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L'Europe va taxer tous les petits colis en provenance de Shein et Temu

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Commander sur Shein ou Temu pourrait bientôt coûter plus cher. La Commission européenne a présenté, le 20 mai 2025, un projet de taxe forfaitaire sur chaque colis de faible valeur entrant dans l’Union européenne. L’objectif est clair : mieux encadrer les importations massives des plateformes asiatiques et rééquilibrer la concurrence avec les commerçants européens.

Le succès fulgurant de Shein et Temu ne passe plus inaperçu. En 2024, près de 4,6 milliards de colis de moins de 150 euros ont été livrés en Europe, 91 % venant de Chine. Expédiés directement aux particuliers, ces envois échappent souvent aux droits de douane, fragilisant les acteurs européens soumis à des normes fiscales et environnementales plus strictes.

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Des contrôles renforcés pour une concurrence plus « équitable »

Selon Maroš Šefčovič, vice-président de la Commission, cette taxe permettra de financer les contrôles douaniers, devenus indispensables face à l’afflux massif de colis. Elle s’inscrit aussi dans un effort pour corriger une distorsion économique : les commerçants locaux, soumis à la TVA et à des normes rigoureuses, peinent à rivaliser avec des géants bénéficiant d’exonérations fiscales.

Parallèlement, Bruxelles veut supprimer d’ici 2028 l’exonération de TVA sur les colis de moins de 150 euros, renforçant encore cette volonté de régulation.

La France a déjà anticipé cette taxe (pour changer)

La France n’a pas attendu Bruxelles pour agir. En avril, Paris a proposé la création de frais de gestion par colis importé et déposé un projet de loi instaurant une taxe de 5 euros par article commandé sur des plateformes comme Shein ou Temu. L’objectif : freiner la surconsommation de produits à bas coût et soutenir les circuits courts.

En 2023, plus de 800 millions de petits colis ont été réceptionnés en France, illustrant l’ampleur de la dépendance à ces importations.

Un projet plus vaste de réforme douanière

Les géants asiatiques n’ont pas tardé à réagir. Quentin Ruffat, porte-parole de Shein France, a exprimé son inquiétude quant à l’impact sur le pouvoir d’achat : une hausse des prix d’environ 12 euros d’ici 2030 est envisagée pour les consommateurs français.

Shein, dont le modèle repose sur des prix bas et des livraisons directes, redoute que ces mesures n’affectent ses ventes, même si une répercussion partielle des surcoûts sur les clients européens est envisagée.

Au-delà de cette taxe, la Commission prépare une réforme en profondeur du système douanier européen. L’objectif est de le rendre plus efficace, plus digitalisé et mieux adapté aux défis du commerce en ligne. L’abandon progressif des exonérations pour les petits colis est une étape clé, fixée pour 2028.

Ce projet doit encore être validé par les États membres et le Parlement européen. Aucun calendrier précis n’est annoncé, mais l’Europe semble déterminée à reprendre la main sur l’avalanche de colis qui traverse quotidiennement ses frontières.

Pourquoi AliExpress est (pour l’instant) épargné

Contrairement à Shein et Temu, AliExpress est en partie épargné par cette réforme, grâce à son implantation logistique en Europe. Le géant chinois a multiplié ses entrepôts secondaires en Espagne, en Pologne et en France, ce qui lui permet d’expédier une grande partie de ses produits depuis l’intérieur de l’Union européenne. Résultat : ces colis ne sont pas considérés comme des importations directes extra-européennes, échappant ainsi aux contrôles douaniers ciblés par la nouvelle taxe.

L’Europe va taxer tous les petits colis en provenance de Shein et Temu

Cette stratégie d’implantation permet à AliExpress d’offrir des délais de livraison raccourcis tout en limitant l’impact des futures régulations douanières. Cependant, Bruxelles pourrait, à terme, renforcer la surveillance sur ces plateformes pour vérifier que les produits transitant par ces entrepôts respectent bien l’ensemble des normes européennes.

Ingénieur ENSAM Paristech et diplômé du MBA de l'ESSEC, Fabien est journaliste Tech & Pop Culture mais aussi Consultant IA et Marketing.