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Amazon aura bientôt plus de robots que d’humains dans ses entrepôts

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Amazon s’apprête à franchir un seuil symbolique dans la robotisation de ses activités logistiques. Selon l’entreprise, plus d’un million de robots sont aujourd’hui déployés dans ses centres de traitement de commandes, un volume qui approche désormais celui de ses effectifs humains. Cette automatisation progressive, entamée il y a plus de dix ans, redéfinit en profondeur le fonctionnement de ses entrepôts et accélère la productivité sur l’ensemble de son réseau.

Les robots sont omniprésents dans la préparation des commandes Amazon

Les immenses plateformes d’Amazon bruissent de bras mécaniques et de chariots autonomes. Des bras robotisés trient, empilent et conditionnent les produits, pendant que des véhicules à guidage autonome transportent les bacs d’un bout à l’autre des allées.

À Shreveport, en Louisiane, « plus de six douzaines de bras articulés » assurent en continu le tri et la consolidation de millions d’articles. D’autres robots circulent pour charger les camions ou préparer les sacs papier destinés aux clients. « Aujourd’hui, environ 75 % de nos livraisons mondiales bénéficient d’une assistance robotique », a indiqué la direction d’Amazon, soulignant ainsi les gains de productivité permis par cette flotte automatisée.

De nouvelles fonctions pour les salariés

La montée en puissance de ces machines transforme aussi le quotidien des salariés. Les tâches pénibles et répétitives comme la manutention et le tri laissent place à des fonctions plus qualifiées, notamment la supervision et l’entretien des robots.

Neisha Cruz, employée dans un entrepôt Amazon à Windsor, dans le Connecticut, explique : « Je pensais que j’allais porter des charges lourdes et marcher énormément ». Finalement, après formation, elle supervise désormais à distance des robots mobiles, ce qui lui a permis de multiplier son salaire par 2,5.

Cette évolution reflète une stratégie affirmée par Amazon : « Nous avons déjà formé plus de 700 000 collaborateurs à des métiers mieux rémunérés, dont des apprentissages en robotique et en mécatronique », précise l’entreprise.

Vers une réduction progressive des effectifs

Cette automatisation a cependant un impact sur le volume d’emplois. Amazon emploie actuellement 1,56 million de personnes dans le monde, mais le nombre de salariés par entrepôt n’a jamais été aussi bas depuis seize ans, avec en moyenne 670 collaborateurs par site.

Dans le même temps, le nombre de colis traités par salarié a littéralement explosé, passant d’environ 175 par an en 2015 à plus de 3 870 en 2024 selon le Wall Street Journal. Ce bond en productivité alimente une transformation structurelle : « Nos nouveaux sites, notamment ceux conçus pour la livraison le jour même, nécessitent moins de personnel et nous aident à livrer plus vite », a déclaré un porte-parole d’Amazon.

Amazon aura bientôt plus de robots que d’humains dans ses entrepôts #2

L’intelligence artificielle au cœur de la prochaine étape

Amazon ne compte pas s’arrêter là. Andy Jassy, directeur général, a confirmé l’intégration massive de l’intelligence artificielle dans ses entrepôts : « Nous voulons améliorer le placement des stocks, la prévision de la demande et la coordination de nos robots ».

L’entreprise teste aussi des humanoïdes développés par Agility Robotics, dotés de bras, de jambes et d’une tête, capables par exemple de trier des conteneurs de recyclage.

Ces prototypes sont encore en phase de recherche et développement, mais l’objectif est déjà clair : « Les futurs robots devront être capables de réagir à des commandes vocales, comme vider une remorque », explique Yesh Dattatreya, ingénieur chez Amazon Robotics, qui dirige un nouveau laboratoire d’innovation dans la Silicon Valley. Rueben Scriven, analyste chez Interact Analysis, confirme : « Ils sont un pas de plus vers l’intégration totale de la robotique ».

Des inquiétudes sociales persistantes…

Face à cette avancée technologique, certains observateurs restent prudents. Sheheryar Kaoosji, directeur exécutif du Warehouse Worker Resource Center, souligne : « Le rêve d’Amazon est d’obtenir une réduction significative des effectifs dans ses grands entrepôts ». Selon lui, les petits sites sont moins touchés pour le moment, mais pourraient subir le même sort à moyen terme.

Malgré les promesses d’Amazon, qui martèle que ses robots visent à « faciliter la tâche des salariés et non les remplacer », la transition soulève des interrogations sur la place des humains dans la logistique de demain. L’exemple d’Amazon, deuxième employeur privé aux États-Unis, pourrait inspirer d’autres géants de l’industrie et transformer durablement le marché de l’emploi.

Ingénieur ENSAM Paristech et diplômé du MBA de l'ESSEC, Fabien est journaliste Tech & Pop Culture mais aussi Consultant IA et Marketing.