Après des mois de teasing et de rumeurs savamment distillées, Perplexity officialise le lancement de Comet, son premier navigateur web AI-native construit sur Chromium. L’idée est simple : réinventer la navigation en ligne en la transformant en une expérience pilotée par intelligence artificielle, capable de raisonner, d’agir et de retenir le contexte. Un pari ambitieux, réservé dans un premier temps aux abonnés de l’offre Max, facturée 200 dollars par mois. Un ticket d’entrée élevé pour un produit encore en rodage.
- Perplexity lance Comet, un navigateur AI-native basé sur Chromium, réservé aux abonnés Max à 200 dollars par mois.
- Comet propose une interface intelligente pour remplacer les moteurs de recherche classiques, mais présente encore des dysfonctionnements et hallucinations.
- Il s’affranchit de Google avec son propre moteur IA, tout en permettant d’importer extensions et favoris de Chrome ou Edge.
- Le modèle économique reste élitiste et la confidentialité soulève des questions, dans un marché concurrentiel avec d’autres navigateurs IA en développement.
Comet repose sur une proposition forte : remplacer les moteurs de recherche classiques par une interface intelligente, directement intégrée à la barre d’adresse. Il n’est plus nécessaire d’ouvrir un onglet, de taper une requête, puis de fouiller dans des résultats sponsorisés. L’IA synthétise l’information, compare les options, propose des actions concrètes comme réserver un hôtel, commander un produit, ou planifier un rendez-vous.
Concrètement, l’utilisateur dialogue avec son navigateur comme il le ferait avec un assistant personnel numérique. Sur le papier, la promesse est séduisante, mais pour le moment l’expérience n’est pas encore à la hauteur…
Comet offre une interface intelligente … avec des limites bien réelles
Comet mise sur une interface épurée et contextuelle : l’assistant latéral interprète le contenu des pages, génère des résumés, propose des contre-arguments, voire des quiz. Un panneau fixe accompagne la navigation en rendant chaque page « lisible » par l’IA. Ce socle technique s’enrichit de fonctionnalités d’automatisation, notamment grâce à une approche dite « agentique » : des agents autonomes qui effectuent des tâches spécifiques, avant de soumettre leur action à validation.
Mais dans les faits, l’exécution n’est pas encore à la hauteur. Plusieurs premiers retours, dont ceux publiés par TechCrunch, pointent des dysfonctionnements préoccupants. L’IA se montre encore sujette à des hallucinations, ce phénomène où l’IA invente des informations ou interprète de travers une consigne claire.
Par exemple lors d’une tentative de réservation de parking, l’assistant a proposé des dates erronées, refusé de corriger ses erreurs et persévéré dans une opération impossible. Une situation frustrante qui souligne que le système n’est pas encore prêt pour des tâches complexes et sensibles.
Une IA sans Google, mais pas sans risques
Comet se distingue aussi par son moteur maison : Perplexity Search. Le navigateur s’affranchit donc de Google et Bing pour proposer ses propres réponses générées par IA. Une manière de réduire la dépendance aux géants du web, mais aussi d’éviter les pages de résultats truffées de publicités. En se passant d’intermédiaires, Perplexity s’aligne sur la philosophie de Google… contre Google.
La transition est facilitée pour les utilisateurs de Chrome ou Edge, puisque Comet permet d’importer extensions, favoris et mots de passe. Et comme il est basé sur Chromium, la compatibilité avec l’écosystème existant est assurée. L’enjeu est donc clair : séduire ceux qui veulent garder leurs habitudes tout en bénéficiant d’un surcouche d’intelligence artificielle proactive.
Un modèle économique qui interroge
Techniquement, Comet est gratuit. Mais pour l’instant, il n’est accessible qu’à travers une liste d’attente. L’autre solution consiste à souscrire à Perplexity Max, à 200 $ HT/mois, qui inclut également l’accès aux modèles d’IA les plus avancés de la plateforme. Une stratégie élitiste, qui risque de limiter sa diffusion.
À moyen terme, l’entreprise pourrait s’inspirer du modèle de ChatGPT avec un accès partiellement gratuit et une offre premium aux fonctionnalités élargies. En attendant, le coût élevé crée une barrière d’entrée difficilement justifiable, surtout pour un navigateur encore expérimental.
Le respect de la vie privée, un argument à double tranchant
Perplexity promet que Comet ne réentraîne pas ses modèles sur les données personnelles de l’utilisateur. L’historique de navigation est stocké localement et ne serait pas utilisé à des fins commerciales. Une posture qui tranche avec le fonctionnement de Google Chrome ou de Google Search, dont l’activité alimente l’écosystème publicitaire de Mountain View.
Mais cette promesse de confidentialité soulève une autre question : pour profiter pleinement des fonctions de planification ou de gestion de la vie quotidienne, l’utilisateur doit accorder un accès à des données sensibles comme son calendrier ou sa boîte mail. Ce niveau d’intrusion, même encadré, pourrait décourager les plus prudents, dans un contexte de méfiance croissante vis-à-vis des applications connectées.
La guerre des navigateur web est déclarée
Comet n’est pas le seul sur ce créneau, The Browser Company développe également Dia, un navigateur dopé à l’IA, tandis qu’OpenAI prépare sa propre alternative à Google Chrome et qu’Opera propose déjà le premier vrai browser pleinement opérationnel dopé à l’IA. L’ère des navigateurs intelligents est bel et bien amorcée, et on ne serait pas surpris que Google (68% de parts de marché) riposte rapidement avec sa propre mouture de Chrome dopée avec Google Gemini.
Espérons surtout que le grand gagnant de cette nouvelle confrontation soit l’internaute, et pas l’un des géants du web.