Premier film de Mathieu Turi, Hostile, s’inscrit dans des petits films de genre Français qui tente régulièrement de ressusciter l’envie du public hexagonal. Mais, fort de l’expérience de ses prédécesseurs, la France n’est pas le territoire visé par le jeune cinéaste, ni part ses producteurs dont c’est aussi le premier film en producteur délégué.
Tourné en anglais car visant le marché international, le pays des frères Lumières est le dernier d’une liste de plus d’une vingtaine de territoires où sort ce long-métrage.
Retour sur les origines du projets.
Hostile : Un film hybride
Jeune diplômé de l’école l’ESRA, Mathieu commence sa carrière dans le cinéma comme beaucoup, par des petits boulots, comme bloqueur par exemple. Puis il devient assistant réalisateur sur de nombreuses productions américaines qui viennent tourner en France.
La première version du scénario d’Hostile date de 2012. Son concept fort est d’aborder deux genres à part égale dans la narration : un film d’horreur et une romance.
Initialement le personnage principal était un homme, mais Mathieu décide d’en faire une femme, au début pour des raisons pratiques et esthétiques qu’impliquent la révélation de fin.
Puis cela devient évident quand il donne plus de fond à l’histoire et à la relation entre les deux personnages principaux.
Bande annonce Hostile
Un film qui s’est fait grâce aux « bonnes rencontres »
Mathieu présente son scénario à Xavier Gens (Frontière(s), Hitman, La Cruxifiction, Budapest), qu’il considère comme son mentor. Ce dernier va lui donner des conseils et l’aider à monter son film en lui présentant les producteurs de Full Time Films lors du festival de Cannes 2015.
Très vite, il est décidé de tourner en anglais, pour viser un public international car en France ce genre de film est difficilement distribuable.
Le budget est de moins de 1 million d’euros, le tournage de 24 jours va s’étendre sur trois continents :
- 5 jours à Paris
- 6 à New York City pour la partie romance
- et enfin 13 au Maroc pour toute la partie horreur post apocalyptique
Après un faux départ pour raison de perte de financement, le tournage prévu en décembre 2015 se fera finalement en été 2016.
Casting d’une star de l’horreur
Le casting initial est malheureusement perdu pour cause de changement de date de tournage.
Grégory Fitoussi (Sous le soleil, Engrenages) qui a déjà quelques rôles en anglais, accepte le rôle d’un galeriste français à New York.
Pour le rôle féminin c’est de nouveau Xavier Gens qui conseille à Mathieu Turi de rencontrer Britany Ashworth, qu’il a lui-même dirigée dans La Crucifixion. Tout le monde tombe sous le charme. Elle accepte le rôle de Juliette, personnage principal qui porte le film sur ses épaules.
L’autre personnage important est bien entendu le monstre. Pour cela, le jeune cinéaste a fait appel à Javier Botet. Cet acteur extrêmement longiligne (2m07 pour 50 kg), est atteint du syndrome de Morfan qui lui donne se corps si particulier. Il est bien connu des amateurs du genre pour avoir joué dans la série des films REC, mais aussi dans Crimson Peak ou plus récemment l’Alien dans Alien Convenant.
Motivé par le projet, Botet accepte, alors qu’aucune production n’est encore engagée. Il assure à Mathieu qu’il fera le personnage même si c’est dans 5 ans.
Un tournage bouts de ficelles
Quand on a peu d’argent il faut que tout soit bien préparé, c’est ce que fait Mathieu, surtout concernant la partie post-apocalyptique tournée au Maroc. En effet, l’essentiel de cette partie se déroule dans un Ford-Transit retournée sur le toit. Il l’installe donc sur une plaque tournante permettant ainsi de placer la voiture devant la caméra installée dans un trou, afin d’être à la hauteur des personnages.
La production Marocaine va aussi beaucoup aider le film, proposant des décors déjà à disposition. Que ce soit un convoi de véhicules abandonnés ou la station service du film La colline a des yeux d’Alexandre Aja.
Ces quelques jours de tournages en extérieur sur un plateau élevé ne sont pas de tout repos. D’abord à cause des nombreux scorpions et serpents qu’il faut régulièrement virer de la voiture mais aussi des loges et des tentes.
L’altitude et le manque d’air sont aussi un facteur aggravant surtout pour Javier Botet qui tournait là son premier film en extérieur. Sa santé précaire l’obligeant à prendre régulièrement de l’oxygène dans une ambulance mise à sa disposition.
Mathieu raconte d’ailleurs que Botet ne prenait pas son oxygène pour accentuer son interprétation du monstre.
Le tournage de New York City était moins préparé que celui du Maroc. Mathieu justifie cela en voulant justement garder plus de spontanéité.
Cette fois, nous ne sommes pas sur une mise en scène du suspense d’un film d’horreur, mais bien dans une comédie sentimentale. Les extérieurs, de même que l’appartement seront tournés en petite équipe à Manhattan.
D’après les producteurs, cela revenait moins cher de tourner à New York plutôt qu’au Maroc ou en France.
Enfin, c’est en France que fut tourné la scène de l’appartement de Juliette, puis dans une maison au plus pur style américain, ainsi que la scène de la galerie.
Hostile : Voyage dans le monde
Hostile sera sélectionné dans une trentaine de festivals à travers le monde et obtiendra 18 récompenses.
Le film est sorti en Russie, en Corée du Sud ou encore au Japon où les distributeurs ont carrément spoilé le twist final du film sur l’affiche, car ils ne perçoivent pas le film de la même façon que les spectateurs occidentaux…
Le film a déjà rapporté presque 1 million d’euros à l’international et contre toute attente, a même trouvé un distributeur dans son pays natal. C’est Next Film Distribution qui va tenter de réveiller le public français, qui accueille pourtant souvent le cinéma fantastique étranger avec plus de vigueur que celui proposé par ses cinéastes ou ses producteurs locaux.
Mathieu Turi avec ses producteurs sont de toutes façons sur le prochaine film du jeune réalisateur, intitulé Meander, avec Bérénice Marlone (Skyfall).
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