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Pornhub, YouPorn et RedTube à nouveau accessibles en France

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La bataille entre Aylo, propriétaire de plusieurs sites pornographiques majeurs, et le gouvernement français prend un nouveau tournant. Après avoir bloqué volontairement l’accès à ses plateformes début juin, Aylo vient de réactiver Pornhub, YouPorn et RedTube en France. Cette décision fait suite à la suspension par la justice administrative d’un arrêté imposant un contrôle strict de l’âge des internautes. Une victoire temporaire pour l’entreprise, mais le bras de fer est loin d’être terminé.

Youporn est à nouveau accessible en France … provisoirement

Depuis plusieurs mois, la France cherche à appliquer un système efficace de vérification d’âge sur les sites pornographiques, avec un objectif clair : empêcher les mineurs d’y accéder. En mai 2024, un arrêté imposait aux éditeurs européens de contenus X d’implémenter une authentification anonyme et certifiée. Mais le tribunal administratif de Paris a récemment suspendu cet arrêté, estimant que certaines modalités pourraient porter atteinte aux libertés fondamentales, notamment la protection des données personnelles.

Dans la foulée, Aylo a remis en ligne ses sites phares, rendant à nouveau accessibles leurs millions de vidéos en streaming. L’entreprise avait auparavant critiqué le dispositif français, affirmant qu’il représentait une menace pour la vie privée et que les technologies proposées étaient ni sûres ni adaptées.

La bataille politique et juridique est toujours en cours

La réaction du gouvernement ne s’est pas fait attendre. Le ministère de la Culture, en lien avec l’Arcom (l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique), a annoncé vouloir se pourvoir en cassation devant le Conseil d’État. L’objectif est clair : rétablir l’arrêté et forcer les plateformes pornographiques à appliquer un système de contrôle d’âge jugé robuste et respectueux du droit français.

La France défend une solution dite en « double aveugle« , reposant sur un tiers de confiance qui certifie l’âge de l’utilisateur sans révéler son identité au site visité. Ce système, encore en cours de déploiement, vise à concilier protection des mineurs et confidentialité.

Aylo contre-attaque : une censure maquillée ?

Dans un communiqué diffusé début juin, Aylo dénonçait ce qu’il qualifiait de « censure déguisée« , arguant que le dispositif français allait trop loin. Selon l’entreprise basée à Chypre, ces exigences pourraient inciter les internautes à se tourner vers des alternatives plus dangereuses, comme le darknet ou les plateformes illégales échappant à toute régulation.

Le groupe propose en contrepartie une approche technologique radicalement différente : déporter la vérification d’âge au niveau du système d’exploitation ou du navigateur, et non au site. Une idée encore très théorique, mais qui gagne en visibilité dans le débat public européen.

Un enjeu européen de taille

La France n’est pas seule dans ce combat. L’Union européenne discute aussi d’un encadrement plus strict des contenus sensibles accessibles aux mineurs. Mais les méthodes divergent, et le cas français pourrait faire jurisprudence. L’efficacité de la régulation passe-t-elle nécessairement par l’identification ? Ou existe-t-il des solutions technologiques alternatives, moins intrusives mais tout aussi efficaces ?

Pour les défenseurs des libertés numériques, le danger est clair : toute vérification d’âge centralisée risque d’aboutir à une surveillance généralisée des usages en ligne. Pour les associations de protection de l’enfance, l’inaction serait criminelle. Entre ces deux camps, les États doivent trouver un équilibre délicat.

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