Antoine Patrelle
Alors que sa femme Marsha Cooke nous annonçait seulement hier que son mari venait de rentrer en traitement intensif en raison d’un cancer particulièrement agressif, on apprend ce matin le décès de Darwyn Cooke, une légende du comics.
J’ai découvert l’oeuvre de Darwyn Cooke un peu par hasard, j’avais emprunté tous un tas de comics sans savoir que l’un d’eux cachait un véritable chef d’oeuvre qui allait devenir mon comics préféré, et de loin : The new frontier.
Ce comics est très particulier, car il mêle les personnages de la Justice League à tout l’imaginaire des années 50, entre la guerre froide et la peur d’une invasion extraterrestre.
Darwyn Cooke : un génie de la narration
J’ai aussi découvert ainsi une esthétique très particulière, délicieusement rétro, une écriture et une intégration des super-héros dans l’imaginaire collectif de l’époque très réussie§.
Mais ce qui m’a marqué c’est surtout une narration hallucinante de fluidité et de compréhension du médium de la bande dessinée.
Jamais je n’avais autant compris l’importance de ce que l’on ne montre pas entre deux cases.
Les premiers pas dans l’animation
La carrière de Darwyn Cooke commence réellement avec l’animation en collaboration avec Bruce Timm sur les mythiques séries Batman the animated series et Superman the animated series.
Deux séries déjà très inspirées par l’esthétique du studio d’animation Fleischer, créateur entre autre de Betty Boop, personnage qui aurait parfaitement trouvée sa place dans un comics dessiné par Darwyn Cooke.
C’est peut-être de cette expérience de l’animation que vient cette science du découpage. En tout cas cela lui permet de proposer Batman Ego à DC Comics dont l’aspect visuel radical lui permettra ensuite de dessiner par intermittence pour Marvel et DC Comics.
Une suite de grands titres
En 2001, en collaboration avec Ed Brubacker, il donne une nouvelle vision de Catwoman. Allié au style très film noir du scénario d’Ed Brubacker, l’esthétique de Cooke fait merveille.
Ce succès lui permettra de proposer sa version des super-héros de DC Comics avec The New Frontier, un chef d’oeuvre total déjà évoqué dans cet article.
DU rétro et des icônes
Par la suite Cooke prendra en charge des séries, qui certes ont un style rétro, mais surtout ont une grande place dans l’histoire de la bande dessinée américaine.
Car il serait trop simple de réduire le style de Cooke à un simple gimmick visuel et gratuit. Comme avec The New Frontier, Cooke interroge sur la place de ces icônes dans l’histoire. Il ne parle pas que du passé, il le questionne et le soumet à une esthétique en vérité très moderne.
Il n’est pas donc surprenant de le voir dessiner The spirit, héros fétiche de Will Eisner, véritable génie du comics, qui a énormément fait avancer ce médium.
Et que dire de son travail sur Before Watchmen, autre retour sur une autre oeuvre fondamentale d’écriture et de narration, Watchmen d’Alan Moore et Dave Gibbons.
chAPEAU L’artiste
Les travaux de Darwyn Cooke se feront ensuite de plus en plus rares.
Aujourd’hui un très grand monsieur nous as quitté, le genre d’artiste qui en inspirera encore des dizaines d’autres comme lui a su sublimer le travail de ses idoles.
Bravo à toi l’artiste, je t’ai découvert tardivement, trop peut-être, mais tu occuperas une place particulière dans mon esprit et mon imaginaire peuplée de tes dessins.
