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Blade Runner : le "monologue des larmes" a été réécrit par l'acteur Rutger Hauer

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Parmi les monologues les plus marquants du cinéma, rares sont ceux qui ont aussi bien traversé les décennies que celui prononcé par Roy Batty dans Blade Runner. Cette tirade, que l’on surnomme aujourd’hui le « monologue des larmes dans la pluie », est entrée dans la légende, à la fois pour sa portée poétique et pour la manière bouleversante dont elle a été interprétée par Rutger Hauer. Mais vous ignorez probablement que ce monologue marquant cache plusieurs secrets.

Ce monologue a été réécrit la veille du tournage

Le texte culte que nous connaissons n’était pas celui du scénario d’origine. Rutger Hauer, qui incarne Roy Batty à l’écran, s’est approprié cette scène en la réécrivant la veille du tournage, avec l’assentiment de Ridley Scott. L’acteur a volontairement simplifié et épuré la prose du script initial, trop verbeuse et trop technique à son gout, pour en extraire l’essentiel : l’expérience d’un être artificiel qui a connu l’infini et qui, face à la mort, devient plus humain que ses créateurs. Ce choix artistique a permis de cristalliser l’émotion du personnage et d’inscrire la scène dans l’imaginaire collectif.

Hauer a confié dans son autobiographie avoir supprimé plusieurs lignes au profit de la fameuse conclusion : « All those moments will be lost in time, like tears in rain. Time to die », « Tous ces moments se perdront dans l’oubli, comme les larmes dans la pluie. Il est temps de mourir ». Ce raccourci a apporté une puissance immédiate et universelle, qui résonne encore aujourd’hui comme l’une des plus belles épitaphes jamais écrites au cinéma.

Une scène bouleversante sous une pluie battante

Visuellement, la scène est très impressionnante : Roy Batty, conscient de sa fin imminente, s’effondre sous une pluie battante, quasi organique, qui vient se mêler aux larmes du personnage qui prend soudain conscience de sa propre humanité. À cet instant précis, l’opposition entre l’homme (Deckard) et le réplicant (Batty) se dissout, révélant une proximité troublante. La symbolique est forte : l’eau qui ruisselle efface les frontières entre la chair et le circuit imprimé, entre le vivant et l’artificiel.

Sur le tournage de Blade Runner, plusieurs techniciens et acteurs ont été saisis par l’émotion, au point d’applaudir Rutger Hauer à la fin de la prise. Certains ont même avoué avoir pleuré, preuve de l’impact de cette improvisation à la fois simple et magistrale. Dans le documentaire Dangerous Days: Making Blade Runner, Ridley Scott a confirmé que ce moment d’intense improvisation a totalement transcendé la scène qu’il avait initialement écrite.

Ce monologue contient des références cachées qui n’étaient pas dans le livre

Les images évoquées par Batty, la porte de Tannhäuser, les rayons C, les épaulettes d’Orion, n’ont jamais été clairement explicitées ni dans le film ni par Philip K. Dick, auteur de la nouvelle originale. Elles participent à la force évocatrice du monologue et permettent d’entrevoir des fragments d’un passé héroïque et tragique, sans jamais tomber dans la sur-explication. La « porte de Tannhäuser », par exemple, fait allusion à un opéra de Wagner, mais reste volontairement mystérieuse, comme un mythe galactique impossible à vérifier. Cette part d’ombre nourrit la fascination et laisse au spectateur la liberté d’imaginer ses propres images, à la manière d’une légende futuriste.

Un monologue qui a inspiré d’autres œuvres

Ce court texte a été cité par la suite dans plusieurs œuvres de fiction : romans, jeux vidéo, chansons et jusqu’à des épisodes de séries comme Doctor Who. La phrase « like tears in rain » est devenue une expression culturelle à part entière, symbole de la fugacité des souvenirs et de la perte irrémédiable de ce qui fait la grandeur d’une vie, fût-elle artificielle. Dans le roman Tears in Rain de Rosa Montero, l’écho de cette réflexion sur la mort des réplicants sert même de fil conducteur à toute l’intrigue.

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La musique elle-même n’est pas en reste : la bande originale de Blade Runner, signée Vangelis, intègre ce moment bouleversant dans ses dernières pistes, soulignant la tonalité mélancolique et intemporelle de l’œuvre. À travers ces multiples déclinaisons, le monologue est devenu un symbole universel, dont la portée dépasse largement le cadre du cinéma de science-fiction.

Quarante ans après la sortie de Blade Runner, la force de cette tirade ne s’est pas éteinte. Dans les conventions de fans, lors des projections anniversaires ou dans les débats cinéphiles, le monologue de Roy Batty refait surface comme un rappel poignant : la mémoire, même artificielle, est précieuse, et sa disparition fait naître une tristesse universelle. Rutger Hauer, disparu en 2019, a laissé à travers ces mots une trace indélébile qui fait encore vibrer le public. Il a transformé un simple texte en un testament bouleversant sur la fragilité de l’existence.

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Blade Runner : le « monologue des larmes » a été réécrit par l’acteur Rutger Hauer #2

Blade Runner

  • 15 septembre 1982 (1h57)
  • Univers
  • De Ridley Scott
  • Avec Harrison Ford, Rutger Hauer, Sean Young, Edward James Olmos, M. Emmet Walsh, Daryl Hannah, William Sanderson, Brion James, Joe Turkel, Joanna Cassidy
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Fan de comics et de gadgets depuis tout petit, je bidouille tout ce qui me passe entre les mains.
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