C’est donc finalement arrivé. L’équipe de chirurgiens menée par Sergio Canavero et Xiaoping Ren a transplanté la tête d’un donneur sur le corps d’un receveur. Précisons toutefois que les deux « patients » étaient tous les deux décédés au moment de l’intervention…
Une répétition générale
« La première greffe de tête humaine a été réalisée » c’est en ces termes que s’est exprimé le neurochirurgien Sergio Canavera lors d’une conférence de presse à Vienne le 17 novembre dernier. Celui que beaucoup de médecins et scientifiques considèrent comme un Dr Frankenstein des temps modernes précise que l’opération a duré 18 heures, qu’elle a été « une grande réussite » et ce en dépit du fait qu’elle a été pratiquée sur deux cadavres. L’objectif ? Tester l’anastomose cephalosomatique, comprenez l’opération permettant de raccorder une tête à un corps, en conditions réelles. La communauté scientifique ne partage pas l’enthousiasme de Sergio Canavera et dénonce notamment une opération douteuse où les problèmes de pertes de sang n’ont pas été traités du fait qu’il s’agissait de patients décédés. A cela le neurochirurgien italien a rétorqué que « cela ajouterait du temps à l’opération ».
L’expérience interdite
Âmes sensibles s’abstenir ! Pour réaliser l’anastomose cephalosomatique, il a fallu réunir plusieurs spécialités médicales autour des deux donneurs d’organes. L’opération a nécessité en effet de reconnecter les vaisseaux, les nerfs et la moelle épinière mais aussi la trachée et l’œsophage. Les muscles ont également dû être suturés et la peau recousue. Pour maintenir bien en place la tête du donneur A sur le corps décapité du donneur B une plaque en titane aura été nécessaire, maintenue au moyen de vis placés sur la colonne vertébrale. En plus de soulever de lourdes questions éthiques, l’expérience dangereuse n’a pas répondu à la question la plus importante : la fusion des moelles épinières est-elle efficace ? Précédemment, Sergio Canavero avait raccordé les moelles épinières de rats avec du polyéthylène glycol.
Un espoir pour les maladies neuromusculaires ?
Offrir une option thérapeutique pour un certain groupe de maladies neuromusculaires, c’est le grand argument avancé par Sergio Canavera pour justifier cette opération que beaucoup de professionnels de la santé considèrent comme contre-nature. Comme vous nous l’expliquions dans un précédent article, un patient russe du nom de Valery Spiridonov, atteint d’une maladie neuromusculaire incurable, s’était dit prêt à subir l’opération. Inutile de préciser que le jeune homme n’a aucune garantie de survivre à l’intervention, que les risques de rejets sont omniprésents, que les complications seront au rendez-vous et que le chemin vers une rééducation complète semble relever de la science-fiction. Peut-on alors vraiment parler d’avancée scientifique ?
Précisons que le bon docteur a répété son protocole de greffe sur d’autres animaux et a notamment obtenu plusieurs rats à deux têtes qui ont vécu en moyenne 36 heures. Brigitte, si tu nous lis…