Antoine Patrelle
Difficile de faire une critique d’un film aussi riche, aussi énorme et aussi attendu.
Pourtant c’est avec des étoiles pleins les yeux et des images fortes encore gravées dans ma rétine que je vais m’y atteler.
Avengers Infinity War est un film annoncé depuis le premier Avengers : il réunit quasiment tous les personnages présentés dans les films précédents et se voit comme la première partie d’une conclusion épique dédiée à une saga pour le moins hors-norme au cinéma.
Analyse.
Avengers Infinity War : une structure décomplexée
Voilà le point qui fera sûrement le plus débat en ce qui concerne ce film, sa structure.
Ici les scénaristes ainsi que les réalisateurs Anthony et Joe Russo ont clairement fait le choix de nous présenter une scène finale de 2h30 complètement décomplexée, embrassant totalement une narration »comics » héritée des sagas cosmiques de Jim Starlin et des crossovers massifs dessinés par George Perez.
En soi Infinity War est presque un blockbuster expérimental. Une narration qui ravira les fans de comics qui auront pour le coup le sentiment de voir un vrai comics sur grand écran, mais qui aura plus de mal à convaincre les nostalgiques des premiers Avengers dont le rythme était certes ciselé et maîtrisé, mais dont les enjeux étaient aussi radicalement différents.
Ici le film passe d’une planète à une autre, d’un groupe de personnages à un autre, sans se poser la question de la cohérence. Un rythme qui récompense tout le travail d’introduction des personnages réalisé en amont par Marvel Studios, qui n’a plus besoin de présenter les caractères et les caractéristiques des personnages et qui peut s’offrir le luxe de faire du méchant, le héros principal de ce film-somme.
Thanos : un méchant titanesque
Autant le dire tout de suite, Thanos est une réussite. Annoncé, attendu, même parfois moqué par Marvel himself, l’enjeu était de taille. Et la réussite n’en est que plus importante, une réussite technique tout d’abord (bravo ILM), la performance capture étant parfaite et restituant parfaitement la performance de Josh Brolin tout en gravité et en nuances.
Les graphistes qui ont pondu Steppenwolf peuvent en prendre de la graine.
Une réussite d’écriture aussi en nous offrant un personnage puissant mais aussi tragique et (presque) touchant. Le film a l’intelligence de montrer Thanos comme étant une version jusqu’au boutiste d’un Tony Stark qui aurait alors tout perdu.
Thanos a une vision du monde, une obsession et lui aussi paiera le prix fort pour obtenir ce qu’il veut.
Le film s’ouvre et se termine avec lui, se permet même un flashback déchirant et offre une scène toute droite tirée d’une tragédie grecque, ce qui renforce l’aspect divin du personnage (voir une autre interprétation ici).
Pour une fois on a droit à un méchant qui n’hésite pas à briser plusieurs fois une des règles d’or de Marvel au cinéma : ne pas tuer ses opposants.
Des enjeux conséquents pour la suite ?
Le film pose les bases dès sa première scène : à lui tout seul Thanos assassine tous les asgardiens, exécutant ainsi ce qu’aurait du être le Ragnarok. Le ton est donné.
Durant tout le film, la peur et le danger seront présents et l’on aura peur pour absolument tout les personnages. Le film jouera d’ailleurs brillamment avec les attentes des spectateurs, notamment en ce qui concerne le personnage de Tony Stark à qui les scénaristes choisissent d’infliger une punition pire que la mort : voir son protégé mourir sous ses yeux.
Si les précédents films Marvel abordaient la question du trauma, celle de la culpabilité du survivant pourrait se retrouver au cœur du prochain opus.
La mort de Gamora restera un moment déchirant, de par son caractère inattendu et de par les liens qui l’unissent à Thanos.
Enfin, que dire du final, traumatisant et qui rappelle la scène d’ouverture de l’excellente série The Leftovers : que ces morts soient définitives ou pas, finalement peu importe, les images sont fortes et perturbantes, mention spéciale à la disparition de Peter Parker, déchirante.
Et maintenant ?
Beaucoup de questions restent en suspens avant le prochain épisode et il serait fastidieux de toutes les exposer ici. Néanmoins la promesse d’un quatrième Avengers centré sur les personnages restants, notamment Captain America et Tony Stark, est réjouissante et permettra sûrement d’offrir à ces personnages un joli baroud d’honneur.
Marvel a pris des risques, c’est indéniable, ils ont fait le pari d’éclater la structure traditionnelle de leurs films, de faire souffrir leurs personnages et de proposer une fin pour le moins énigmatique. En un mot : Bravo.
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L'avis de Mr Geek
Malgré quelques incohérences Avengers Infinity War parvient à présenter intelligemment un roaster impressionnant de personnages dans une succession de combats plus impressionnants les uns que les autres.
Largement à la hauteur des attentes qu'il a générées, le film est également le film le plus sombre de tout le MCU et on a hâte de savoir comment se déroulera la suite ...