On vous a déjà parlé d’Hostile, un film de hybride qui confronte deux genres apparemment opposés : l’horreur post-apocalyptique et le drame romantique.
Deux récits en un, montés en parallèle, se répondant jusqu’à un twist final qui peut surprendre ou dégoûter, mais sans doute pas laisser insensible.
Ce film-concept explore jusqu’au bout ses thématiques, parfois trop peut-être…
Hostile : un conte contemporain
Le personnage principal du film est Juliette, une jeune femme à la recherche de vivres dans une désert qui s’avère être la banlieue aujourd’hui désertique de New York.
Essayant de rentrer à son campement avant la fin de la nuit, elle sort de la route et doit y passer la nuit, blessée, alors qu’une créature monstrueuse rôde dans les parages.
Mais, avant ce monde post-apocalyptique, Juliette avait rencontré Jack à New York, dans une galerie exposant le peintre Francis Bacon. Ce riche français l’avait aidé à se débarrasser de ses addictions. On découvre dans le film leur histoire d’amour dans un New York tel qu’on le connaît aujourd’hui, avant que tout ne change.
La thématique de la monstruosité exposée par l’auteur, lors d’une discussion entre les protagonistes pendant l’exposition est l’étincelle qui peut nourrir tous les spectateurs attentifs, ceux qui aiment se poser des questions en visionnant un film.
C’est un des aspects les plus intéressant d’Hostile : dans la partie romance à New York, on peut penser aux contes où un prince charmant sauve une jeune princesse, sauf qu’ici, la princesse ne veut pas être sauvée.
Puis, ce n’est plus une princesse, elle devient une survivante dans un monde hostile (d’où le titre du film). On glisse alors lentement mais sûrement vers des évocations de la Belle et la Bête où la beauté qui se cache derrière la laideur…
Hostile : une héroïne sous influence ?
Certains éléments appellent des références connues, comme le New York ravagé au loin qui évoque La Planète des Singes de 1968.
Le récit et le twist final peuvent quant à eux faire penser aux films de M. Night Shyamalan.
Mais c’est surtout son héroïne forte qui fait écho à des personnages comme Ripley ou encore Sarah Connor.
Lorsqu’on demande à Mathieu Turi, le réalisateur, si sa Juliette est « sa Sarah Connor », il admet humblement que son personnage n’est pas à la hauteur de celui de Cameron, mais il fait un parallèle assez intéressant sur leurs évolutions.
Au début de son histoire, comme Sarah dans le premier Terminator, Juliette est une jeune-fille dont l’univers est chamboulé par l’entrée d’un homme dans sa vie alors qu’elle ne s’y attendait pas. Tout va basculer et elle va devenir malgré elle, une dure à cuire, et va devoir se battre comme Sarah dans Terminator 2.
Ce portrait de femme forte à travers deux histoires est la principale réussite du film. Dans son montage alterné ou les situations de répondent, Turi parvient à nous connecter avec les pensées et les émotions de son personnage.
Un premier film à la mise en scène ambitieuse
Très stylisée mais sobre, la mise en scène s’appuie sur des cadres fixes jouant beaucoup sur les oppositions de lignes, de perspectives et d’horizons.
Si la verticalité de New York peut enfermer les personnages alors qu’ils y sont libres, la platitude du désert deviendra source de claustrophobie, accentuée par les cadres, puisque l’action se passe essentiellement dans une voiture.
Une mise en scène assez ludique donc, qui a au moins le mérite d’exister.
Parmi les détails qui peuvent faire sortir du film, il y a notamment les deux éléments déclencheurs des deux histoires :
- dans la romance, la pluie pousse Juliette à rentrer dans la galerie de Jack
- dans la partie post-apocalyptique, Juliette sort de la route avec sa voiture après avoir essayé de récupérer une photo d’elle et de Jack, qu’un coup de vent a fait s’envoler
Même si ces deux Deus Ex Machina se répondent, dans le présent et le passé, on peut déplorer que le hasard soit juste à l’origine de ces histoires, plutôt que de vrais choix des personnages.
Toujours dans l’idée d’aller jusqu’au bout des genres qu’il explore, Mathieu Turi élabore pour la partie romance, des scènes qui tombent malheureusement dans le cliché avec des dialogues beaucoup trop directs et simplistes, pouvant parfois frôler le ridicule.
Le jeune réalisateur a opté pour le drame plutôt que pour la comédie romantique, même s’il y a quelques tentatives de mixer aussi ces sous-genres. Comme le montre la bande annonce qui, en fait, ne montre que très peu les scènes New Yorkaises, on a de même bien l’impression que le film de SF finit par absorber la romance, malgré la volonté de faire deux films à part égales.
Cette romance, au dénouement fantastique, peut donc apparaître uniquement comme un prétexte à faire un film d’horreur…
Bande-Annonce du film Hostile
Si vous voulez en savoir plus sur les coulisses du film, on vous renvoie à cet article qui explore la création de ce film à petit budget, tourné sur 3 continents.
-
Hostiles BlurayHostiles Blu-ray
-
HostilesHostiles DVD
-
L'avis de Thibault Castan Boissy
Un film français anglais hybridant SF et romance, c'est assez rare pour être vu.
L'histoire au concept original pourra surprendre ceux qui passeront outre les défauts de dialogues pour la partie romantique.