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Critique Sale Temps à l'Hôtel El Royale : un Cluedo Tarantinesque

Le nom de Drew Goddard ne vous dira probablement rien. Ce scénariste émérite d’Hollywood a pourtant travaillé sur des séries de renom telles que Lost, Alias ou encore Buffy contre les vampires. Il a également créé la série Marvel’s Daredevil avant de se tourner vers le cinéma de genre (Cloverfield et Seul Sur Mars pour lequel il a été nommé à l’Oscar du meilleur scénario).

Enfin, il est également passé une première fois derrière la caméra en 2011 avec le très malin La Cabane dans les bois, dans lequel il bousculait les codes et archétypes du film d’horreur/slasher.

Critique Sale Temps à l’Hôtel El Royale : un Cluedo Tarantinesque

Fort de ce succès, il aura tout de même fallu attendre 8 ans (et beaucoup de déconvenues) avant que Drew Goddard puisse de nouveau réitérer l’essai en tant que réalisateur avec Sale Temps à l’Hotel El Royale, film pour lequel il officie également en tant que scénariste et co-producteur.

Avec un casting éclectique super alléchant (Jeff Bridges, Cynthia Erivo, Dakota Johnson, Chris Hemsworth ou encore Jon Hamm) et une première bande annonce énigmatique et déjantée, notre curiosité était on ne peut plus aiguisée.

Critique Sale Temps à l’Hôtel El Royale : un Cluedo Tarantinesque #2

Alors Drew a-t-il transformé l’essai avec son deuxième film ? Réponse dans cet article !

Agatha Christie sous influence Tarantino

Nul doute que filmer les faux semblants passionne Drew Goddard avec une intrigue dont les prémices pourraient très bien avoir été écrits par Agatha Christie :

Sept étrangers, chacun avec un secret à planquer, se retrouvent au El Royale sur les rives du lac Tahoe, un hôtel miteux au lourd passé.

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On pense évidemment aux 10 petits nègres ou à d’autres films comme le sous estimé Identity et Drew Goddard n’hésite pas à utiliser tous les ressors »classiques » utilisés dans les œuvres sus-nommées pour constamment manipuler et piéger le spectateur : narration chapitrée, points de vues multiples, flash-backs… Les effets sont classiques mais toujours efficaces et le scénario a la décence de ne jamais prendre le spectateur par la main pour sur-expliquer ses »twists ».

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Pour autant, il serait dommage de réduire Sale Temps à l’Hotel El Royale à son intrigue à tiroirs. Drew Goddard a un vrai talent de metteur en scène et tire toujours profit de l’aspect »voyeuriste » propre à l’histoire (comme il le faisait déjà dans La Cabane dans les Bois). Il offre alors au spectateur un cadre idéal et ludique dans lequel ce dernier peut s’amuser à chercher et à déceler les nombreux indices qui pourraient résoudre l’énigme.

En résulte une ambiance fun et décalée, renforcée par la photographie très pop et pulp de Seamus McGarve, et une violence esthétisée qui n’est pas sans rappeler les meilleurs Tarantino (notamment Les Huit Salopards pour sa gestion du huis clos).

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Mais même dans les scènes les plus décalées (où l’on sent l’ombre de l’ami Quentin planer), Drew Goddard, choisit toujours de rappeler le réel (aussi sombre et glauque soit-il) plutôt que de sombrer dans un bain de sang fun et exutoire. Et c’est très certainement grâce à cette capacité à interroger le réel via le prisme du thriller que le film devient le plus passionnant.

Make America gore again

Il ne faut pas s’y tromper : au delà de son aspect cool et déjanté, El Royale dresse une critique acerbe de l’Amérique contemporaine. Si l’intrigue se déroule en 1969, les problématiques soulevées dans le film sont malheureusement très actuelles.

Il est question de racisme, de lutte des classes, d’un rêve américain qui semble illusoire et inaccessible. Autant de maux que Drew Goddard interroge. Ils les replace dans un contexte politique où tout semblait encore possible (on est à l’aube de la contre-culture hippie et de la »victoire » du mouvement des droits civiques) comme pour mieux souligner le fait que l’Amérique doit toujours faire face à ses éternels démons…

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Du décor de l’hôtel construit à cheval sur deux états (et dont une ligne vient littéralement marquer la frontière) au portrait d’une artiste dont la carrière a été enterrée car elle refusait de coucher avec son producteur, nombreuses sont les références et attaques au gouvernement Trump et à l’Hollywood pré-affaire Weinstein.

Exposer au grand jour le mal qui ronge l’Amérique (et la société contemporaine en général) peut avoir un effet électrochoc. Cela témoigne en tous les cas d’une lucidité qu’on ne voit pas si souvent dans le cinéma d’exploitation hollywoodien. Et rien que pour ça, on tire notre coup de chapeau à Drew Goddard.

Sale temps à l’hôtel El Royale sortira en salles le 7 novembre et c’est assurément un film que vous ne devez pas manquer

Bande annonce Sale Temps à l’Hotêl El Royale

Note de la rédac 3
  • L'avis d'Antoine Rousseau

    En apparence cool et décomplexé, ce thriller intelligent et violent pose un regard impitoyable et amer sur une Amérique incapable de faire face à ses vieux démons. Mais le film offre également au spectateur un film à énigme ludique, servi par un casting aux petits oignons.

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  • L'avis de La rédaction

    Avec son sujet hautement excitant, Sale temps à l'hôtel El Royal avait tout pour être un pur plaisir de cinéma. Hélas, le film est un désastre.

    C'est simple, dans sa mise en scène et dans son scénario Drew Goddard ne propose absolument rien. Le film est d'un vide sidéral saisissant, ou les acteurs ne font que cabotiner, en particulier Chris Hemsworth en roue libre.

    Un supplice, d'autant que le film dure plus de deux heures. Sale temps à l'hôtel El Royale ne fait qu’aligner des clichés et ne joue jamais avec la mythologie de son sujet. L'un des pires films de l'année 2018.

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Sale temps à l'hôtel El Royale

  • 07 novembre 2018 (2h21)
  • Titre original Bad Times at the El Royale
  • De Drew Goddard
  • Avec Alvina August, Jon Hamm, William B. Davis, Tally Rodin, Shea Whigham, Rebecca Toolan, Nick Offerman, Mark O'Brien, Manny Jacinto, London Morrison

Antoine Rousseau

Webmaster, et diplômé d'un Master en Communication interculturelle. Passionné par le cinéma, les nouvelles technologies et l'économie collaborative. Geek à ses heures perdues!