Après des années de suprématie incontestée sur le box-office mondial, l’empire Marvel est à la croisée des chemins. Entre critiques mitigées, audiences en berne et une lassitude palpable du public, le géant du divertissement revoit sa copie. Et c’est Kevin Feige, le président de Marvel Studios, qui donne le ton d’un virage stratégique sans précédent.
Le MCU est devenu beaucoup trop compliqué
Pendant plus d’une décennie, le Marvel Cinematic Universe (MCU) a enchaîné les succès à une cadence industrielle. Mais ce qui a longtemps été vu comme une machine parfaitement huilée commence à grincer. Les fans les plus fidèles eux-mêmes peinent à suivre le rythme. Chaque film ou série semble désormais nécessiter la connaissance d’un corpus de plus en plus dense, transformant le plaisir de visionnage en véritable devoir de mémoire. Kevin Feige l’a reconnu récemment : regarder toutes les productions Marvel « commence à ressembler à des devoirs ». Une phrase forte qui résume bien le malaise actuel.
Dans ce contexte, Marvel entame une refonte en profondeur de sa stratégie. Fini le temps où plusieurs séries live action s’enchaînaient chaque trimestre. Désormais, le studio se limitera à une ou deux séries par an. L’objectif est clair : faire de chaque sortie un événement, et non plus un épisode de plus dans une saga devenue tentaculaire. Cette réduction de la voilure s’accompagne d’un changement de cap narratif. Les nouvelles histoires seront pensées pour être autonomes, indépendantes des dizaines de films et séries précédents. De quoi rendre à nouveau le MCU accessible à celles et ceux qui n’ont pas vu les 33 longs-métrages précédents.
Ce repositionnement stratégique intervient aussi après plusieurs revers commerciaux et critiques. Le cas de « Captain America: Brave New World », attendu comme un relai du flambeau, en est l’illustration. Le film, pourtant porté par Anthony Mackie, n’a pas rencontré le succès escompté. Les critiques ont pointé un scénario confus, une exécution tiède et un manque de souffle épique. Des remarques devenues récurrentes dans les récentes productions Marvel, autrefois synonymes d’excellence visuelle et narrative.
Mais pour l’instant c’est pas gagné…
Kevin Feige semble bien conscient de cette érosion. En coulisses, un travail de reconstruction est déjà à l’œuvre. L’objectif n’est plus d’étendre à tout prix l’univers, mais de recentrer les récits autour de personnages forts, d’arcs cohérents et de formats maîtrisés. Les séries ne seront plus conçues comme des passerelles obligatoires vers les prochains films, mais comme des œuvres à part entière. Cette nouvelle approche devrait aussi s’accompagner d’un calendrier plus aéré, laissant le temps au public de respirer entre deux rendez-vous Marvel.
Pour Marvel Studios, il s’agit d’un pari audacieux : celui de ralentir pour mieux rebondir. À Hollywood, rares sont les franchises qui osent lever le pied. Mais Feige et son équipe savent qu’à trop vouloir en faire, on finit par lasser. Les prochains mois seront décisifs pour redéfinir ce qu’est une « expérience Marvel » en 2025. Moins de contenu, mais plus d’impact : c’est le nouvel adage d’un studio qui veut reconquérir les cœurs et les écrans.
Reste à savoir si le public suivra ce virage. L’attente est grande, la pression aussi. Mais une chose est sûre : Marvel a entendu les critiques, et s’apprête à écrire un nouveau chapitre, avec moins d’artifices et plus d’âme.