Les réseaux sociaux continuent de gagner du terrain chez les enfants. Selon le rapport Born Social, près de 75% des moins de 13 ans utiliseraient régulièrement ces plateformes. Une proportion étonnamment élevée, qui alimente l’inquiétude des parents et des professionnels de santé. Les adolescents ne sont plus les seuls concernés : la génération Alpha grandit avec TikTok, Instagram ou encore Snapchat comme compagnons de tous les jours.Alors que l’usage numérique se banalise dès la fin de l’école primaire, les chercheurs alertent sur les conséquences psychologiques possibles. La question n’est plus seulement celle de l’exposition à des contenus inadaptés, mais bien celle d’un impact structurel sur la santé mentale.
- Les enfants passent de plus en plus de temps sur les réseaux sociaux, surtout après la fin de l’école primaire.
- Une étude montre une augmentation du temps en ligne et des symptômes dépressifs chez les jeunes entre 2019 et 2022.
- Les signaux d’alerte sont aussi présents en France, avec une hausse des troubles dépressifs chez les jeunes adultes.
- Certaines plateformes limitent l’usage pour répondre à ces préoccupations, mais leur efficacité reste limitée sans intervention familiale et scolaire.
Une augmentation alarmante du temps passé en ligne et du nombre d’enfants dépressifs
C’est ce que montre une étude majeure publiée en mars 2024 par le JAMA Network Open, revue scientifique de référence. Réalisée par les chercheurs Jason M. Nagata, Christopher D. Otmar et Joan Shim, cette analyse longitudinale a suivi plus de 11 800 enfants âgés de 9 à 13 ans aux États-Unis sur trois ans.
Les résultats sont sans appel : le temps passé chaque jour sur les réseaux sociaux est passé de 7 minutes en 2019 à 73 minutes en 2022. Une multiplication par dix, qui témoigne d’une accélération des usages numériques post-COVID. Selon les chercheurs, cette surexposition s’accompagne d’une augmentation de 35% des symptômes dépressifs déclarés chez les participants.
Le docteur Jason M. Nagata, chercheur principal de l’étude, se garde toutefois de conclure à une relation de causalité directe. Dans la publication originale, il explique que l’étude établit une corrélation, mais qu’il reste difficile de savoir si les réseaux sociaux sont à l’origine de la dépression, s’ils l’accentuent, ou si les jeunes déjà vulnérables y ont simplement plus recours.« Nous ne pouvons pas affirmer que les réseaux sociaux causent la dépression, mais leur usage excessif semble lié à une détérioration de la santé mentale », indique le chercheur.
Des chiffres qui confirment une tendance en France
Le phénomène n’est pas cantonné aux États-Unis. En France, les signaux d’alerte se multiplient également. Santé publique France a observé une hausse préoccupante des troubles dépressifs chez les jeunes adultes : entre 2017 et 2021, la proportion de 18-24 ans déclarant un épisode dépressif a presque doublé, passant de 11,7% à 20,8%.
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) avait déjà tiré la sonnette d’alarme en 2020, signalant qu’un jeune sur cinq présentait des symptômes évocateurs de dépression durant la pandémie. Ces chiffres viennent renforcer l’idée que les jeunes générations sont exposées à une vulnérabilité psychique croissante, possiblement amplifiée par les usages numériques intensifs.
Les géants du numérique se défendent… et s’adaptent
Face à ces signaux alarmants, certaines plateformes tentent de réagir. Meta, la maison-mère d’Instagram et Facebook, a mis en place depuis 2023 un mode « adolescents » qui limite certaines fonctionnalités, et utilise l’intelligence artificielle pour repérer les utilisateurs mineurs qui se feraient passer pour des adultes. TikTok a aussi instauré une limite quotidienne de 60 minutes d’utilisation pour les moins de 18 ans, bien qu’il soit facile de la contourner.
Ces mesures restent largement symboliques selon les experts. Tant que l’usage reste massif, la prévention ne peut se faire sans une implication active des familles, des écoles et des autorités de santé.
Vers un encadrement plus strict de l’accès des mineurs ?
Plusieurs gouvernements envisagent d’imposer des règles plus strictes sur l’accès des jeunes aux plateformes sociales. Aux États-Unis, certains États comme l’Utah ou l’Arkansas ont déjà voté des lois imposant le consentement parental pour créer un compte avant 18 ans. En France, le projet de loi sur l’encadrement de l’influence numérique, discuté en 2024, inclut également des dispositions sur la vérification d’âge.
Mais les débats restent vifs : où placer le curseur entre liberté d’expression, responsabilité parentale et protection de la jeunesse ? L’équilibre s’annonce délicat, dans un monde où la frontière entre vie réelle et vie numérique devient de plus en plus floue.
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