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Meta débauche le responsable IA d'Apple pour 200  millions de dollars

Meta n’en finit plus de piocher dans les rangs de ses rivaux pour nourrir ses ambitions en intelligence artificielle. Dernier coup de filet en date : Ruoming Pang, ingénieur star chez Apple, spécialisé dans les modèles fondamentaux d’IA, aurait accepté une offre hallucinante de plus de 200 millions de dollars pour rejoindre l’équipe « superintelligence » de Meta.

  • Meta recrute massivement dans l’IA en offrant des rémunérations très élevées.
  • Le départ de talents comme Pang pourrait fragiliser Apple dans la course à l’IA.
  • Meta vise à créer une superintelligence pour surpasser ses concurrents rapidement.
  • Les stratégies salariales ambitieuses soulèvent des questions sur leur durabilité et leur efficacité.

Cet ingénieur Apple sera payé mieux que Tim Cook

La somme annoncée fait tourner les têtes : 200 millions, soit plus que la rémunération annuelle de Tim Cook lui-même, estimée à 63,2 millions de dollars pour l’année 2023.

Le contrat proposé à Pang comprend :

  • une base fixe
  • un bonus de signature
  • et surtout un important volume d’actions Meta

Ces éléments de rémunération sont conditionnées à sa performance et à sa fidélité sur le long terme. En d’autres termes, la majorité de la somme n’est pas garantie mais repose sur des objectifs internes et la valorisation future du groupe.

Ce type de rémunération, à la fois ultra-agressif et très conditionnel, est devenu un standard dans la Silicon Valley pour capter les cerveaux les plus courtisés du moment : les experts en IA générative. Mais il marque ici un tournant.

Selon les sources de Bloomberg, « du strict point de vue des chiffres, les membres de l’équipe Superintelligence de Meta touchent plus que la majorité des PDG des grandes banques américaines ».

Meta veut passer le turbo sur l’IA

Mark Zuckerberg ne cache plus ses ambitions. Déçu par la lenteur des avancées internes de Meta sur les grands modèles de langage, il a lancé une campagne de recrutement tous azimuts.

En juin, Meta aurait approché ou embauché des ingénieurs provenant d’OpenAI, Anthropic, DeepMind, Google ou encore GitHub Copilot. Le but ? Construire une équipe dédiée à la création d’une « superintelligence ouverte », une sorte de GPT-5 boosté et sécurisé, mais sous pavillon Meta.

Dans un post interne relayé par The Wall Street Journal, Zuckerberg parle d’un projet « fondamentalement transformateur » pour l’entreprise. Meta mise tout sur cette vision à long terme, quitte à griller quelques ponts avec ses anciens partenaires ou à provoquer un malaise chez ses propres équipes, qui voient ces embauches pharaoniques comme des traitements à deux vitesses.

Une fuite des cerveaux qui fragilise Apple ?

Le départ de Ruoming Pang n’est pas un cas isolé. Apple semble peiner à conserver ses profils les plus avancés en IA. Contrairement à ses concurrents, la firme à la pomme reste discrète sur ses ambitions dans le domaine. Alors qu’Apple Intelligence a été timidement présenté lors de la WWDC 2025, son approche reste résolument « on-device », à l’opposé des modèles cloud massifs poussés par Meta ou OpenAI.

Or cette posture technologique prudente pourrait coûter cher en rétention de talents. L’entreprise dirigée par Tim Cook refuse, comme dans le cas Pang, d’entrer dans une surenchère salariale. Une stratégie qui se comprend financièrement, mais qui risque à terme de placer Apple en retrait dans la course mondiale à l’IA générative.

Embaucher des génies suffit-il à rattraper son retard ?

Si la stratégie de Meta impressionne par ses moyens, elle soulève plusieurs questions. D’abord, celle de la viabilité de telles rémunérations : que se passe-t-il si les promesses technologiques ne sont pas tenues ? Que vaut un package à 200 millions si le cours de Meta chute ? Et que dire de la pression exercée sur les nouveaux venus, payés comme des PDG mais attendus comme des prophètes de l’IA ?

Ensuite, la précipitation de Zuckerberg à combler son retard face à OpenAI ou Google Gemini pourrait conduire à des dérives organisationnelles. Embaucher les meilleurs ne garantit pas de créer une équipe cohérente, encore moins une culture d’innovation durable…

Ingénieur ENSAM Paristech et diplômé du MBA de l'ESSEC, Fabien est journaliste Tech & Pop Culture mais aussi Consultant IA et Marketing.