La Soupe aux choux 2 est en préparation

Un classique devenu culte malgré (ou grâce à) ses bizarreries

Sorti en 1981 et réalisé par Jean Girault (complice de longue date de De Funès, notamment sur la saga des Gendarmes), le film est une adaptation libre du roman de René Fallet. On y suit deux paysans solitaires, Le Glaude (Louis de Funès) et Le Bombé (Jean Carmet), vivant en huis clos rural, entre parties de belote et concours de flatulences, jusqu’à ce qu’un alien au look Power Ranger avant l’heure, La Denrée (interprété par Jacques Villeret), débarque à bord d’une soucoupe volante digne d’un épisode de Doctor Who version Wish.

Le film a tout du nanar devenu culte : dialogues absurdes, effets spéciaux artisanaux façon Cosmos 1999, et un mélange audacieux de science-fiction de bistrot et de poésie paysanne. Dézingué par la critique à sa sortie (Les Cahiers du Cinéma n’y virent qu’un “potage scénaristique”), il a pourtant attiré plus de 3 millions de spectateurs en salles, et connaît depuis une seconde vie télévisuelle, sur TF1, TMC ou 6ter, où il fédère régulièrement plusieurs centaines de milliers de fans.

Une suite en chantier, mais encore pleine de mystères

« Nous allons nous attaquer, avec une très lourde responsabilité, à un monument du cinéma français », confie Sébastien Fechner, visiblement conscient de la nature sacrée (et radioactive) du projet. Pour l’heure, aucun casting ni scénario n’a été officialisé. Le producteur évoque des “discussions avancées”, sans nommer les auteurs ni le format définitif du film (cinéma, streaming, ou même animation ?).

Difficile en effet d’imaginer comment relancer une œuvre si fortement liée à ses interprètes d’origine. Louis de Funès, figure tutélaire de la comédie française, est décédé en 1983. Jacques Villeret nous a quittés en 2005. Reste à savoir si cette suite sera un reboot, un hommage à la Ghostbusters: Afterlife, ou un spin-off totalement décalé, à la manière de Mandibules de Quentin Dupieux, qui partage d’ailleurs un ADN comique très proche de celui du film original.

Un retour dans un contexte de revival permanent

Le projet s’inscrit dans une ère de relectures patrimoniales où la pop culture française s’offre des résurrections tous azimuts. Après Les Bronzés 3, Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu ou encore la série HPI qui réconcilie la ménagère et le geek, La Soupe aux choux 2 vient nourrir un appétit renouvelé pour les franchises comiques made in France. Dans les cercles de fans, certains réclament déjà un cinematic universe de De Funès, où Le Glaude croiserait Cruchot, Don Salluste et Léopold Saroyan dans un multivers délirant.

On est encore loin de ce fantasme, mais le simple fait de ressusciter une comédie aussi singulière témoigne d’un vrai pari. Le Glaude n’avait pas Internet, mais s’il voyait Twitter aujourd’hui, il lancerait peut-être : « L’odeur des choux, ça fait buguer les algorithmes, mon Blaise. »

Rien n’est encore tourné, ni même finalisé, mais l’envie est là. Le pari est osé, mais s’il est bien mené, il pourrait non seulement ressusciter un pan entier du cinéma populaire français, mais aussi fédérer une nouvelle génération autour de cette étrange soupe aux accents d’étoiles. En attendant, les puristes peuvent toujours ressortir leur VHS ou (re)découvrir la BO de Raymond Lefèvre, l’un des plus grands compositeurs oubliés de la comédie française…

La Soupe aux choux

• 02 décembre 1981 (1h38)
• De Jean Girault
• Avec Catherine Ohotnikoff, Christine Dejoux, Claude Gensac, Gaëlle Legrand, Henri Genès, Jacques Villeret, Jean Carmet, Louis de Funès, Marco Perrin, Max Montavon