Le triomphe d’Anora au Festival de Cannes 2024 a surpris, ému, voire divisé. Mais derrière cette comédie dramatique au ton doux-amer, se cache un tournage riche en anecdotes et en choix radicaux. Entre immersion new-yorkaise, scènes délicates à diriger et actrice transformée, retour sur les secrets de fabrication du film signé Sean Baker.
Anora est inspiré d’une histoire vraie
Derrière l’intrigue romanesque se cache une parcelle de réalité : Sean Baker s’est inspiré d’un récit rapporté par un ami concernant un couple dans la communauté russo-américaine de Brighton Beach. Dans cette histoire vraie, la femme d’un homme endetté aurait été retenue en otage par la mafia, puis aurait développé une forme d’attachement pour l’un de ses ravisseurs. Cette trame, initialement sombre, a servi de germe à Anora, repensée par Baker sous la forme d’un conte moderne où la strip-teaseuse épouse non un ravisseur, mais le fils d’un oligarque.
Le film a intégralement été tourné à Brooklyn
Pas question de recréer Brighton Beach en studio. Pour capter l’essence du quartier russe de Brooklyn, Sean Baker et son équipe se sont installés directement sur place. Le réalisateur et son actrice principale, Mikey Madison, ont même partagé un logement dans le quartier plusieurs semaines avant le tournage. Objectif : s’imprégner du rythme, des sons et de la vie locale. Une démarche fidèle à la méthode quasi documentaire que Baker applique depuis ses débuts.
L’actrice Mikey Madison a suivi une préparation intensive
Choisie sans passer d’audition, Mikey Madison s’est jetée à corps perdu dans le rôle d’Ani, une strip-teaseuse russo-américaine. L’actrice, révélée dans Once Upon a Time in Hollywood et Scream, a appris des bases de russe, pris des cours de pole dance et fréquenté des clubs de strip new-yorkais pour mieux comprendre les gestes, les regards, les silences de celles qui inspirent son personnage. Une transformation discrète mais radicale, saluée par les critiques.
Le réalisateur a mimé les scènes … sexuelles
Certaines séquences sexuelles du film étant particulièrement explicites, Sean Baker n’a pas hésité à… les jouer lui-même. Aux côtés de sa productrice Samantha Quan, il mimait certaines postures ou dynamiques émotionnelles pour guider les comédiens en toute sécurité et clarté.
Une méthode surprenante, mais qui a permis d’éviter les malentendus sur le plateau et de garder un cadre respectueux.
Une Palme d’or engagée
Derrière son apparente légèreté, Anora porte un message fort. Lors de la remise de la Palme d’or, Sean Baker a dédié son prix aux travailleuses et travailleurs du sexe, appelant à « une reconnaissance humaine et sociale sans stigmatisation ». Un discours rare sur la scène cannoise, applaudi par une partie de la profession mais aussi critiqué pour ce que certains ont perçu comme une vision encore trop romancée du métier.
Une standing ovation de 10 minutes
Lors de sa première projection officielle à Cannes, Anora a reçu une ovation debout de plus de dix minutes. Une séquence devenue virale sur les réseaux sociaux, où l’on voit Mikey Madison émue aux larmes, soutenue par son équipe. Cette réception enthousiaste a contribué à propulser le film en tête des pronostics… bien avant le palmarès officiel.
Une suite logique pour Neon
Le distributeur Neon, déjà à l’origine de Parasite, Titane ou encore Anatomie d’une chute, poursuit sa série gagnante. Anora devient ainsi la cinquième Palme d’or consécutive pour la société indépendante, qui semble avoir trouvé la recette miracle pour séduire le jury cannois tout en visant un succès critique et public.
Un succès au-delà des festivals
Produit pour un budget modeste (autour de 6 millions de dollars), Anora a dépassé toutes les attentes en salles. Porté par un bouche-à-oreille enthousiaste, le film a enregistré plus de 60 millions de dollars de recettes mondiales. Une performance exceptionnelle pour une œuvre d’auteur, qui laisse entrevoir un bel avenir en période de prix.
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