Ce nouveau film français est en train de faire un démarrage calamiteux avec à peine 7 984 entrées comptabilisées le jour de sa sortie et une moyenne famélique de 6 spectateurs par séance. Un chiffre qui interpelle, d’autant que le film a mobilisé un budget de 17 millions d’euros, dont 3 millions issus du service public et 630 000 euros accordés par la région Île-de-France.
Cinq ans après le succès critique de Tout simplement noir, qui lui avait valu le César du Meilleur Espoir Masculin, Jean-Pascal Zadi peine cette fois à convaincre le public avec cette nouvelle proposition.
Présentée comme une comédie spatiale à tonalité satirique, l’intrigue imagine un futur où une partie de la population française serait envoyée dans l’espace pour fuir une planète devenue inhabitable. Une idée ambitieuse qui mêle science-fiction et commentaire social, mais qui semble n’avoir trouvé que peu d’écho.
Les critiques s’accordent à souligner une écriture inégale et des tentatives humoristiques mal maîtrisées. Certains spectateurs évoquent même un malaise face à un humour jugé trop lourd, bien loin de l’élégance comique et de la finesse engagée de son précédent film. Malgré l’investissement massif et un casting solide, la mayonnaise ne prend pas et le public boude visiblement les salles obscures.
La date de sortie a sans doute amplifié les difficultés de ce lancement. Face à un mastodonte comme F1, emmené par Brad Pitt, qui a dépassé les 150 000 entrées dès le premier jour, Le Grand Déplacement n’a pas pu capter l’attention, écrasé par la communication massive et le prestige de la concurrence.
Même les films familiaux ou les blockbusters d’animation parviennent à mieux résister, laissant la comédie spatiale de Zadi en retrait dès son lancement. Cela interroge sur la stratégie de distribution et la capacité d’une telle œuvre à se frayer un chemin entre des productions beaucoup plus consensuelles.
Un film qui a couté cher
Le financement public consacré au projet suscite déjà la polémique. France Télévisions, à travers une enveloppe de 3 millions d’euros, et la région Île-de-France avec 630 000 euros ont permis à l’équipe de viser des ambitions visuelles et techniques élevées, notamment en matière de décors spatiaux.
Pourtant, la faible affluence soulève la question de la pertinence d’un tel soutien, surtout dans un contexte où la rentabilité et l’exposition des films subventionnés sont de plus en plus scrutées. La polémique pourrait enfler autour de la gestion des deniers publics, alimentée par l’impression d’un gouffre financier annoncé.
Jean-Pascal Zadi se retrouve donc dans une situation délicate. Alors qu’il avait réussi à fédérer un large public autour de son humour engagé et de ses réflexions sur l’identité avec Tout simplement noir, il se heurte aujourd’hui à l’incompréhension d’une partie du public et à une presse assez sévère.
Quelques critiques saluent tout de même une démarche audacieuse, notamment sur la question de l’exil climatique et des fractures sociales, mais déplorent un traitement trop désordonné et une narration trop fragile pour convaincre.
Le distributeur espère malgré tout un effet bouche-à-oreille capable de sauver l’exploitation, mais la moyenne de fréquentation extrêmement basse laisse peu de marge. Si le film ne parvient pas à redresser la barre dès les prochains jours, il pourrait devenir l’un des plus gros échecs de l’année pour le cinéma français.
Le grand déplacement
- 25 juin 2025 (1h23)
- De Jean-Pascal Zadi
- Avec Jean-Pascal Zadi, Reda Kateb, Fary Lopes, Djimo, Claudia Tagbo, Fadily Camara, Déborah Lukumuena, Jean-Claude Muaka, Aissatou Diallo Sagna, Eric Judor