Les banques en ligne existent depuis presque aussi longtemps qu’internet. Sans guichet physique, disponibles 24 heures sur 24 et proposant de plus en plus de services, les néobanques se sont multipliées ces dernières années. Elles ont déjà conquis plus de 4 millions de clients en France grâce notamment à un argument de choc : des frais bancaires beaucoup plus faibles que pour les banques de détails.
4 millions de français séduits
L’émergence des banques en ligne est une conséquence directe de la révolution numérique : on s’informe, on communique, on travaille et surtout on achète en ligne. Il semblait donc logique que l’on gère aussi ses finances par internet.
Ce mouvement s’est accéléré en France grâce à une évolution législative qui favorise la mobilité bancaire tout en encadrant les pratiques tarifaires. Au fil des années, ces nouveaux acteurs bancaires d’abord cantonnés à des clientèles minoritaires (principalement e-commerçants et technophiles) ont évolué vers des modèles quasiment identiques à ceux des banques de détail.
Aujourd’hui 6,5% de la population soit 4 millions de français en sont déjà clients, et ce n’est qu’un début.
Mais les banques en ligne sont-elles vraiment équivalentes aux banques traditionnelles ? Quelles sont leurs modèles économique ? Votre argent est-il vraiment en sécurité chez elles ?
L’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution rattachée à la Banque de France a mené une grande enquête afin de répondre à toutes ces questions.
Quels sont les atouts des banques en ligne ?
Les atouts des banques en ligne sont évidents, mais méritent tout de même d’être rappelés.
Tout d’abord les clients ont accès gratuitement à tout moment à leur compte depuis un ordinateur ou surtout depuis un smartphone ou une tablette.
Si les banques traditionnelles ont également mis à dispositions de telles applis et fonctionnalités, ces services ne sont pas toujours gratuits, et surtout l’ergonomie de ces services est conçue comme des « ajouts » et pas des fonctionnalités natives.
Les banques en ligne proposent quasiment toutes des primes de bienvenue pour ouvrir un compte en ligne – généralement de 80 à 100€ – ainsi que des offres commerciales. Des actions qui soulignent leur dynamisme commercial, ces institutions étant encore en phase active d’acquisition client, à l’opposé de banques traditionnelles.
Elles proposent quasiment toutes un service client téléphonique ouvert bien au delà des heures de bureau. Et pour aller encore un cran plus loin en ce sens, plusieurs de ces banques ont également misé sur l’intelligence artificielle et le chatbots afin d’accompagner les clients dans leurs démarches, et de simplifier certaines opérations de gestion quotidiennes.
Les cartes bancaires sont souvent gratuites lorsque vous les prenez chez une néobanque, y compris pour des cartes premium type Visa Premier.
Enfin, en l’absence d’agences, et avec également un spectre de service focalisé essentiellement sur celui de la banque de détail, les néobanques font des économies substantielles, qu’elles répercutent sur les frais de gestion qui sont nettement plus bas et des rendements parfois meilleurs que pour les banques traditionnelles.
Banque en ligne : des modèles différents d’une banque à une autre
Contrairement aux banques traditionnelles, les banques en ligne sont loin d’être toutes identiques.
Certaines ont une structure similaire à un établissement classique. Elles proposent ainsi une offre de compte courant, de crédit de courtage et de carte bancaire pour répondre aux besoins de ses clients. Cela explique d’ailleurs que beaucoup d’entre elles aient été rachetées par de grands établissements bancaires.
D’autres sont par contre de pures marques sans entité juridique propre, c’est à dire qu’il s’agit de déclinaisons digitales sous un autre nom d’offres bancaires pré-existantes.
Des établissements qui ne sont pas encore rentables
Si les banques en ligne ont de plus en plus de succès, et pourraient totaliser 13,3 millions de clients à fin 2020, soit un français sur cinq, elles ne sont pour autant pas encore rentables.
Les raisons en sont multiples, mais sont en grande partie liées aux coûts de lancement de toutes ces nouvelles banques. Les frais généraux engendrés par le service clientèle, le marketing, l’informatique et les primes de bienvenue représentent jusqu’à 1/4 des revenus annuels par client, estimé à 138€.
Par ailleurs, la clientèle des néo-banques est urbaine et plus aisée mais aussi plus jeune : 14% de comptes y sont inactifs, soit bien plus qu’en banque traditionnelle, et seuls 23% des clients en font leur banque principale.
Enfin, pour le moment, les gammes de produits proposés restent encore plus limités que pour les banques traditionnelles.
Autrement dit, vous avez tout intérêt à ouvrir un compte secondaire avant que le marché ne se stabilise, que les primes d’ouvertures commencent à diminuer et que le service client rattrape celui des banques de détail…
Lire l’enquête complète de l’ACPR.