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Il prend 3 ans de prison pour de l'IPTV illégale : la chasse pourrait s'étendre aux abonnés

Le système mis en place par Stephen Woodward a fait les beaux jours de milliers d’utilisateurs… jusqu’à sa chute. Ce Britannique de 36 ans vient d’être condamné à trois ans et un mois de prison ferme pour avoir orchestré un vaste réseau de diffusion de contenus TV payants sans autorisation. À l’échelle européenne, cette affaire est l’une des plus structurées et lucratives jamais portées devant les tribunaux, et elle souligne la montée en puissance de la répression contre les plateformes IPTV pirates.

Il met en place un empire numérique autour des abonnements IPTV

En apparence, tout fonctionnait comme dans une entreprise légitime. Trois plateformes, IPTV Hosting, Helix Hosting et Black and White TV, proposaient un accès à plus de 6 500 chaînes du monde entier, dont les bouquets sportifs de Sky Sports et BT Sports, le tout vendu à bas prix, aussi bien aux particuliers qu’à des revendeurs intermédiaires. Mais derrière cette offre « imbattable » se cachait un système de fraude sophistiqué, piloté depuis le domicile de Stephen à Thirsk, dans le nord de l’Angleterre.

Il prend 3 ans de prison pour de l’IPTV illégale : la chasse pourrait s’étendre aux abonnés

Pour masquer les flux financiers, l’homme utilisait une quinzaine de comptes bancaires, une vingtaine de portefeuilles crypto, et plusieurs comptes PayPal créés avec de fausses identités, obtenues via des cartes SIM prépayées. Les abonnements étaient réglés par carte ou via des plateformes peer-to-peer comme Circle. L’argent transitait ensuite par des échanges de cryptomonnaie, avant d’être reconverti et éclaté sur plusieurs supports pour brouiller les pistes.

Une enquête longue et méticuleuse pour le coincer

L’affaire a été prise en main par la Police Intellectual Property Crime Unit (PIPCU), une unité spécialisée de la police de Londres. Dès 2019, les premiers soupçons émergent. Une perquisition menée à cette époque permet de saisir du matériel informatique, des téléphones, des supports de stockage… et de l’argent liquide caché dans un tiroir.

Libéré sous enquête, Stephen poursuit pourtant son activité. En 2020, deux nouveaux sites sont lancés, toujours plus aboutis, toujours plus massifs. Une seconde arrestation a lieu, avec de nouvelles saisies de cash, notamment à la gare de Kings Cross où il est surpris en train d’abandonner un sac contenant 20 000 livres derrière une poubelle.

Le profil de l’homme intrigue les enquêteurs « discret mais méthodique », il exploite les failles des systèmes financiers numériques pour entretenir son activité, tout en menant un train de vie luxueux : vêtements de marque, bijoux, vacances et une Jaguar F-Type estimée à 105 000€.

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Un verdict exemplaire pour dissuader les vocations

Le 11 juillet 2025, la sentence tombe : Stephen Woodward est condamné à trois ans et un mois de prison pour violation de droits d’auteur, blanchiment d’argent et détention de biens issus d’activités criminelles.

Les autorités ont également gelé 1,1 million de livres répartis sur ses comptes et portefeuilles crypto, ainsi que des liquidités et bijoux saisis à son domicile. Son frère Christopher, impliqué dans le blanchiment, écope quant à lui d’une peine avec sursis et de 240 heures de travaux d’intérêt général.

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Un Serious Crime Prevention Order a été requis contre Stephen, afin de limiter ses possibilités d’action à sa sortie de prison. Ce dispositif juridique permet d’imposer des restrictions fortes aux individus reconnus coupables de délits graves, comme l’interdiction d’utiliser certains moyens de paiement ou de posséder des équipements informatiques.

Un coup dur pour le piratage organisé

Selon la Fédération Against Copyright Theft (FACT), qui a collaboré à l’enquête, ce type de service cause des dégâts réels à l’économie créative. Le piratage d’abonnements télévisés représenterait, selon l’OCDE, plus de 86 000 pertes d’emploi par an au Royaume-Uni. Et les chiffres pourraient être bien plus élevés à l’échelle européenne, où l’IPTV illégale prospère via les réseaux sociaux, des sites obscurs ou des messageries chiffrées.

Pour les autorités, ce procès envoie un message limpide : « vendre de l’IPTV pirate n’est pas un business alternatif, c’est un crime puni lourdement ». D’autant plus que les revenus générés par ces pratiques, lorsqu’ils dépassent le million, attirent l’attention des polices financières et des unités spécialisées.

Quid des utilisateurs ?

Pour l’instant, les utilisateurs finaux de ces services sont rarement poursuivis. Mais leur dépendance à des plateformes pirates expose leurs données personnelles, leurs moyens de paiement, voire leur sécurité numérique. En France, comme dans d’autres pays européens, les autorités préfèrent frapper fort sur les têtes de réseaux plutôt que de sanctionner les consommateurs, même si certains projets de loi visent à durcir le ton.

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