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Vos fichiers envoyés avec WeTransfer peuvent-ils être utilisés pour entraîner des IA ?

Depuis la mise à jour de ses conditions générales d’utilisation début juillet 2025, WeTransfer fait face à une vague de critiques. En cause, une clause ambiguë qui autorisait l’entreprise à exploiter les fichiers des utilisateurs de manière très large, incluant l’entraînement de modèles d’intelligence artificielle. Une formulation qui n’a pas tardé à inquiéter les créateurs, photographes, journalistes et professionnels de l’image, contraignant l’entreprise à faire marche arrière.

  • WeTransfer a initialement permis l'utilisation large des fichiers envoyés, y compris pour entraîner des IA.
  • Face à la polémique, l'entreprise a précisé qu'elle n'utilise pas ces fichiers pour former des IA et a modifié ses conditions.
  • Les utilisateurs restent inquiets sur la confidentialité et privilégient d'autres services plus respectueux de la vie privée.

WeTransfer impose une licence très large sur vos contenus

Dans la section 6.3 de ses CGU, WeTransfer précisait que les utilisateurs accordaient à la plateforme une « licence perpétuelle, mondiale, non exclusive, gratuite, transférable et sous-licenciable » sur les contenus transférés. Cette autorisation couvrait notamment les droits de reproduction, de modification, d’affichage public, de distribution, mais aussi d’exploitation à des fins de développement ou d’amélioration du service, y compris via des technologies d’apprentissage automatique.

Vos fichiers envoyés avec WeTransfer peuvent-ils être utilisés pour entraîner des IA ?

Autrement dit, tout fichier envoyé via WeTransfer pouvait potentiellement être utilisé pour entraîner des algorithmes d’intelligence artificielle, sans rémunération ni notification à l’auteur. Cette clause, conforme à certaines pratiques du secteur, a pourtant déclenché une réaction particulièrement vive chez les utilisateurs.

Des utilisateurs méfiants et en colère

De nombreux professionnels ont exprimé leur inquiétude sur les réseaux sociaux, soulignant le risque d’un usage détourné de leurs œuvres. Des illustrateurs et photographes ont notamment pointé le danger de voir leurs créations alimenter des IA génératives sans consentement, ni reconnaissance de paternité. Certains ont évoqué un sentiment de trahison, rappelant que WeTransfer est historiquement apprécié pour sa simplicité et son respect de la vie privée.

Le site FilmStories a été l’un des premiers à sonner l’alarme. Rapidement, des publications dans The Guardian ou El País ont donné une ampleur internationale au débat. La polémique a été telle que l’entreprise a dû prendre la parole officiellement.

WeTransfer réagit et modifie ses conditions

Dans un billet de blog publié le 15 juillet, WeTransfer a tenté d’éteindre l’incendie. L’entreprise y affirme « ne jamais avoir utilisé les fichiers des utilisateurs pour entraîner une intelligence artificielle » et n’avoir « aucune intention de le faire ». Elle explique que la clause litigieuse visait uniquement à couvrir les usages internes nécessaires au fonctionnement du service, notamment en matière de modération de contenu.

Dans la foulée, WeTransfer a discrètement mis à jour ses conditions d’utilisation pour retirer toute mention explicite à l’IA ou au machine learning. La formulation actuelle précise que la licence ne s’applique que pour « exploiter, développer et améliorer le service », tout en renvoyant à la politique de confidentialité pour les usages des données personnelles.

Quels services de transfert de fichiers utiliser ?

Si cette clarification a permis de calmer temporairement les critiques, elle ne dissipe pas toutes les inquiétudes. Dans une époque où les données sont devenues un carburant pour l’intelligence artificielle, les utilisateurs sont de plus en plus sensibles à la portée juridique des conditions générales d’utilisation. Le fait que WeTransfer ait introduit une clause aussi large sans communication préalable a été perçu comme une erreur stratégique.

Des alternatives comme Transfernow, SwissTransfer ou encore Filemail sont régulièrement recommandées pour leur approche plus respectueuse de la vie privée. Et sinon dans le doute, vous pouvez également chiffrer tous vos fichiers avant envoi afin de limiter leurs risques d’exploitation non désirée.

Written by Fabien Elharrar

Ingénieur ENSAM Paristech et diplômé du MBA de l'ESSEC, Fabien est journaliste Tech & Pop Culture mais aussi Consultant IA et Marketing.