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Bouygues Telecom ajoute 5€ de frais de résiliation sur ses forfaits sans engagement

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C’est une information qui aurait pu passer totalement inaperçue. Depuis début mai 2025, Bouygues Telecom a introduit des frais de résiliation de 5 euros sur ses forfaits B&You, pourtant réputés « sans engagement ». L’annonce n’a pas été faite en grandes lettres, ni même à travers une campagne d’information visible. Elle se cache dans un simple e-mail aux allures de newsletter estivale, aux côtés de conseils pour les vacances et de rappels sur les frais à l’étranger.

Tout en bas du message, une phrase presque banale : « On a aussi du nouveau concernant votre offre. Si vous résiliez après le 9 juin, des frais de 5 euros vous seront appliqués. » Et pourtant, ce petit ajout marque un changement majeur dans les pratiques commerciales des opérateurs mobiles.

Jusqu’ici, les frais de résiliation étaient cantonnés aux offres fixes comme la fibre ou l’ADSL. Appliquer ce principe à un forfait mobile sans engagement constitue une rupture symbolique, car ces offres sont censées être librement résiliables à tout moment, sans contrepartie. Les nouveaux clients B&You sont d’ores et déjà concernés par cette mesure. Pour les clients existants, elle s’appliquera à partir du 9 juin 2025. Et si l’information vous semble floue ou peu visible, ce n’est pas un hasard : Bouygues Telecom semble avoir tout fait pour la minimiser.

Un marché ultra-concurrentiel qui pousse à verrouiller les abonnés

Ce changement intervient dans un contexte très particulier. Le marché de la téléphonie mobile est soumis à une pression tarifaire intense. Depuis plusieurs années, les promotions s’enchaînent à un rythme effréné. Il n’est pas rare de trouver des forfaits 100 Go en 5G à 6,99 euros ou moins. Ces tarifs extrêmement bas sont difficiles à rendre rentables sur le long terme, surtout quand les clients ne restent que quelques mois avant de partir vers un concurrent.

Bouygues Telecom ajoute 5€ de frais de résiliation sur ses forfaits sans engagement

La loi Chatel, en facilitant la portabilité des numéros et la résiliation, a donné naissance à une génération de consommateurs nomades. Certains jonglent entre les opérateurs tous les trimestres, au gré des ventes privées et des offres flash. Dans ce contexte, la stratégie de Bouygues apparaît comme une tentative de freiner cette volatilité. En imposant une taxe de départ, même modeste, l’opérateur cherche à rendre les allers-retours un peu moins attractifs. Une sorte de péage symbolique, qui vise à dissuader les « chasseurs de promos » les plus acharnés.

Ce n’est pas la première initiative du genre. Depuis quelque temps, Bouygues facture déjà 10 euros pour l’activation d’une carte SIM, même en cas de migration interne. L’ajout de frais de résiliation semble donc s’inscrire dans une logique plus large : rentabiliser au maximum chaque mouvement client, que ce soit à l’entrée ou à la sortie du contrat.

Des conséquences légales à connaître pour éviter de payer

Au-delà de l’aspect commercial, cette nouvelle politique soulève une question juridique essentielle. D’après l’article L224-33 du Code de la consommation, lorsqu’un fournisseur modifie les conditions contractuelles de manière unilatérale, le client dispose d’un délai de quatre mois pour résilier sans frais, à condition d’être informé au préalable. Or, cette notification — aussi discrète soit-elle — constitue une modification contractuelle.

Bouygues Telecom ajoute 5€ de frais de résiliation sur ses forfaits sans engagement #2

Concrètement, cela signifie que jusqu’au 30 août 2025, les abonnés concernés par cette évolution peuvent quitter Bouygues Telecom sans avoir à s’acquitter des 5 euros, à condition de motiver leur départ par ce changement des conditions générales. Cela suppose de ne pas attendre trop longtemps, de bien conserver l’e-mail reçu, et de mentionner explicitement dans la résiliation que la décision est liée à cette modification tarifaire.

Ce précédent pourrait faire tache d’huile. Si Bouygues parvient à imposer cette taxe sans perte massive d’abonnés, les autres opérateurs pourraient être tentés de l’imiter. Jusqu’ici, Free Mobile, Orange et SFR n’ont pas adopté cette pratique sur leurs forfaits sans engagement. Mais dans un marché où la marge est de plus en plus réduite, toutes les options sont sur la table.

La vraie question reste celle de la confiance. Ce type de changement discret, glissé entre deux paragraphes de newsletter, donne le sentiment d’un manque de transparence. Même si la pratique est légale, elle n’en est pas moins perçue comme sournoise. À l’heure où la fidélité des clients dépend autant du prix que de la relation de confiance avec l’opérateur, cette évolution pourrait bien coûter plus cher à Bouygues Telecom en image qu’elle ne lui rapportera en frais de résiliation.

Xavier Niel y a d’ailleurs vu une opportunité et il propose déjà de rembourser ces frais de résiliation si vous passez chez Free :

Ingénieur ENSAM Paristech et diplômé du MBA de l'ESSEC, Fabien est journaliste Tech & Pop Culture mais aussi Consultant IA et Marketing.