Mr Geek
La musique fait partie intégrante de notre quotidien : trajets en voiture, séances de sport, moments de détente… Elle nous accompagne partout et, grâce au streaming, il n’a jamais été aussi simple d’accéder à des millions de titres. Pourtant, lorsqu’il est question de qualité d’écoute, le marketing a tendance à exagérer l’importance de formats « ultra-performants ». Voyons ensemble ce qui compte vraiment pour profiter d’un son de qualité et pourquoi la Hi-Res n’est pas forcément indispensable.
Quelques conseils pour améliorer votre qualité d’écoute
Avant même de choisir un service de streaming musical payant, vous pouvez déjà améliorer la qualité d’écoute de vos morceaux préférés en suivant quelques conseils.
On ne s’étendra pas sur des évidences : évitez des écouteurs bas de gamme, privilégiez un casque filaire ou des enceintes de qualité avec un bon rendu des basses et des aigus. Mais au fait pourquoi conseille-t-on un casque filaire ?
Le Bluetooth compresse la musique
Par défaut le Bluetooth dégrade le flux audio pour transmettre le son sans fil. Cette compression entraîne une perte de qualité surtout avec des codecs standards comme SBC.
Si vous tenez à écouter de la musique en Bluetooth, vérifiez que votre casque ou votre enceinte nomade utilise des codecs comme aptX HD, LDAC ou AAC qui réduisent la compression.
Optimisez vos conditions d’écoute sur smartphone
La musique en streaming s’écoute beaucoup en extérieur, mais dès que vous le pouvez connectez votre smartphone en Wi-Fi s’il propose un débit d’au moins 3 Mb/s (la qualité CD consomme environ 1,5 Mb/s). C’est contre-intuitif mais un Wi-Fi avec un faible débit sera plus stable d’une connexion 4G puissante qui pourra par moment tomber très bas, même si vous ne vous déplacez pas.
Fermez les applications dont vous n’avez pas besoin pour libérer de la bande passante pour votre musique (navigateur internet, mails, réseaux sociaux, etc.) car ils ont tendance à télécharger des données en arrière plan, et donc consomment de la bande passante sans que vous vous en rendiez compte.
Enfin si votre service de streaming le permet, téléchargez les morceaux vous écoutez le plus souvent sur votre mobile pour une écoute hors ligne optimale.
Améliorez l’acoustique de la pièce
Pour obtenir une qualité sonore optimale, il est essentiel de bien positionner vos enceintes à la maison. Placez-les de manière à former un triangle équilatéral avec votre position d’écoute, en orientant légèrement les haut-parleurs vers l’intérieur pour une image stéréo précise. Assurez-vous que les tweeters (haut-parleurs d’aigus) sont à hauteur d’oreille lorsque vous êtes assis.
Évitez de placer les enceintes trop près des murs ou dans les coins, car cela peut amplifier excessivement les basses fréquences et créer des résonances indésirables. Idéalement, maintenez une distance d’au moins 50 centimètres entre les enceintes et les parois environnantes.
Les surfaces dures telles que les murs nus, les sols en carrelage ou en parquet, et les grandes fenêtres peuvent réfléchir le son, entraînant des échos et une dégradation de la qualité sonore. Pour atténuer ces réflexions, vous pouvez par exemple placer des tapis épais sur le sol ou des rideaux lourds devant les fenêtres.
Utilisez un DAC externe pour un échantillonnage optimal
Trop peu de personnes utilisent un DAC externe pour écouter de la musique. Un DAC est un convertisseur numérique / analogique qui permet de transformer un fichier en son. Ceux qui sont intégrés dans les smartphones et les ordinateurs (les fameuses cartes son) sont rarement optimisés pour du son haute résolution.
Il existe une vaste gamme de DAC nomades (de 50 à 250€) à brancher sur ports USB/Lightning avec sortie jack. Les modèles adaptés à une installation Hi-Fi sédentaire peuvent quant à eux couter plusieurs milliers d’euros, mais tout mélomane vous confirmera que c’est un élément indispensable à brancher entre votre sortie numérique et votre ampli pour profiter d’un son de qualité.
La vidéo ci-dessous vous permettra d’en savoir plus et de vous guider dans cet achat :
Haute fidélité audio : sur quels critères se concentrer ?
La « haute fidélité » (ou Hi-Fi) vise à restituer un son aussi proche que possible de l’enregistrement original. Là où les formats compressés (MP3, AAC, etc.) éliminent certaines fréquences pour réduire le poids des fichiers, la Hi-Fi préserve la richesse et la profondeur du morceau tel qu’il a été joué par des musiciens et mixé par des ingénieurs du son.
Un enregistrement en studio regorge de détails (harmoniques, nuances vocales, textures d’instruments) qui disparaissent en grande partie lorsque le fichier est trop compressé. À l’inverse, un flux Hi-Fi (souvent appelé qualité CD) restituera fidèlement toutes ces subtilités et vous fera redécouvrir vos morceaux préférés.
Quand on parle de qualité musicale, seuls trois paramètres comptent :
- le débit binaire
- la profondeur de bit
- et la fréquence d’échantillonnage
Le débit binaire est la quantité de données transmises par seconde en kbps (kilobits par seconde) : plus il est élevé, plus le son sera détaillé. La Hi-Fi commence à 1 411 kbps, contre 320 kbps pour les meilleurs MP3
La profondeur de bit représente le niveau de détail et la « dynamique » d’un enregistrement numérique. Si le 24 bits offre une plage dynamique plus large que le 16 bits (qualité CD), dans des conditions normales d’écoute, la différence entre les deux est très peu perceptible.
Enfin la fréquence d’échantillonnage indique combien de fois par seconde le son est analysé. Un fichier en 44,1 kHz (comme un CD) offrira une excellente qualité. Il existe des fréquences supérieures comme 96 et 192 kHz, mais elles sont surtout intéressantes si vous faites du sampling, de l’étalonnage ou que vous remixez un morceau.
Le FLAC, nouveau standard des plateformes de streaming
La plateforme de streaming deezer.com, mais aussi Tidal, Qobuz et nombres de leurs concurrents insistent sur leur utilisation du format FLAC.
Contrairement au format compressé MP3, qui supprime des informations pour réduire la taille des fichiers, le FLAC (Free Lossless Audio Codec) conserve l’intégralité du signal d’origine sans la moindre altération. En pratique, un album en qualité CD de 600 Mo (format WAV) ne pèsera plus que 300 à 400 Mo en FLAC, sans aucune perte de qualité, soit un gain de taille de 30 à 50%.
En utilisant le FLAC, les services de streaming font donc de belles économies en terme de stockage et peuvent plus facilement optimiser la diffusion de millions de morceaux à leurs clients.
Pour l’utilisateur en streaming, l’intérêt économique est moins flagrant. Le FLAC garantit toutefois une qualité audio au moins égale à celle d’un CD (sans compression).
| Débit binaire | Profondeur de bit | Fréquence d’échantillonnage | Commentaire | |
| FLAC Standard (CD) | 700 à 1 100 kbps | 16 bits | 44,1 kHz | Qualité identique au CD, largement suffisante pour la plupart des écoutes. |
| FLAC Studio (Hi-Res) | 2 300 à 4 600 kbps | 24 bits | 96 kHz | Davantage de détails et de dynamique, recommandé pour audiophiles exigeants. |
| FLAC Ultra Hi-Res | 5 000 à 9 000 kbps | 24 bits | 192 kHz | Qualité maximale (mixage, production…), intérêt limité pour l’écoute quotidienne. |
Compressé, Hi-Fi ou Hi-Res : quelle qualité choisir pour le streaming musical ?
Maintenant que vous maitrisez les termes techniques, comment choisir intelligemment votre abonnement premium ?
Le bond qualitatif entre un format compressé (MP3, AAC, etc.) et un format Hi-Fi (16 bits, 44,1 kHz) justifie vraiment de passer sur une offre de streaming payante tant la différence étant flagrante à l’oreille.
On vous invite à comparer vos morceaux acoustiques préférés dans ces 2 qualités pour vous faire votre propre idée. Quasiment tous les services proposent des périodes d’essai gratuites, et si vous êtes étudiant vous pourrez même profiter d’un bon plan Deezer avec 3 mois gratuits (l’abonnement passant ensuite à 5,99€/mois).
En revanche, passer de la qualité Hi-Fi (16 bits / 44,1 kHz) au niveau supérieur Hi-Res (24 bits / 96 kHz ou plus) n’apportera quasiment rien de plus pour une majorité d’abonnés :
- Une profondeur de 24 bits offre théoriquement une plage dynamique de 144 dB. Seulement l’oreille humaine ne perçoit pas la totalité de cette plage dans des environnements standards (voiture, salon, transports en commun)
- Une fréquence d’échantillonnage de 96 kHz ou 192 kHz peut paraître séduisante, sauf que la plage audible culmine à 20 kHz pour l’homme. Les fréquences qui vont au delà sont précisément ce qu’on appelle les ultrasons
- Enfin un débit binaire élevé pourrait certes offrir un meilleur rendu théorique, mais à moins de ralentir la vitesse de lecture en x0,1, vous n’entendrez aucune différence non plus
Plusieurs études ont montré que même dans des conditions optimales, très peu de personnes sont capable de distinguer un fichier 16 bits/44,1 kHz d’un fichier 24 bits/96 kHz.
Attention, on ne dit pas que la très haute fidélité ne sert « à rien », mais juste qu’elle ne présente pas d’intérêt pour 99% des consommateurs. En revanche dans un contexte professionnel comme le mixage ou le mastering en studio, il sera clairement indispensable de se tourner vers ces qualités supérieures. Cela étant on s’écarte des cas d’usage liés au streaming sur abonnement.
Et si vous choisissiez un service de streaming musical plus équitable ?
En préparant ce dossier on est arrivés à la conviction que le HiFi suffit et que le passage à une offre Hi-Res ne présente pas d’avantage significatif en dehors d’un usage pro.
Le choix d’une plateforme ou d’une autre, les prix étant quasi équivalent devrait donc principalement se faire sur la profondeur du catalogue disponible en fonction de vos gouts.
Il y a pourtant une autre différence importante qui nous a sauté aux yeux quand on est passé sur The Backstage, le blog de Deezer : et si on pouvait aussi contribuer positivement au soutien des musiciens (et en particulier des français) à travers un modèle plus équitable ?
On a en effet découvert que Deezer avait adopté un nouveau modèle de rémunération (ACPS) visant une plus grande équité pour les artistes. Dans ce modèle, l’engagement réel des fans est valorisé en terme de rémunération puisqu’il prend en compte les recherches, les ajouts en favoris, les partages de playlists, etc.
De plus, les artistes avec plus de 1000 écoutes par mois par au moins 500 auditeurs sont mis en avant indépendamment des algorithmes de découverte basés sur l’historique d’écoute des abonnés. Ce mécanisme devrait permettre de faire émerger plus efficacement de petites pépites musicales encore peu connues.
On ne peut que saluer ces initiatives originales qui permettent à la fois de mieux rémunérer les artistes et d’échapper un peu à des algorithmes qui favorisent plutôt les artistes déjà établis.
