Fantastic Four: First Steps, sorti il y a quelques jours sur les écrans est l’un des meilleurs films Marvel sortis ces dernières années. Toutefois le film présente selon nous un gros défaut dans la façon de présenter le personnage de Reed Richards, alias Mr. Fantastic. Si son intelligence reste son principal atout, il est dépeint avec des caractéristiques peu reluisants : mâle toxique, égocentrique, peureux et incapable de se connecter aux autres (et non on n’exagère même pas ici).
Mais avant de développer ces points, précisons que la suite de cet article sera rempli de spoilers, il est donc déconseillé de le lire avant d’avoir visionné le film.
Reed Richards est intellectuellement brillant mais autiste
Au premier visionnage du film un point m’avait dérangé sans que je parvienne à mettre le doigt dessus. A la sortie d’un deuxième visionnage cela m’a paru évident : le film ne se contente pas de montrer un savant brillant, il expose aussi un homme pervers, lâche et incapable de se connecter émotionnellement avec ceux qu’il aime. Son approche clinique et détachée des relations humaines crée un climat pesant autour de lui, transformant sa lucidité scientifique en forme de froideur quasi pathologique.
Dès les premières scènes, on comprend que Reed voit la parentalité comme une équation à résoudre. Il parle de son futur enfant comme d’un facteur instable dans une matrice cosmique. Lors d’une séquence marquante, il lui confie d’ailleurs à voix basse :
« J’espère que tu ne seras pas comme moi. Il y a quelque-chose qui cloche chez moi, ça a toujours été comme ça »
Des mots lourds de sens, qui trahissent un mal-être profond dont il est totalement conscient.
Un peu plus tard dans le film il évoque lors d’un diner de famille la possibilité de sacrifier son enfant tout en décrivant cette stratégie comme « logique, éthique et réalisable ». Une phrase glaçante qui met hors d’elle son épouse. Elle quitte la table et lui reproche directement de « lui faire du mal ».
Ce portrait d’un génie émotionnellement aveugle rapproche plus Mr Fantastic d’un anti-héros autiste que du chef de famille qu’il prétend être.
A plusieurs reprises au sein de son équipe, ses décisions sont dictées par la logique, jamais par l’instinct ou le cœur. Résultat : il agit souvent seul, persuadé de savoir mieux que les autres. Un comportement typique du mâle alpha toxique version 2.0, qui pense que son intellect froid justifie tout, même la manipulation silencieuse.
Un leader aussi lâche que pervers
Mais Reed ne se contente pas d’être émotionnellement absent. Lorsque la menace colossale de Galactus surgit, il se révèle être à la fois un leader peureux et un calculateur franchement pervers.
Une scène précise cristallise ce malaise : après le retour des FF suite à leur première confrontation avec Galactus, le monde attend des réponses lors de la conférence de presse organisée pour le retour de l’équipe. Reed bredouille, hésite, puis se tait, avant que Ben Grimm ne réponde à sa place que la menace de Galactus pèse encore sur la Terre.
Même ses coéquipiers le regardent, désemparés. À cet instant, plus rien ne reste du chef visionnaire, seulement un homme submergé par ses propres peurs. Une figure creuse, paralysée par l’ampleur de la responsabilité. Ce sur quoi Reed enchaine en expliquant au monde entier que le géant cosmique voulait en échange qu’on lui livre Franklin Richards.
On se demande bien pourquoi Reed qui était muet un instant auparavant ouvre alors sa grande bouche pour expliquer cela alors qu’on ne lui a rien demandé. C’est supposé être l’un des esprits les plus brillants de la planète, alors comment pourrait-il ignorer qu’il va ainsi s’attirer la haine de toute l’humanité ?
C’est clairement un calcul pervers qui lui permet à la fois de se décharger du poids moral de son échec et de semer les graines toxiques d’une situation qui en pourrissant aboutira au sacrifice de Franklin. Il s’imagine peut-être même que la foule viendra kidnapper l’enfant, ce qui le laverait de toute responsabilité dans cet abandon, qui sait…
A plusieurs reprise alors que l’équipe s’agite dans tous les sens, Reed tergiverse, doute, fuit le regard des siens, ne prend jamais de décision claire, et dès qu’il le peut va se réfugier dans son laboratoire à griffonner des équations, à se demander s’il ne cherche pas plus à s’isoler qu’à trouver des solutions.
Le scénario construit progressivement un portrait de Reed Richards pas vraiment reluisant comme étant un intellectuel froid, capable de sacrifier tout ce qui lui est cher si l’équation le justifie.
Finalement quand on y pense, même sur le champ de bataille, son pouvoir d’élasticité devient un symbole criant de sa lâcheté intérieure : il s’étire, recule, se faufile… au lieu d’affronter. Ce qui devait être un atout ne deviendrait il pas un aveu d’impuissance ?
Reed Richards a-t-il jamais voulu être père ?
La dynamique de Reed avec Sue accentue cette ambivalence : elle veut un partenaire, il se comporte en scientifique. On peut légitimement se poser la question : a-t-il jamais vraiment voulu avoir un enfant ?
Notez à quel point il semble peu enthousiaste au début du film quand il apprend que sa femme est enceinte après 2 ans d’efforts ? Il parait même surpris, comme si … il avait secrètement œuvré afin de ne pas avoir d’enfant tout en feignant des faire des efforts en ce sens pour plaire à sa femme. Il lui répond alors d’une façon très étrange pour un futur papa :
Ca ne va rien changer.
Dès le début du film cela crée un léger malaise …
Si Sue cherche un père dans son mari, il répondra systématiquement par la suite en scientifique froid, en modélisant l’ADN de leur enfant. À force de vouloir tout contrôler, il échouera à protéger l’essentiel : la confiance. Et dans un film où chaque membre des Quatre Fantastiques trouve sa voie, Reed reste le seul à s’égarer dans ses propres certitudes…
Une vision woke de Reed Richards en male toxique qui ne fait pas honneur au personnage Marvel
Rappelons que le film a eu du mal à trouver son casting à cause d’un scénario trop woke, lequel dans sa version finale a remplacé sans aucune justification le Silver Surfer par une Silver Surfeuse.
Si dans notre analyse on a un peu forcé le trait (à la limite de la mauvaise foi, je l’admets) force est de constaté que la version de Reed Richards campée par Pedro Pascal est celle d’un pleurnichard qui a du mal à prendre ses responsabilités et se cache dès qu’il le peut derrière la logique.
C’est selon nous franchement dommage, le personnage méritait mieux, et était presque mieux traité dans le nanaresque reboot de Josh Trank de 2015. Un comble…
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L'avis de Mr Geek
Les Quatre Fantastiques : Premiers pas
- 23 juillet 2025 (2h17)
- Titre original The Fantastic Four: First Steps
- Univers Les 4 Fantastiques, Marvel, MCU
- De Matt Shakman
- Avec Pedro Pascal, Vanessa Kirby, Joseph Quinn, Ebon Moss-Bachrach, Ralph Ineson, Julia Garner, Paul Walter Hauser, John Malkovich, Natasha Lyonne et Sarah Niles
Les Quatre Fantastiques : Premiers pas délivre un mélange savoureux d'action et d'émotions, ancré dans un univers visuel qui rend hommage à la période des années 60 avec brio. On échappe à l'origin story déjà vue et revue et on plonge directement dans le quotidien de cette famille pas comme les autres. Matt Shakman réussit à équilibrer enjeux cosmiques et dynamiques familiales offrant une dimension humaine inattendue à l'intrigue.
On regrettera tout de même que nos 4 nouveaux héros soient si peu caractérisés : on ne sait quasiment rien d'eux, pas plus de l'étendue de leurs pouvoirs que de leurs failles personnelles. La confrontation finale avec Galactus est également un peu bâclée ce qui enlève un peu de saveur à une confrontation si attendue par les fans.
Malgré ces défauts, et le film est une belle réussite et nous donne de l'espoir pour la suite de la phase 6 du MCU.