Critique Golem, le tueur de Londres : méfiez vous des apparences...

  • Par Antoine Rousseau
  • Publié le 18 février 2018 à 16:04, modifié le 19 avril 2022 à 10:22

On le sait tous, le cheminement d’un film jusqu’aux salles obscures ressemble à un parcours du combattant cruel et semé d’embûches.

A l’heure des Netflix et Amazon Prime, rien ne garantit à un réalisateur la case grand écran pour son film. On pourrait penser que tous les films Direct DVD sentent le nanar à plein nez, aucun distributeur n’ayant voulu parier un copec, et si nombres de Direct To Video sont à ranger dans cette catégorie, il existe néanmoins certaines œuvres dont l’absence de sortie au cinéma relève carrément de l’injustice.

C’est le cas de Golem, le tueur de Londres dont on va vous parler aujourd’hui.

Critique Golem, le tueur de Londres : méfiez vous des apparences...

Golem : un lointain cousin de Jack L’éventreur

Disponible dans nos contrée depuis janvier, Golem prend place à Londres en 1880.
Face à une série de meurtres particulièrement glauques dans les bas quartiers de Limehouse, Scotland Yard, qui n’a pas l’once d’une piste, envoie au casse pipe l’inspecteur Kildare (génial Bill Nighy) pour mener l’enquête.

Parallèlement, Lizzie, une jeune actrice (Olivia Cooke) est accusée d’avoir empoisonné son mari et est par conséquent condamnée à mort par pendaison.

Kildare qui ne tarde pas à déceler d’étranges liens entre les deux affaires va tout mettre en oeuvre pour remonter la piste du tueur et ainsi peut être sauver Lizzie de l’exécution.

Critique Golem, le tueur de Londres : méfiez vous des apparences... #2

Inutile de dire qu’avec un tel pitch, toute allusion à un certain Jack l’éventreur est tout sauf fortuite. Le point de départ de l’intrigue, ainsi que la (très belle) direction artistique font immédiatement penser au From Hell des frères Hugues avec Johnny Depp (la photo saturée en moins) et dans une moindre mesure au téléfilm Jack L’éventreur réalisé en 1988 avec Michael Caine.

Juan Carlos Medina choisit de faire évoluer son personnage dans un univers mal famé, nocturne et embrumé. Bref tout est fait pour nous rappeler à ce bon vieux Jack.
Par ailleurs, le réalisateur sait instaurer une véritable ambiance lugubre et au final, sa reconstitution du Londres victorien parait d’autant plus impressionnante quand on sait qu’elle a été entièrement réalisée dans une usine de la première révolution industrielle dans le Yorkshire avec un tournage de seulement 42 jours.
Comme quoi, même avec un budget serré, on peut faire des merveilles (prends en de la graine Justice League).

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Une critique virulente de notre époque !

Cependant, le récit s’affranchit assez vite de l’aspect enquête pour se concentrer sur le parcours du personnage de Lizzie, raconté à la manière de différents flashbacks.
Si l’abandon progressif du thriller peut dérouter dans un premier temps, on est assez vite passionnés par cette histoire de course à la célébrité, parsemée de trahisons et faux semblants.
On ne rentrera pas plus dans les détails pour ne pas vous gâcher les différentes surprises et twists du scénario, mais on se contentera seulement de dire que sous ces airs de films policier d’époque, le réalisateur dresse une critique acerbe du monde du spectacle qui fait bien évidemment écho à notre époque.

Si le casting est de haute tenue, c’est Olivia Cooke qui s’impose comme LA révélation du film. Elle livre ici une prestation toute en nuance, mélangeant la grâce et l’innocence avec quelque chose de plus dérangeant : son visage angélique dégage une noirceur qui n’est pas sans rappeler le grain de folie de Christina Ricci.

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Alors oui, la résolution de l’enquête pourra en décevoir certains (tout ceux qui ont vu un épisode de Columbo devineront assez vite qui est coupable). On pourra même reprocher au film (ou ses publicitaires ?) de nous vendre une oeuvre qui n’a rien à voir avec le produit fini.

Cependant, les questionnements abordés par Juan Carlos Medina, ainsi que la narration très maline (basée encore une fois sur les différents points de vue et faux semblants) font de Golem un film beau et riche qui mérite plus qu’une simple sortie dans les bacs de la FNAC.

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Bande annonce de Golem, le tueur de Londres

Avis de la rédaction sur Golem, le tueur de Londres   4 / 5