À moins d’avoir vécu dans une grotte (ou dans un égout) ces dernière semaines, vous n’avez pas pu échapper à la sortie de Ça ! Le clown tueur imaginé par Stephen King cartonne actuellement dans les salles obscures du monde entier en plus de jouir d’un très bon accueil critique.
Le studio LIONSGATE a profité de cette exposition pour ressortir en salle une autre adaptation du maître de l’horreur réalisée par un autre maître : Dead Zone de David Cronenberg.
Si le nom de cette œuvre vous parle, c’est que vous êtes sans doute tombé sur la série adaptée du même roman et qui a fait les beaux soirs de La Trilogie du Samedi au milieu des années 2000 sur M6. Série qui sans être déshonorante n’aura pas fortement marqué les esprits…
Raison de plus pour vous ruer au cinéma à partir de mercredi pour (re)-découvrir The Dead Zone version ciné et on vous explique pourquoi.
Une adaptation saisissante et personnelle du roman de Stephen King
The Dead Zone raconte l’histoire de Johnny Smith (Christopher Walken), un homme qui se réveille d’un coma causé par un accident de voiture survenu 5 ans plus tôt. Essayant de reprendre sa vie là où il l’avait laissée, Johnny est rapidement confronté à des visions passées, présentes et futures dès lors qu’il entre en contact physique avec une personne. Un don terrifiant dont il va se servir pour aider la police à résoudre une enquête sur un meurtre non élucidé…
Il faut le reconnaître d’emblée, la réussite de cette adaptation tient beaucoup à son metteur en scène. Si The Dead Zone est un film de commande, Cronenberg trouve quand même dans le roman de King un matériau assez solide pour y développer ses obsessions.
Ainsi, on retrouve dans The Dead Zone le thème de la métamorphose, ainsi qu’une certaine vision du corps martyrisé. Si la dégradation du corps n’est pas aussi frontale que dans Videodrome (ou dans son film suivant La Mouche), elle est tout de même présente en filigrane. En plus des séquelles liées à l’accident dont il est victime, les visions du personnage principal affaiblissent physiquement ce dernier, petit à petit.
Le don d’omnipotence a un prix, et ce, même si l’intéressé n’a rien demandé. En cela, l’interprétation de Walken dans la deuxième partie du film est saisissante : chaque geste, chaque mouvement traduit parfaitement la souffrance et l’étiolement du personnage, jusqu’au point de non retour.
Un thriller haletant et humain
Si certains ont reproché à Cronenberg de s’être assagit avec The Dead Zone pour se conformer aux exigences du film hollywoodien, il serait injuste de ne pas reconnaître les belles idées de mises en scènes qui parsèment le film, malgré une sobriété et un classicisme évident. En plaçant le personnage principal littéralement en tant que spectateur des visions qui le submergent, le réalisateur opère une très belle mise en abyme de l’expérience du spectateur d’une salle de cinéma : un être obligé de regarder, tout en restant impuissant face à la situation qui se déroule sous ses yeux. Simple mais efficace.
Cronenberg n’abandonne pas totalement les effets gores et marquants qui caractérisent son cinéma. En témoigne la scène des ciseaux dans la salle de bains qui en aura traumatisé plus d’un et qui malgré le temps reste imprimée sur la rétine.
Ces effets de style sont contrebalancés par la dimension humaine et tragique de l’intrigue qui prendra finalement le pas sur le reste, notamment dans un final aussi sec que déchirant. Walken y est une nouvelle fois remarquable, se fondant totalement dans la peau de ce héros ordinaire (le prénom Johnny Smith destinait pourtant le personnage à un destin des plus communs), condamné à vivre une vie qu’il n’a pas choisie et dont il est étranger.
The Dead Zone reste un film assez méconnu du grand public qui mérite d’être (re)découvert. Paradoxalement, c’est également l’une des meilleures adaptations de Stephen King qui respecte le ton et l’esprit de l’oeuvre originel tout en étant totalement raccord avec la filmographie de son réalisateur.
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Dead Zone: The Complete SeriesShrink-wrapped
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DEAD ZONE
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L'avis d'Antoine Rousseau
The Dead Zone est un film assez méconnu du grand public qui mérite d'être redécouvert. C'est l'une des meilleures adaptations de Stephen King, respectueuse du ton et de l'esprit de l'œuvre originale, tout en étant totalement raccord avec la filmographie de son réalisateur.
Si elle est plus sage et sobre que les films habituels de Cronenberg, cette adaptation n'en reste pas moins très réussie. En faisant du personnage principal le spectateur de ses visions, le réalisateur offre une mise en abyme intéressante : nous sommes, tout comme le héros, impuissants face à la situation qui se déroule sous nos yeux. Simple mais efficace.