti (La mère, dans How I met Your Mother), Joe Cole (Peaky Blinders) ou encore Andrea Riseborough (Oblivion).
On peut souligner que cette saison, plus que les autres en tous cas, on trouve une bonne diversité ethnique dans le casting mais surtout qu’il fait la part belle aux rôles féminins ! tous les épisodes ont des femmes en personnages principaux ou en héroïnes. Et en cette période où l’on s’interroge beaucoup sur la place des minorités et des femmes sur nos écrans, on a la preuve que c’est possible chez les anglo-saxons.
Du côté de la réalisation, comme pour la saison dernière, des réalisateurs anglais de télévision côtoient des cinéastes qui viennent se frotter à l’univers crépusculaire de Charlie Brooker.
La plus connue est sans doute Jodie Foster, qui nous livre un épisode sur la maternité et les dérives du contrôle parental. Touchant, mais malheureusement un peu redondant et du coup assez prévisible au final. Mais, on pourra se demander si cette histoire d’une enfant sous surveillance constante n’avait pas une résonance spéciale pour Jodie Foster, l’ex enfant star.
Parmi les autres réalisateurs, on trouve John Hillcoat, réalisateur de clips et de longs métrages tels que La route (2009), Des Hommes de loi (2012) ou plus récemment Triple 9 (2016). Autre pubard-clipper-cinéaste, nous avons David Slade, réalisateur du superbe Hard Candy (2005), puis 30 jours de nuit (2007) et surtout plusieurs épisodes des séries Hannibal et American Gods. Son épisode Metalhead est aussi l’un des épisode les plus décevants : même si on retrouve son style brut et très esthétique (premier épisode en noir et blanc), il manque un scénario qui aille au-delà d’une simple course poursuite entre des survivants et des robots-chien.
Et, pour le dernier épisode, Colm McCarthy, réalisateur de télévision (Peaky Blinders) qui a sorti son premier long métrage l’année dernière, The Last Girl – Celle qui a tous les dons. Ce dernier, peu remarqué en France est pourtant l’un des meilleurs films de zombie depuis des années !
Ce talentueux réalisateur anglais a pour mission de faire le dernier épisode de la saison qui est un des plus originaux et audacieux de la série, par sa forme narrative comme par les sujets traités.
Black Mirror : comment garder de la créativité ?
Avec cette 4ème saison, on voit revenir certaines thématiques simples, traitées sous de nouveaux angles, plus ou moins inattendus. Si vous vous intéressez aux rencontres et relations amoureuses, la gestions des données, la mémoire, l’éducation, le regard des autres, la justice et leurs modifications face aux nouvelles technologies, cette saison (comme les autres) est faite pour vous.
Après 19 épisodes tournant autour de l’utilisation abusive des nouvelles technologies, il est toujours plus compliqué d’être original et percutant à chaque histoire. De plus le spectateur commence à comprendre les méthodes de constructions des épisodes et veut toujours être surpris, être confronté à l’inattendu, à la déviance auquel il n’a pas pensé.
Car Charlie Brooker a le mérite de savoir souvent nous surprendre dans sa connaissance des pires penchants humains. Mais, comme il traite parfois du formatage culturel des pensées, lui même formate d’une certaine manière ses spectateurs, à toujours penser aux pires utilisations des technologies.
C’est pour cela que chaque saison a ses épisodes plus faibles et bien sur, ceux qui sortent du lot comme San Junipero, de la saison 3 qui avait gagné 2 Emmy Awards.
Et, comme le prouvait cet épisode, Black Mirror n’est jamais aussi bon que dans les idées extrêmes, quand nous sommes perdus dans l’intrigue, quand on se pose des questions tout au long du visionnage, pour percer le mystère de l’histoire. Ce n’est pas forcement le cas sur tout les épisodes de cette saison 4.
Les nouvelles technologies ne sont pas infinies. Les écrans sont déjà très présents dans notre société et leurs utilisations déviantes sont souvent évoquées dans l’actualité, que ce soit dans notre rapport aux autres, dans la gestion et la protection des données, ou l’influence grandissante des intelligences artificielles. Les implants et le transhumanisme, peu ou pas encore répandus, effraient autant qu’ils séduisent.
Charles Brooker a su trouver des situations simples mais efficaces pour illustrer les penchants humains les plus sombres. Car, il faut bien le dire, l’auteur n’a pas vraiment foi en la technologie ni en l’humain d’ailleurs. Même l’amour, qui semble l’unique rempart à l’asservissement par la technologie, peut devenir le point faible qui va laisser entrer la technologie.
On avait senti dans la saison précédente une volonté de se confronter à de nouveaux styles visuels et narratifs forts. Les budgets de Netflix le permettent encore cette année.
Nous avons un épisode hommage (ou pas 🙂 à Star Trek, une chronique initiatique adolescente, un polar d’ambiance scandinave, une comédie romantique, un survival robotique et une vengeance enrobée dans une mise en abîme.
Bande annonce de la Saison 4 de Black Mirror
https://youtu.be/5ELQ6u_5YYM
Sur une saison de 6 épisodes, 3 sortent vraiment du lot. Le premier, U.S.S Callister apparait comme un hommage sympathique à Star Trek mais vire très vite à la fable acerbe sur ce genre de programme vieillot dont les schémas narratifs se multiplient à l’infini dans des épisodes interchangeables avec des personnages dont les relations sont stéréotypées.
Bref, Black Mirror affirme sa différence dés le début de saison avec un épisode drôle, riche en rebondissements et niveaux de lectures à explorer !
Le second épisode qui vous marquera sans doute, raconte l’histoire d’un couple dés leur premier rendez-vous grâce à une application de rencontre. Il est difficile d’en dire plus sans spoiler, mais cette comédie romantique qui a tout les ingrédients de son genre risque de vous surprendre par son final.
Après avoir vu cette épisode, vous n’utiliserez plus jamais une application de rencontre sans esquisser un petit sourire !
Black Mirror au musée ?
Ce dernière épisode est très particulier. Prophétiquement intitulé Black Museum, on trouve des références à quasiment tous les épisodes de la série. En effet on aperçoit des images et des accessoires familiers qui confirme donc, que la majorité des épisodes de la série feraient, en fait, partie du même univers.
De plus, le guide dans ce musée a participé aux développement de plusieurs neuro-technologies qui sont possiblement liées à tous les épisodes évoquant les implants. Tout l’univers de Black Mirror serait donc connecté ?
Charles Brooker est-il en train de faire passer un message plus profond à travers ce dernier épisode, qui contient d’ailleurs plusieurs mini-histoires ?
La fin de cet ultime épisode pourrait être une belle fin de saison ou, au contraire, une façon d’annoncer beaucoup plus de liens entre les épisodes futurs, et pourquoi pas des rencontres entre certains personnages ?
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Black Mirror Season 4 [Import]Polonais, la couverture peut contenir du texte/marquages polonais. Le disque a un son en anglais.
Black Mirror
- Création 2011 En cours de diffusion
- Network Netflix
- 6 saisons
- Avec Johann Myers, McKell David, Dominic Le Moignan, Paul Popplewell, Isabella Laughland, David Fynn, Colin Michael Carmichael, Kerrie Hayes, Eugene O'Hare, Jaimi Barbakoff