Test Mafia III : ambiance mortelle, open-world criminel

  • Par Valentin Barrière
  • Publié le 26 octobre 2016 à 20:13, modifié le 12 avril 2022 à 10:20

L’attente fut longue, mais six ans après la sortie du second opus, Mafia III est enfin arrivé. Et pour la rédac’ de PIX GEEKS, l’heure du verdict a sonné ! Découvrez notre test, réalisé sur la version PC.

Test Mafia III : ambiance mortelle, open-world criminel

Un scénario en béton armé

C’est au sein de la ville de New Bordeaux dans les années 60 que le joueur se retrouve dans la peau de Lincoln Clay, vétéran du Vietnam ayant perdu sa famille lors d’une tuerie imputée à la mafia italienne. Inutile de préciser que Lincoln ne compte pas laisser ces actes impunis et est bien décidé à casser du parrain, notamment le grand patron Sal Marcano.

Pour contrecarrer l’influence brutale de la Mafia dans les rues, le joueur est constamment confronté à plusieurs choix qui l’amènent à construire sa propre organisation criminelle au sein de New Bordeaux.

Vous l’aurez compris, le côté raffiné et classique propre à la Mafia italienne et caractéristique des anciens épisodes laisse ici place à l’Amérique en pleine Ségrégation. Traumatisme du Vietnam, époque propice à la montée des tensions racistes… Les bases d’un scénario en béton sont bel et bien là.

Test Mafia III : ambiance mortelle, open-world criminel #2

Et autant dire qu’elles sont parfaitement exploitées tout en conservant l’esprit de la licence. Les développeurs ont su mettre en place une narration exceptionnelle, servie par des cinématiques époustouflantes. L’écriture des personnages reflète un travail dantesque, à commencer par Lincoln, dont la quête de vengeance prend du sens au fur et à mesure que l’histoire progresse. Les puristes de la saga ne bouderont quant à eux pas le plaisir de retrouver ce bon vieux Vito.

La mise en scène n’a clairement rien à envier aux plus grands films de gangsters. Les tribulations de ces malfaiteurs des années 60 ne sont finalement qu’un prétexte pour nous enivrer d’une atmosphère sans égal, servie par une ville à l’identité mystérieuse et fascinante. Bref, absolument tous les aspects de l’écriture sont maitrisées à la perfection et devraient servir de modèle pour les futurs titres AAA.

Back in the sixties

Ce scénario de grande qualité sert en tout cas l’atmosphère générale du titre, qui parvient constamment à envoûter le joueur. L’ambiance se dégageant de la ville qui sert de cadre au soft procure des sensations trop rarement éprouvées dans un jeu vidéo. Et pour couronner le tout, la bande originale qui fleure bon les sixties ne fait que renforcer ce sentiment d’immersion, et ce dès l’écran titre.

Vous obtenez alors un cocktail absolument fabuleux, ponctué de scènes de violence stylisées, aussi jubilatoires qu’impressionnantes par leur réalisation. Mais si le côté immersion est maitrisé, il s’agit malheureusement du seul aspect pour lequel l’open-world fait le boulot.

La vengeance, un plat qui se mange glacé

Et ce problème est loin d’être anecdotique. Il fait même l’effet d’une vilaine douche froide. En effet, une fois passée l’euphorie de se retrouver face à tant de qualité scénaristique et narrative, on se souvient tout à coup que nous ne sommes pas face à une oeuvre cinématographique, mais bien vidéoludique. Les trop nombreux défauts de l’aspect open-world du titre viennent nous le rappeler façon douche froide.

En théorie, la modélisation de la ville et l’histoire se prêtaient parfaitement au genre, qui permet généralement d’évoluer dans le jeu à sa convenance et de choisir les objectifs à remplir. Malheureusement, le caractère affreusement répétitif de ces derniers a pour effet de briser le caractère dramatique et la noirceur du titre. Pour chaque mission, vous êtes épaulés par trois lieutenants, dont un à qui vous devez confier le district dont vous prenez le contrôle. Ce choix a évidemment une incidence sur la suite des événements, mais celle-ci n’est jamais assez conséquente pour être mémorable, voire remarquée.

Finalement, le jeu souhaite tellement nous faire visiter New Bordeaux qu’il finit par frustrer en imposant au joueur des missions redondantes et sans saveur, mais malheureusement indispensables pour progresser, qui cassent le rythme de la narration. Les districts se prennent quasiment tous de la même manière et finissent par donner d’amères impressions de déjà vu, nuisant à la durée de vie qui sur le papier envoyait pourtant du rêve.

On aurait presque souhaité que le titre soit moins long mais que les phases de gameplay soient plus axées sur le désir de vengeance de Lincoln et surtout plus ancrées dans le magistral scénario. Mais à trop vouloir surfer sur les tendances, Mafia III préfère sacrifier son génie narratif sur l’autel de l’étiquette « open-world ».

Stupidité artificielle

Sans être exécrable, le gameplay n’est pas suffisamment travaillé pour rendre ces phases plus supportables. A travers les différents trailers, les développeurs ont beaucoup communiqué sur la liberté de choix entre l’infiltration et le rentre-dedans pour atteindre les objectifs, mais ne vous attendez pas à du Splinter Cell : vous devrez à tous les coups botter des fesses pour progresser.

Et si le côté infiltration est loupé, c’est d’abord à cause du level design qui s’y prête difficilement, mais aussi et surtout en raison d’une IA au QI négatif. Les associations de malfaiteurs adverses brillent en effet par une stupidité qui feraient passer les Daltons pour des génies du crime.

Test Mafia III : ambiance mortelle, open-world criminel #3

C’est d’ailleurs aussi bien le cas lorsque vous devez être discret que lorsque vous êtes en combat. Lors des affrontements, les ennemis ont tendance à tous rappliquer au même endroit, à la manière des Parisiens devant l’ouverture des portes du métro.

Vous devinez donc que les éliminer ne relève alors plus vraiment du challenge. Une telle IA n’est évidemment pas idéale en matière de réalisme lors des phases d’action/infiltration. Seule la violence des scènes d’exécution vient apporter un peu de pep’s à ce tableau bien terne.

La malhonnêteté technique de Mafia III

Avec les réglages de base, les graphismes semblent malheureusement également issus des années 60, et cerise sur le gâteau, ce ne sont pas les bugs qui manquent. Alors oui, la ville dégage vraiment quelque chose de fascinant, surtout de nuit, mais les limites techniques du titre l’empêchent de dévoiler tout son potentiel, ce qui est franchement dommage. Heureusement que les cinématiques sont là pour rattraper le tout.

Hangar 13, qui aura certainement voulu céder à l’impatience des joueurs, nous propose finalement un soft aux défauts bien trop nombreux sur le plan technique et très limité par rapport à ce que l’on a l’habitude de voir de nos jours. Manquant de relief et trop pixelisé, l’ensemble n’est pas à la hauteur de ce que l’histoire a à nous offrir en termes d’ambiance et d’émotions.

On ne peut pas dire que Mafia III n’ait pas suscité l’effervescence et l’impatience. Faire revenir sur le devant de la scène une saga culte après 6 ans, c’est un véritable défi. Et on a espéré, on s’est convaincus que ce dernier allait être relevé haut la main et que les développeurs trouveraient l’équilibre parfait entre scénario haletant et open-world maîtrisé.

Malheureusement, force est de constater que l’hommage à la grande licence qu’est Mafia n’est qu’à moitié rendu et que la déception est bel et bien présente. On ne parlera pas de catastrophe, mais contrairement à ses prédécesseurs, ce Mafia III n’est pas certain de rester gravé dans nos mémoires.